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Rita Venkatasawmy : «La situation s’aggrave»

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Elle était récemment aux États-Unis dans le cadre d’un voyage d’étude sur la réhabilitation des enfants victimes de prostitution infantile et d’abus sexuel. Boostée et avec de nouvelles idées en tête, Rita Venkatasawmy, directrice du CEDEM, tire la sonnette d’alarme sur ce problème dans l’île et propose l’adaptation de quelques mesures propres aux spécificités de Maurice pour le combattre.

2600. C’est le nombre d’enfants mauriciens qui, selon une étude réalisée en 2001 par l’Université de Maurice, en partenariat avec l’UNICEF, serait impliqué dans la prostitution infantile. Depuis, si aucune étude en ce sens n’a été faite, Rita Venkatasawmy estime que ce problème ne cesse de gangrener notre société. Ce, en se basant sur un fait : la hausse des victimes d’abus sexuel.

D’ailleurs, les chiffres disponibles auprès de la Mauritius Family Planning Welfare Association parlent d’eux-mêmes. En 2012, 275 cas d’abus sexuel sur des mineurs ont été recensés, contre 371 en 2013. «Plus le nombre de mineurs victimes d’abus sexuel augmente, plus le nombre de mineurs impliqués dans des réseaux de prostitution infantile s’accroît. Car déjà fragilisé dans un environnement à risques, l’enfant devient une proie facile. Et dans plusieurs cas, ce sont les parents eux-mêmes ou quelqu’un dans l’entourage de la victime qui l’obligent à se prostituer et fréquenter des milieux pas recommandables», explique Rita Venkatasawmy. Elle avance qu’elle a été impressionnée par l’organisation et les management skills de certaines ONG américaines œuvrant auprès des enfants, victimes d’abus sexuel, à l’instar de Children Of the Night.

Réhabilitation

«Ce sont des professionnels. Dans leurs abris, ils ne mélangent pas les enfants qui ont été abusés sexuellement et ceux qui se sont retrouvés dans la prostitution. Car leur réhabilitation n’est pas la même. C’est ce qu’il nous manque ici. On met tous les enfants dans un seul shelter et tous suivent un même programme alors que cela doit se passer différemment. Idem pour les foyers qui travaillent avec les enfants autrement capables et ceux souffrant de troubles psychiatriques», fait-elle ressortir.

Rita Venkatasawmy ajoute qu’il ne suffit pas de donner la parole à l’enfant pour faire avancer les choses. «Ceux travaillant avec des enfants victimes d’abus doivent avoir ce qu’on appelle des interviewing skills et être formés pour auditionner des enfants. À Maurice, on fait trop souvent dans l’amateurisme concernant des sujets sensibles. Par exemple, pour venir en aide aux enfants victimes d’abus, il faut la mise sur pied d’une bonne structure. Il faut surout beaucoup d’espace car un enfant victime d’abus a été violé dans son intimité. Le mettre dans une chambre avec quatre ou cinq compagnons ne lui sera pas bénéfique. Il ne suffit pas non plus d’ouvrir des shelters pour accueillir les victimes, il faut aussi un Policy Paper.»

Récemment de passage à Rodrigues, la directrice du CEDEM affirme que le problème là-bas est tout aussi alarmant. «Il n’y a pas de chiffres officiels pour Rodrigues et Maurice. Mais d’après mes observations, la situation est alarmante et s’aggrave. À Rodrigues, les abuseurs se transforment vite en fiancés ou futurs mariés dans le but d’échapper à la justice. Pour soi-disant sauver leur honneur, les familles des victimes acceptent ce genre d’accord. Sans se soucier du bien-être de leurs enfants. Le besoin de faire une nouvelle étude se fait cruellement sentir pour mesurer l’ampleur réelle de la situation.»

En attendant, si vous souhaitez dénoncer un cas de prostitution infantile ou d’abus sexuel sur mineur, vous pouvez appeler sur la hotline du ministère de l’Égalité des genres : le 113. Il y va de la responsabilité de chaque citoyen de faire reculer ce fléau.

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