Alors que le livre blanc sur la réforme électorale, promis par Navin Ramgoolam, se fait attendre, Lalit fait circuler le sien. Alain Ah-Vee, un des porte-parole de ce mouvement, fait le point.
Pourquoi être venu de l’avant avec ce «White Paper» ?
C’est une réflexion que Lalit mène depuis longtemps. Navin Ramgoolam parle de présenter son livre blanc sur la réforme électorale depuis un moment. Mais nous n’avons rien vu venir. Alors, nous avons décidé de partager le fruit de notre réflexion afin de provoquer le débat. Les Mauriciens, en général, ne se réveillent pas en se disant qu’ils souhaitent une réforme électorale. Ils se demandent s’ils vont trouver du travail, s’ils auront enfin un système de transport public adéquat. Néanmoins, nous souhaitons, à travers ce document, les amener vers la réflexion car nous souhaitons approfondir la démocratie.
Changement de Constitution afin que l’Assemblée nationale avalise le choix du Premier ministre, une liste proportionnelle donnée par les partis afin de supprimer le «Best Loser System»… Les propositions sont multiples. Mais la principale reste l’élection de 104 parlementaires (au lieu de 69). Pourquoi ce choix ?
La population a doublé et a donc besoin de plus de représentants. De plus, l’exécutif a trop de pouvoir. Avec plus de parlementaires, il y aura plus de personnes indépendantes à l’Assemblée nationale, qui pourront changer la vie des Mauriciens.
Mais cela reviendra beaucoup
plus cher…
Pas s’il n’y a plus que 15 ministres et quatre ou cinq junior ministers. De toute façon, c’est une mesure pour plus de démocratie. Et on ne peut pas évaluer cette avancée en termes de coût.
Vous déclariez, cette semaine, que vous ne pensez pas que les partis traditionnels seront à l’origine de cette réforme électorale. Qui le sera alors ?
Avant tout, il est nécessaire qu’il y ait un débat national et que les gens prennent conscience de la nécessité d’une réforme électorale. À partir de là, ils pourront faire pression pour que le changement ait lieu. Si la majorité des Mauriciens est consciente que cette réforme est nécessaire, celle-ci deviendra une réalité.
Le Labour Party, le PMSD, le MMM et le MSM ne vous inspirent pas confiance…
Les partis de l’opposition et ceux du gouvernement ont bénéficié de ce système-là. Ils ne sont pas vraiment crédibles quand ils déclarent vouloir du changement. Nous le savons, Navin Ramgoolam utilise ce sujet uniquement pour semer la zizanie au sein du Remake 2000. Quand on regarde la situation des alliances, les deux principaux partis dépendent de deux petits partis. Ils sont donc fragiles. Comment imaginer qu’ils puissent lancer une réforme électorale ? Ça rend les choses extrêmement compliquées.
Vous ne donnez pas une petite chance au «White Paper» de Navin Ramgoolam ?
Je suis sceptique au sujet du White Paper de Navin Ramgoolam. Surtout avec les élections qui approchent. Peut-être que le livre blanc viendra avec des pistes de réflexion, mais je ne crois pas qu’il y aura des propositions concrètes. C’est juste un exercice afin de répondre à la pression internationale (1). Depuis sept/huit ans, le communalisme institutionnalisé s’est accentué. Ce qui rend difficile le changement. Tous les partis qui se sont succédé au pouvoir ont rencontré les représentants des associations socioculturelles et sont allés à leurs fonctions. Et la lutte contre le communalisme tourne un peu au ralenti. Les cas en cour ont aussi démobilisé ceux qui se battaient activement et prenaient position contre le communalisme.
Vous estimez donc que le combat de Rezistans ek Alternativ et Blok 104, afin que lors du «nomination day» un candidat ne soit pas obligé de préciser son appartenance ethnique, a desservi la cause ?
Ça l’a limitée. Il n’y a pas eu de grande mobilisation sur le terrain. À force d’attendre les décisions de justice, le travail anti-communal s’est ralenti.
Comment faites-vous pour partager au plus grand nombre votre livre blanc ?
Dans un premier temps, nous avons envoyé une copie à tous les députés, les responsables de conseils municipaux et de districts. Mais aussi aux représentants d’organisations, entre autres. Nous travaillons sur des forums d’explications. Et, bien sûr, le White Paper est disponible sur notre page Web (2). Nous invitons tout le monde à le lire.
(1) L’alliance gouvernementale devait adresser une réponse au Comité des droits de l’homme des Nations unies, qui avait statué que le besoin d’un candidat, lors du nomination day, de décliner son appartenance communale est une violation des droits fondamentaux de tout candidat en vertu de l’article 25 de l’International Covenant on Civil and Political Rights.