Elena Antonova, une Ukrainienne qui vit à Maurice.
Une scène de violence entre les forces de l’ordre et les manifestants pro-européens, il y a quelques semaines.
Impossible de ne pas y penser. Difficile de
ne pas se sentir concernés, de ne pas trembler devant des scènes de violences, d’éprouver de la tristesse, d’avoir peur. Car, depuis que l’Ukraine passe par des jours sombres avec une situation de conflit qui perdure depuis des mois, Elena Antonova et Valentina Nehaldas, deux Ukrainiennes installées à Maurice, vivent à l’heure de leur pays natal en proie à des bouleversements politiques.
Scotchées aux chaînes d’informations et en constante communication avec leurs proches qui vivent là-bas, elles suivent de très près tout ce qui s’y passe, tout en priant, disent-elles, «pour qu’il n’y ait pas d’autres morts». «Même si les choses se sont calmées, la situation est toujours inquiétante. Mes parents, de même que d’autres proches, sont là-bas, et j’ai heureusement très souvent de leurs nouvelles. Pour l’instant, c’est tranquille là où ils sont et je prie pour que cela dure», nous confie Elena Antonova qui a quitté l’Ukraine depuis maintenant 18 ans.
Avec ce qui s’est passé ces dernières semaines – la promulgation de lois liberticides sur le droit de manifester le 17 janvier, les manifestations et affrontements qui avaient fait les premiers morts le 22 janvier ou encore la mort de plusieurs dizaines de manifestants tués par balle le 20 février –, elle est animée de plusieurs sentiments. La peine se mêle à la frayeur : «On voudrait que tout cela s’arrête…»
Ce climat de conflit dure depuis des mois. Des manifestants protestent contre la suspension du processus d’intégration européenne de l’Ukraine. Pourquoi cette révolte ? Pourquoi les Ukrainiens veulent-ils rejoindre l’Union européenne. «Pour vivre dans un pays normal», répondent à chaque fois les manifestants.
Pas un jour ne passe sans qu’Elena n’en parle avec son entourage et chaque «breaking news» fait battre son cœur. Comme cette info relayée dimanche quand l’Ukraine a été déclarée «au bord de la catastrophe» à la suite de la «déclaration de guerre» de la Russie ou encore celle diffusée mardi quand Vladimir Poutine a déclaré qu’un «coup d’État anticonstitutionnel a eu lieu en Ukraine». Bref, toute l’actualité de son pays natal, là où elle a grandi et vécu des beaux moments de sa vie, la tient en haleine. «J’espère de tout cœur qu’il n’y aura pas d’autres affrontements et que d’autres familles ne vont pas perdre des proches», déclare Elena qui dit
être en totale communion avec le peuple ukrainien : «Les gens en ont marre et ils s’attendent à plus de stabilité.»
Face à tout ce qui se passe dans son pays natal, Valentina Nehaldas qui a, elle, quitté son pays en 1992, se dit habitée d’un sentiment d’impuissance. «Ce qui se passe là-bas devrait intéresser tout le monde et non pas uniquement les Ukrainiens. Je suis triste pour mes compatriotes et mes proches qui passent par des moments horribles, mais je suis aussi triste par la tournure des choses», nous dit Valentina dont le frère est là-bas : «Depuis les derniers développements, je lui parle tous les jours. Même si j’ai des infos à la télévision ou sur Internet, je suis plus rassurée quand je lui parle, quand j’entends sa voix. Heureusement que tout va bien pour lui, mais j’ai une pensée pour ce peuple qui souffre et pour toutes les victimes des derniers affrontements.» Car, même si elle est loin de son pays natal, elle est de tout cœur avec «son pays qui souffre».