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Dans l’univers des commerçants des «40 heures»

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Joëlle Balucksing a emboîté le pas à sa mère.

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Charles et Charlène Dhunput sont sur la route des «40 heures» depuis 27 ans.

Ils sont les visages-phares du carême observé par les Mauriciens de foi catholique. L’on retrouve souvent ces marchands aux coins des églises, exposant des articles religieux. Au-delà du simple business, le carême est, pour beaucoup d’entre eux, synonyme de réconciliation et de paix. Rencontres.

Chapelets, statuettes, bougies, médailles, livrets de prière, films spirituels… Chez Charlène et Charles Dhunput, à Baie-du-Tombeau, la varangue s’est transformée en une véritable caverne d’Ali Baba. De grosses boîtes entassées les unes sur les autres ne passent pas inaperçues. «Elles contiennent les livrets du programme des 40 heures et ceux des témoignages d’hommes ayant suivi le parcours Zezi Vre Zom», explique Charles.

Ce dernier fait le tri des objets religieux avant de les empaqueter. À quelques heures du jour J (nous l’avons rencontré vendredi), il ne laisse rien au hasard. En ce dimanche 2 mars, il veut être au top car c’est aujourd’hui que débute le calendrier des 40 heures, événement incontournable du carême catholique, avec l’exposition du Saint-Sacrement en la cathédrale

St-Louis, à Port-Louis. «Il faut avoir la tête sur les épaules et ne pas mélanger les produits. Il faut qu’on puisse se retrouver facilement lorsqu’un client nous demande un article religieux», avance, pour sa part, Charlène.

Cela fait 27 ans qu’elle est sur la route des 40 heures. Et à ses débuts, elle vendait des bougies. Bien plus que les affaires, le carême est, pour elle et sa famille, un moment très important. «Il ne s’agit pas que de faire de l’argent. C’est pour nous un moment de réflexion, un moment pour se regarder, s’arrêter et prendre du temps avec Dieu. Avant de commencer notre travail, nous nous rendons d’abord dans les églises pour rendre grâce. Ensuite, on commence la vente», explique Charlène. Pour faire rouler sa petite affaire, elle est aidée de sa fille Samantha. Car chez les Dhunput, tout le monde met la main à la pâte. «On se réveille à 4 heures, on ramasse les affaires et on fait le trajet en voiture. Puis on passe des heures entières, debout, exposés au soleil. Parfois, on n’arrive même pas à travailler», confie Samantha. «Certains croient que nous sommes des marchands qui veulent faire du profit. Mais ce n’est pas du tout le cas. Les catholiques profitent des 40 heures pour acheter des livrets de prière, des médailles, entre autres», fait-elle ressortir.

Charles, le père de famille, doit, lui, jongler entre son métier de chauffeur et son petit business familial, le temps des 40 heures. Ce qui n’est pas de tout repos. «Comme chaque année, je vais prendre quelques jours de congé. Je travaille aussi de nuit et quand je rentre le matin, j’enchaîne avec une autre journée de travail. Mais ça ne dure que 40 jours. Je fais un sacrifice et Dieu est toujours présent dans ce que nous faisons. Le carême est un moment privilégié pour moi car c’est beau de voir à quel point Dieu est universel. Il n’y a pas que les catholiques qui vont à l’église durant les 40 heures, mais aussi les Mauriciens de toute confession religieuse», soutient-il.

Joëlle Balucksing, 28 ans, est également de celles qui sillonnent les routes depuis six ans, dans le cadre des

40 heures. Fervente catholique, cette habitante de

Cité-La-Cure a emboîté le pas à sa mère. «C’est elle qui m’a transmis ce métier. Et je suis fière de moi car je fais quelque chose de noble et de respectable. Le carême est pour moi synonyme de réconciliation et d’harmonie. Souvent, je n’arrive pas à pardonner ou à retirer la haine qu’il y a en moi. Mais pendant le carême, je prends du temps et je fais des efforts», dit-elle.

Joëlle ne travaille pas uniquement à l’occasion des

40 heures. Chaque jour, elle travaille à quelques pas de la chapelle Saint-Antoine, à Port-Louis. «Il y a de tout : des chapelets, des statuettes et des bracelets religieux, notamment», précise-t-elle.

Dans quelques jours, elle quittera la capitale pour se rendre dans différentes églises où le Saint-Sacrement sera exposé. Outre Joëlle Balucksing, Charles et Charlène Dhunput, vous croiserez certainement d’autres marchands… sur la route des 40 heures !

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