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Une cohabitation compliquée ?

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Ce n’est pas toujours facile pour jeunes et moins jeunes de travailler ensemble, mais ce n’est pas impossible.

Qu’on ait affaire à un employé vétéran qui refuse toute forme de changement ou un jeune fraîchement débarqué qui croit tout savoir, travailler au sein d’une entreprise regroupant des personnes de tous âges n’est pas toujours chose facile. Qu’on soit de la génération X, Y ou de celle des baby boomers, le fossé peut vite se creuser ou alors se combler. Témoignages…

On ne vous apprendra rien en vous disant que les relations au travail sont souvent compliquées. Elles sont d’autant plus difficiles lorsque différentes générations se côtoient quotidiennement au bureau. Travailler côte à côte avec une personne beaucoup plus jeune ou plus âgée que soi quand on n’a pas les mêmes valeurs, les mêmes compétences, les mêmes expériences relève souvent du défi. Entre incompréhension, différence dans la manière de travailler et divergences d’opinion, ces relations peuvent souvent déboucher sur des tensions, voire des conflits, qui rendent l’atmosphère difficile à supporter.

Cette expérience, Sundy, employé dans le secteur touristique, l’a connue à ses dépens. Avec son ancien collègue, qui avait deux fois son âge, ça s’est très mal passé : «Il n’acceptait jamais les changements. Il n’était même pas habitué à tout ce qui est informatique. À chaque fois que je proposais quelque chose de nouveau, il le prenait mal et affirmait que ce n’est pas bien de changer.» Les incidents avec son collègue, il y en a eu beaucoup. Au bout d’un moment, dit-il, la méfiance s’est installée : «Il restait exprès après les heures de bureau pour repasser sur mon travail du jour et tout changer.»

Lorsqu’il découvre ce que trame son collègue derrière son dos, Sundy voit rouge, mais hésite à en parler ouvertement à la direction. Pour lui, une chose est sûre : il ne peut plus travailler avec cette personne. «Finalement, j’ai demandé à la directrice de me faire savoir si elle avait d’autres propositions à me faire dans d’autres départements parce que je n’allais pas m’épanouir auprès de quelqu’un de négatif. J’ai donc changé de job tout en restant dans la même compagnie, avec une augmentation de salaire en prime, et je suis maintenant heureux», confie le jeune homme.

Attaques personnelles

Si les problèmes entre Sundy et son collègue sont restés strictement professionnels, pour d’autres, les tensions entre collègues finissent toujours par déboucher sur des attaques personnelles qui rendent la vie au bureau impossible. C’est le cas de Laura qui n’a eu d’autre choix que de démissionner pour mettre fin à une situation pénible. De son ancien travail, la jeune femme garde un souvenir amer. «Elle était beaucoup plus âgée que moi et avait dix ans d’ancienneté dans la compagnie où je travaillais. Elle se croyait forte et intouchable parce qu’elle était là depuis beaucoup plus longtemps que moi alors qu’on avait le même poste. Elle passait son temps à me donner des ordres», raconte-t-elle.

Laura, elle, reprochait à sa collègue de ne pas bien faire son travail, d’utiliser des méthodes dépassées et de passer son temps à raconter n’importe quoi. Une situation invivable. La jeune femme avait la boule au ventre avant de franchir le seuil du bureau chaque matin et une fois rentrée chez elle dans l’après-midi, elle se mettait à pleurer. Les incidents et les remarques désobligeantes entre les deux femmes se sont accumulés jusqu’au jour où tout a dérapé : «Un jour, je suis arrivée au travail avec cinq minutes de retard et pendant la pause-déjeuner, elle a fait toute une histoire en disant que je n’étais pas professionnelle. C’était trop pour moi. J’ai haussé le ton en lui disant; “Hey, met seryer do”. J’ai été immédiatement convoquée dans le bureau du patron parce que j’avais été vulgaire. J’ai préféré partir avant que ça n’aille plus loin.»

Si les plus jeunes reprochent à leurs collègues plus âgés d’être réfractaires au changement, de rester figés dans le temps, ces derniers sont également critiques à leur égard. À l’instar de Kim, une chef d’entreprise qui travaille majoritairement avec des jeunes. «Je ne généralise pas, mais certains jeunes ont un excès de confiance en eux. C’est bien de venir avec des propositions nouvelles, mais il faut qu’elles soient réalistes. De plus, il y a souvent un manque de respect envers les plus âgés. En informatique, ils sont excellents, mais ils n’ont pas de patience et se mettent vite en colère. Ils n’ont pas les mêmes valeurs professionnelles que nous et pensent plus aux droits qu’aux devoirs.»

Selon Kim, il est important de faire des compromis et d’utiliser les compétences de chacun pour faire avancer l’entreprise. Réunir les deux générations peut garantir un partage fructueux pour toute compagnie. «Je crois dans la compétence et l’innovation des jeunes, mais je crois aussi dans l’expérience et le savoir-faire des plus âgés. Chacun peut apprendre de l’autre ou partager son expérience avec l’autre. C’est au manager de savoir réunir ces générations.»

Heureusement, dans bien des cas, la collaboration entre des employés de différentes tranches d’âge au sein d’une entreprise se passe bien. Raphaël, jeune employé d’une entreprise de communication, porte un regard différent sur le fossé des générations au travail. Pour lui, les collègues plus âgés sont souvent porteurs de bons conseils : «Leur présence peut aussi être rassurante. Ils sont aussi des “mémoires vivantes”. Je me tourne vers eux pour situer un événement dans le temps, pour me rappeler d’un terme utilisé pour designer un mot, par exemple.»

En revanche, précise-t-il, les codes de langage et de comportement ne sont pas forcément les mêmes : «Sachant qu’ils sont d’un certain âge, j’évite de parler de certains sujets avec eux, comme la mode, les séries, la musique, en raison justement du fossé entre générations. Puis, je fais attention à mon langage. J’utilise le “vous”, j’évite des termes comme “chelou”, “relou”, “je suis deg”, entre autres.»

Comme quoi, il existe des astuces pour une cohabitation harmonieuse entre les différentes générations au travail.

Le saviez-vous ?

Souvent présentées comme étant en situation de conflits, les générations se suivent mais ne se ressemblent pas. Les baby boomers composent la génération des employés de 1943 à 1959 et sont connus pour l’accomplissement au travail. La génération X (de 1959 à 1977), elle, se caractérise par la recherche des défis et le besoin d’apprendre. La génération Y (1978 à 1994), aussi appelée l’e-generation, est connue pour son sens du coaching et de la rétroaction. De son côté, la génération Z comprend les employés de 1995 à monter. Celle-ci est connue comme la nouvelle génération silencieuse. On retrouve chez elle la loyauté envers l’entreprise, l’économie, la prudence et le sens du devoir.

En chiffre…

Au cours des dernières décennies, le fossé générationnel est devenu de plus en plus apparent dans le monde du travail. Selon les derniers chiffres publiés par Statistics Mauritius, des 562 400 personnes employées en 2013, 121 800 étaient âgées entre 16 et 29 ans, 157 700 entre 30 et 39 ans, 140 600 entre 40 et 49 ans, et 142 300 avaient plus de 50 ans.

Parole de Pro

Raj Auckloo, directeur du HRDC : «Tout est une question de transition»

Le Human Resource Development Council (HRDC) a récemment tenu une causerie sur le fossé des générations et son impact sur les entreprises. Quel était l’objectif de cette activité ?

Un des plus grands défis auxquels sont confrontées les entreprises est la diversité générationnelle de leur main-d’œuvre. Parfois, jusqu’à trois générations travaillent côte à côte. Nous avons ainsi accueilli, à l’occasion de cette causerie, un expert qui s’est appesanti sur la question de la gestion des ressources humaines dans une entreprise transgénérationnelle. L’objectif était de partager l’expérience des personnes qui se trouvent face à cette situation à travers des exemples concrets et des témoignages.

Ces générations sont-elles adversaires ou complémentaires ?

Elles sont tout à fait complémentaires. Chacune peut apporter quelque chose de positif à l’autre. Le fossé des générations se produit lorsque les jeunes et les personnes plus âgées ne se comprennent pas en raison de leur différence d’opinion, leur style de communication et leurs valeurs. Cependant, tout le monde pourrait travailler en harmonie s’il y avait de la compréhension. Il faut comprendre que chacun a son approche du travail, son propre comportement.

Peut-on combler le fossé au sein d’une équipe «multigénérationnelle» ?

Aujourd’hui, nous vivons dans un monde technologique. Dans le monde du travail, il faut marcher avec le temps. Cependant, nos aînés ne sont pas familiers avec ces outils. La compréhension est donc importante. Tout est une question de transition. Si on leur donne les outils nécessaires, qu’il y a de l’entraide et de la communication, il ne devrait normalement plus y avoir

de fossé.

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