Jessica travaille aujourd’hui dans une maison de retraite en France.
Son soutien : son père Leslie, sa mère Patricia et son petit frère Mathéo.
En 2003, elle avait 10 ans. Elle venait à peine de se faire opérer d’un cancer à l’intestin lorsqu’elle est venue de l’avant avec sa famille pour lancer un appel à l’aide dans nos colonnes. Sa première maladie vaincue, elle est à nouveau en train de lutter, cette fois contre une leucémie…
Elle est passée par toutes les émotions. Du désespoir à la colère, en passant par le doute et le désarroi. À un certain moment, elle a même perdu la foi, ne comprenant pas pourquoi «le monde s’acharne sur ‘elle’». Car c’est difficile, à 10 ans, d’apprendre qu’on a un cancer. Et que le mal en question, le lymphome de Burkitt, se soigne difficilement.
C’est ainsi que la vie de Jessica Aliphon a basculé en 2003. Depuis, pour elle, il y a un avant, mais surtout un après. Avant, Jessica, comme toutes les fillettes, vivait d’innocence et d’insouciance. Elle grandissait dans son petit monde d’enfant qu’elle croquait à sa façon en s’enfermant dans ses jeux et ses rêves. «Je vivais comme tous les enfants de mon âge et j’étais heureuse», nous confie la jeune femme, aujourd’hui âgée de 21 ans et employée dans une maison de retraite en France, son pays d’adoption.
Comme une sorte de thérapie personnelle, elle a décidé, plusieurs années après sa «terrible expérience», de venir de l’avant , en profitant de quelques jours de vacances dans son pays natal, pour venir se raconter, raconter cette «douloureuse période» de son existence, quand du jour au lendemain, elle s’est retrouvée propulsée dans un monde moins coloré et très éloigné de sa réalité d’enfant. «Tout a commencé quand j’ai remarqué du sang dans mes selles. J’étais petite, je savais que ce n’était pas normal, je savais qu’il se passait quelque chose car je ressentais aussi de la douleur, mais j’avais peur d’en parler», raconte Jessica qui, même si elle a essayé, ne pourra jamais oublier cette étape de sa vie.
Course contre la montre
Pendant plusieurs jours, voire des semaines, elle a tu ce qui lui arrivait. Pourquoi ? Elle ne le sait pas vraiment. «Peut-être par peur», dit-elle, car quand on est petit, et parfois même lorsque l’on est plus grand, le sang effraie : «J’ai ainsi continué à être une petite fille souriante malgré tout !» Jusqu’au jour où, suite à une forte fière, elle se retrouve hospitalisée : «Le mal progressait à une vitesse incroyable et je suis tombée malade. C’est à ce moment-là que j’en ai parlé à mes parents.» Ce qu’elle craignait devait hélas se réaliser : «J’avais le sentiment que c’était quelque chose de grave.» Elle est alors tout de suite admise en clinique.
Le diagnostic des médecins est très vite tombé et, en à peine quelques jours, une intervention chirurgicale était déjà programmée. Comme une véritable course contre-la-montre, il fallait mettre toutes les chances du côté de Jessica. Mais pour la protéger, ses parents ont choisi de ne pas l’informer qu’elle avait un cancer : «Je savais que j’étais malade. Je savais que je devais me faire opérer, mais ce n’est que quelque temps après que mon père m’a dit que j’avais eu un cancer et qu’on avait enlevé un bout de mon intestin.»
Malgré sa «lourde opération», tout n’était pas fini. Il lui a fallu, par la suite, réorganiser sa vie. Car, sur les conseils de son médecin, Jessica et sa famille décident de se rendre à la Réunion pour la suite de son traitement : «Plus rien n’a été pareil depuis.» Qu’il s’agisse de sa vie d’écolière ou de petite fille, Jessica a dû tout mettre en suspens : «Je me suis retrouvée dans un établissement hospitalier à devoir faire des heures et des heures de chimiothérapie. J’ai vécu difficilement ma transformation physique, la perte de mes cheveux, sans parler de la lourdeur des traitements et des douleurs atroces que j’endurais.»
C’est dans ces moments-là, se souvient-elle, qu’elle dit avoir été découragée : «Tu essayes de trouver le côté positif, mais tu ne vois rien…» Devant le courage de ses proches qui remuaient ciel et terre pour elle, Jessica choisit très vite de tenir tête à la maladie. En octobre 2003, ses parents décident de venir de l’avant, notamment dans les colonnes de 5-Plus dimanche, pour lancer un appel à l’aide car son traitement coûtait très cher : «C’est ainsi que je me suis retrouvée dans les journaux et je peux vous dire que les Mauriciens ont été très généreux. Mes parents ont pu très vite réunir la forte somme d’argent qui était nécessaire et c’est grâce à toutes ces bonnes personnes que j’ai pu guérir.»
Hélas, quelque temps plus tard, Jessica devait apprendre qu’elle était à nouveau malade : «J’ai appris que j’avais une leucémie.» Si, à nouveau, elle a vu, pendant un moment, son monde s’écrouler et qu’elle s’ést retrouvée en proie à une série de questionnements, elle ne s’est pas pour autant laissé abattre : «J’ai arrêté de me prendre la tête et de me poser des questions. J’ai cessé de me demander pourquoi moi. J’ai un petit frère. Il s’appelle Mathéo et il a 10 ans. Face à ce que je vis, je me dis qu’il vaut mieux que ça soit moi, qui ai déjà été malade, que lui qui est tout petit.»
Aujourd’hui installée en France (pour se faire soigner) avec sa famille – son père Leslie et sa mère Patricia – pour son traitement, Jessica, qui a souhaité contacter 5-Plus dimanche pour remercier tous ceux et celles qui l’ont aidée à payer son traitement, a choisi de se faire confiance, de croire en elle, de lutter et de vivre sa vie… au-delà de la maladie.