Entre incompréhension et manque d’information, les parents manquent souvent de patience face au comportement de leur enfant.
Les enfants de Pauline occupés avec leur père à faire une petite fouille à la plage.
Comment savoir si son enfant est hyperactif ou simplement turbulent ? C’est la question que se posent de nombreux parents qui font face à des enfants qui sont en constante agitation et dont l’énergie a du mal à être canalisée. Au quotidien, la situation est souvent difficile à gérer. Trois mamans nous livrent leurs témoignages…
Hansina est une maman épuisée. Chez elle, ça crie, ça bouge, ça saute, ça court sans arrêt. Avec ses trois enfants âgés entre 4 et 7 ans, elle n’est jamais tranquille. Ce sont ses deux fils, Antish et Pritish, âgés de 7 ans et de 4 ans respectivement, qui lui donnent particulièrement du fil à retordre. De vraies boules d’énergie, ils sont inépuisables. «À la maison, ce n’est jamais tranquille. Il y a toujours des cris et les garçons bougent dans tous les sens. C’est quasi impossible de les calmer. Quand je leur dis d’arrêter, ils me disent “oui maman” et la seconde d’après, ça repart de plus belle», raconte cette jeune maman.
Sauter, courir, crier… quoi de plus naturel pour un enfant ? Mais voilà, certains parents rencontrent de vraies difficultés à canaliser l’énergie débordante de leurs bambins et se retrouvent souvent dépassés par la situation. Peut-être sont-ils hyperactifs ? Ou peut-être pas… Il est toutefois important de faire la différence entre un gosse juste turbulent et un enfant hyperactif. Selon Edwige Antier, célèbre pédiatre française et auteure du livre Dolto en héritage (Robert Laffont, 2005), l’hyperactivité regroupe trois symptômes qui sont indissociables : la difficulté de concentration, l’impulsivité et l’agitation. Quand ces trois symptômes sont réunis, l’hyperactivité peut alors être diagnostiquée.
Contrairement à un enfant turbulent, l’hyperactif aura besoin d’un traitement ou d’une rééducation. Par contre, un petit qui bouge beaucoup, qui court, qui crie, qui saute mais est capable de se concentrer sur quelque chose, comme quand vous lui lisez une histoire, n’est pas hyperactif. Mais savoir faire la différence n’est pas toujours évident pour les parents. En gros, un enfant hyperactif n’est pas forcément agité et un enfant agité n’est pas obligatoirement hyperactif. Difficile de se retrouver dans tout ça.
Ainsi, savoir observer son enfant et analyser son comportement est essentiel. C’est ce que fait Hansina qui a, elle, noté une vraie différence entre ses enfants et les autres. «Ils sont beaucoup plus vifs que les autres enfants», dit-elle. Avant chaque sortie, c’est le même rituel pour cette maman qui se livre à un vrai briefing, mais les consignes sont rarement respectées. Les sorties familiales deviennent souvent de véritables marathons : «Je leur dis ce qu’ils peuvent faire et ne pas faire mais une fois arrivés sur place, c’est comme s’il n’y avait jamais eu de conversation. Ils font exactement ce qu’il ne faut pas faire.»
Caprices, cris, pleurs...
Pauline, elle, est maman de trois enfants, une fille de 7 ans et des jumeaux de 4 ans, qui sont, selon elle, tous hyperactifs. Avec son époux, ils les appellent le «petit gang». Eh oui ! À eux trois, les enfants sont des zones de turbulences en permanence. Outre leur impressionnant quota d’énergie, il faut aussi faire face à des caprices, des cris, des pleurs, des crises de nerfs, des bagarres. «Au début, c’était très épuisant car je travaillais jusqu’à fort tard et mon mari se retrouvait seul avec les enfants. Il y avait beaucoup de stress, de fatigue, de souci au quotidien que nous n’arrivions pas forcément à gérer et à comprendre. Du coup, cela causait des frictions entre lui et moi, auxquelles se mêlait l’incompréhension des enfants», explique-t-elle.
Arriver à différencier l’hyperactivité de la simple turbulence est assez délicat. C’est en regardant une émission consacrée à l’hyperactivité chez l’enfant, qu’Ana, une maman de cinq enfants, a commencé à se poser des questions sur l’un de ses fils. «Il a eu quelques ennuis de santé, mais il a une énergie extraordinaire. Il passe son temps à faire des bêtises», explique t-elle. Se sentant dépassée avec quatre autres enfants à sa charge, Ana a souvent du mal à gérer la situation : «Je dois constamment avoir l’oeil sur lui car il tient rarement en place si ce n’est que pour voir un dessin animé pendant quelques minutes et puis ça recommence, il sautille partout, monte sur les tables, grimpe sur les étagères pour prendre ses voitures. Il prend la maison pour un terrain de rallye. Il adore les voitures de course, je ne sais pas si c’est parce qu’il est né dans une voiture.»
Son fils requiert, dit-elle, une attention particulière. À l’école, le petit serait calme en apparence, mais une fois à la maison, Ana n’a pas droit à un moment d’inattention car «il peut se blesser» à se tortiller dans tous les sens. Elle est toujours en quête de nouvelles activités pour l’occuper mais, de plus en plus inquiète, la jeune femme se demande s’il n’est pas temps de consulter un médecin pour avoir un diagnostic et éventuellement un traitement. En attendant, elle s’efforce de gérer comme elle peut le trop plein d’énergie de son enfant. Tout comme les autres parents d’enfants constamment en mouvement.
Des parents qui croulent sous les anecdotes de leurs bambins atteints de «bougeotte». Comme cette fois où l’aîné de Pauline lui a fait une peur bleue : «Je lui parle, je lui tiens la main mais elle n’écoute pas et peut à n’importe quel moment traverser la rue sans raison apparente.» Malgré un quotidien mouvementé, Pauline et son époux sont des parents heureux, comblés par l’amour de leurs enfants : Ce sont des enfants au grand cœur. Ils sont ce que nous avons de plus précieux au monde. On préfère les qualifier de turbulents au lieu d’hyperactifs. Malheureusement, bien des fois, les enfants hyperactifs sont incompris, par manque d’information pour les parents et la société.»
Après son expérience et diverses recherches, Pauline arrive maintenant à gérer la situation. Pour occuper ses enfants et les aider à dépenser de manière efficace et constructive, elle mise sur les activités extrascolaires. Cours de danse, de musique, activités sportives, tous les moyens sont bons pour les aider à canaliser leur énergie.
Aujourd’hui, on a vite fait d’utiliser le terme hyperactif pour qualifier un enfant turbulent et agité même s’il n’est pas forcément atteint de ce trouble. D’un autre côté, il est essentiel de rester attentif à certains comportements qui peuvent vous mettre la puce à l’oreille et vous encourager à voir un professionnel. Allez, n’hésitez plus.
Parole de Pro
Ahad Ramjaun, psychothérapeute
«La patience et la compréhension sont essentielles»
Comment distinguer un enfant turbulent d’un enfant hyperactif ?
Il est important de savoir faire la différence. Pour cela, il faut étudier le comportement de l’enfant. Outre sa lassitude, son manque de concentration, son étourderie, sa maladresse, l’enfant hyperactif se différencie des autres quand il a du mal à se concentrer et à focaliser son attention sur des tâches spécifiques comme l’apprentissage de la lecture. Ce qui est le contraire de l’enfant simplement turbulent.
Comment reconnaître ce trouble ?
Les symptômes d’inattention doivent persister pendant au moins six mois au cours desquels on retrouve six ou plus des signes suivants :
- Il agite souvent ses mains et ses pieds ou se tortille
sur sa chaise ;
- Il se lève souvent de son siège durant la classe ou dans d’autres situations qui demandent à rester assis ;
- Il court ou grimpe partout à contretemps ;
- Il a du mal à entreprendre tranquillement des activités de loisir ;
- Il parle souvent de façon excessive ;
- Il est incapable de se concentrer ;
- Il manque souvent de précision, ou fait preuve de négligence pour son travail d’école ou tout autre activité ;
- Il a souvent du mal à soutenir son attention, tant dans son travail que lorsqu’il joue ;
- Il semble souvent ne pas écouter lorsqu’on l’interpelle ;
- Il a du mal à se conformer aux directives ;
- Il perd souvent des objets nécessaires à son travail
ou à ses activités ;
- Il est facilement distrait.
Quelles sont les difficultés que rencontrent les enfants atteints d’hyperactivité ?
Ce sont des enfants qui bougent sans cesse, ramassent les objets, les jettent, grimpent partout, donnent des coups de pied, tombent sans arrêt, ouvrent les portes puis les font claquer, touchent à tout, font du bruit. Irritables, ils refusent qu’une chose ou qu’une personne leur résiste.
C’est à l’âge scolaire, en comparaison avec les autres enfants du même âge, que cette instabilité se fait plus visible. Ce comportement excessif affecte considérablement l’attention et la concentration de l’enfant, et gêne son aptitude à effectuer des travaux structurés. Il a du mal à rester assis sur son banc, a une mauvaise coordination de ses mouvements et ne peut faire deux choses en même temps. Son attention est détournée par le moindre petit bruit. Il ne peut se concentrer sur son activité scolaire. Ce manque de concentration se voit aussi dans son langage ; l’enfant commence une phrase sans pouvoir la terminer car il a oublié de quoi il s’agissait.
Comment peut-on aider un enfant hyperactif ?
Il faut consulter un spécialiste. Des traitements tels que la psychothérapie peuvent aider. En revanche, il est important que les parents comprennent leur enfant et fassent preuve de patience envers lui. La compréhension et la patience sont essentielles. Il faut savoir organiser sa vie de manière à ce qu’il ait une routine calme et stable qui le permette de se retrouver. L’enfant doit aussi connaître les limites à ne pas franchir. Il ne suffit pas de crier ou de mettre en garde sans que l’enfant ait vraiment compris. Il faut qu’il puisse savoir et respecter l’heure de se lever, de manger, de jouer, d’aller à l’école, de travailler et de se coucher. Il est important que l’enfant ait des activités régulières personnelles à faire, mais aussi des loisirs, des programmes extrascolaires afin de canaliser son énergie.
Le saviez-vous ?
Selon une grande étude américaine, présentée au congrès de
l’American Psychological Association, la psychothérapie devrait être privilégiée, en premier lieu, avant tout traitement à base de médicaments. Les chercheurs ont réussi à démontrer que lorsque les enfants bénéficient de thérapies comportementales et que les parents ont suivi des cours de formation sur ce trouble, ils arrivent à mieux gérer et les médicaments sont donc moins utilisés.