Elle a fait souffler plus de peur que de mal sur le pays... En effet, la tempête tropicale Eleanor, qui a tenu le pays en haleine du mardi 20 au jeudi 22 février – les alertes 1, 2 et 3 ayant été déclenchées –, s’en est allée sans avoir, heureusement, occasionné de gros dégâts dans l’île. Et dès la levée de l’alerte 3, dans l’après-midi de jeudi dernier, les Mauriciens ont repris leurs activités en se disant soulagés que le cyclone ne se soit pas aventuré plus près de nos côtes et n'ait pas impacté davantage le temps.
Et ce vendredi 23 février, dans l’est du pays, où Eleanor est passée à son point le plus proche, soit à environ 65 km de Belle-Mare aux alentours de 12h30, la vie avait repris son cours normal quelques heures après que la tempête tropicale avait fait planer un vent de crainte sur les habitants qui avaient peur que le système provoque de gros dommages. «Le beau temps est revenu à Flacq et il fait très chaud. Certains habitants nettoient devant leur cour et, visiblement, les arbres affichent aussi les séquelles des rafales d’Eleanor», nous a confié Gregory Batterie en ce vendredi. Par contre, la veille, le climat dans la région était tout autre. C’est ce que nous raconte Vaibhav Jeeta Jitmanyu, un habitant de La Porte Providence, Poste-de-Flacq. «Le cyclone, selon les observations météorologique, semblait être un système assez puissant. Il faut se dire que c’est une chance qu’il ne soit passé qu’à côté de nous. Ce jeudi matin, de fortes rafales soufflaient et il y avait aussi de fortes averses. C’était vraiment effrayant. J’ai même pensé qu’il y aurait eu une panne de courant dans la région, de même que de gros dégâts», nous confie le jeune homme qui, comme de nombreux Mauriciens, a passé cette journée en espérant que rien de grave ne se produise. «J'ai passé la journée devant une bonne série sur Netflix, en dégustant un bon thé et des gâteaux», conclut le jeune homme. Si Eleanor n’a pas provoqué de grands chamboulements, les services d’urgence ont toutefois eu fort à faire sur le terrain.
«Un système intéressant»
Ainsi, les pompiers ont été sollicités pour quelques interventions, tout comme les hommes de la Special Mobile Force (SMF), notamment pour transporter des patients en urgence à l’hôpital pour des soins, entre autres, sans oublier leurs implications dans les opérations pour déblayer les routes d’obstacles créés par les chutes d’arbres et autres débris.
Ce qu’il faut aussi retenir du passage d’Eleanor, qui, après Belal et Candice, vient affecter davantage le travail des agriculteurs, et par conséquent affecter le prix des légumes, ce sont des rafales de l’ordre de 112 km/h au Champ de Mars, de 106 km/h à Quatre-Soeurs et de 90 km/h à Bell-Village. Les cumuls de pluies sont comme suit : Rose-Belle - 154 mm, Grand-Bassin - 155 mm, Quatre-Soeurs - 83 mm, Mare-aux-Vacoas - 92 mm et Plaisance - 81 mm. «Après Belal en janvier, Eleanor est le deuxième système à impacter Maurice de manière significative, même si les effets se sont limités à la moitié est du pays. Nous avons échappé au pire quand Eleanor a décidé de redescendre plein sud pour frôler la côte est de l’île à environ 65 km», explique Vishal Kawal, qui gère la page Mauritius Cyclone Updates sur Facebook. «Eleanor fut un système intéressant pour moi. Ce n'est que le quatrième système à se former au nord-est de Madagascar et à faire une courbe pour passer entre Maurice et Rodrigues sur ces derniers 25 ans. Il y a eu Guillaume, Gelane et Enok. C’était donc très intéressant à suivre du point de vue d’un passionné», poursuit Vishal Kawal qui explique aussi pourquoi l’alerte 2 durant la journée du mercredi a été marquée par un beau temps qui a interpellé de nombreux Mauriciens : «Les cyclones de petit diamètre concentrent leur masse nuageuse très près de leur centre. De ce fait, à plus de 200-300 km du centre, le temps est relativement calme, avec du soleil et peu de vent. Cela ne veut nullement dire que le cyclone est loin ou de faible intensité. Il réserve son énergie pour la dernière minute. Une fois le cyclone à proximité, il est trop tard pour se mettre à l'abri. Cela s'était produit pour le cyclone tropical Claudette en décembre 1975. À la veille de Noël, et avec un beau temps, très peu de personnes avaient pris la menace au sérieux. Toutefois, Claudette a été un des plus violents cyclones qui ont directement touché Maurice. Plus loin dans le passé, nous avons le cyclone tropical intense du 29 avril 1892. Là encore, il y avait du beau temps et chacun s'adonnait à sa tâche quotidienne. Puis, d'un coup, ça a été l'enfer sur terre, comme le mentionne Leclézio dans son livre Le Chercheur d’Or. Il y avait des rafales à plus de 240km/h, estimées à 270km/h, et il y avait eu 1 200 morts. La ville de Port-Louis avait été anéantie. Alors, oui, c’est normal qu'il y ait un soleil de plomb lors d'une alerte de classe 2. Ça ne signifie pas un risque amoindri.»
Il estime que les Mauriciens doivent être plus conscients des enjeux à l’approche d’un cyclone. «Beaucoup ont critiqué l'alerte 3 à cause du temps calme dans les régions Nord et Ouest. Mais les parties est et sud de Maurice était sous l’influence du cyclone. Les cyclones de petits diamètres sont dangereux mais leurs effets sont très localisés. C’est ce qui explique ce contraste drastique entre les moitiés est et ouest de l’île.»
La saison cyclonique étant loin de tirer à sa fin, d’autres systèmes pourraient s’inviter dans notre région. «Nous avons encore deux mois et demi durant lesquels encore trois à quatre systèmes dépressionnaires pourraient se former. D’ailleurs, le mois de mars devrait être comme janvier et février avec la venue d’autres systèmes selon la National Oceanic and Atmospheric Administration (NOAA), organisation gouvernementale américaine pour le suivi des phénomènes météorologique. La vigilance reste donc de mise», conclut Vishal Kawal alors qu’Eleanor, qui a fait souffler plus de peur que de mal sur le pays, continue de s’éloigner de notre région...
Prix des légumes : l’Association des consommateurs monte au créneau
«C'est exagéré !» C’est ainsi que Jayen Chellum de l’Association des consommateurs de l’île Maurice (ACIM) parle de la flambée des prix des légumes dans certains points de vente du pays. Depuis quelques semaines, en effet, de nombreux consommateurs décrient le prix des légumes dans plusieurs lieux de vente, après le passage du cyclone Belal, notamment. Lors d'une conférence de presse ce mercredi 21 février, le secrétaire général de l’ACIM, qui parle d’abus concernant certains prix qui ont doublé, a fait savoir qu’une enquête a été menée dans des marchés, des supermarchés et au National Wholesale Market de Wooton, pour arriver à ce constat. Il a ainsi invité les Mauriciens «à ne pas acheter les légumes qui sont vendus à des prix exagérés», car pour lui, cela forcera alors «les commerçant à revoir leurs prix à la baisse».