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Né quelque part….

L’histoire du jeune Scott Sophie, 15 ans, qui était atteint d’un cancer des ganglions (voir texte pages 8-9) et décédé, mercredi dernier, ne devrait pas nous laisser indifférents. Quand des parents estiment que leur enfant aurait pu être sauvé s’ils n’étaient pas pauvres, il y a comme une impression d’inégalité des chances entre ceux qui ont les moyens de se faire soigner dans les cliniques privées ou à l’étranger et les autres qui, faute d’argent, n’ont pas accès à la technologie de pointe en matière de médecine. Malgré la confiance qu’on devrait avoir en nos hôpitaux et nos médecins (encore que les nombreux cas allégués de négligence médicale ont terni l’image de nos services de santé publics), il est fort à parier que si Scott était né dans une famille qui avait les moyens financiers lui permettant d’avoir des soins dans le service privé ou en dehors de Maurice, cette opportunité-là aurait été saisie.

S’il est impossible d’affirmer avec conviction que le jeune homme allait vivre s’il avait eu des soins ailleurs, en revanche, on peut affirmer, à voir l’état de précarité dans lequel il vivait, que la fatalité le guettait. Difficile à croire que cette case en tôle réunissait les conditions nécessaires pour permettre à un malade, atteint de cancer, d’aller mieux. La forte chaleur, l’humidité, apprend-on dans l’article, ont rendu les jours de Scott encore plus difficiles. Que pouvaient faire les parents ? Un père pêcheur qui enchaîne les petits boulots suite à la fermeture de la pêche à la senne et qui a toutes les peines pour nourrir les siens, une mère, femme au foyer et quatre enfants. N’importe quelle personne qui se rend sur place serait interpellée par l’état de vie de cette famille. Mais cette misère-là et le combat que Scott menait n’ont, semble-t-il, pas interpellé les élus de la circonscription.

Si l’histoire du jeune Scott était connue ces dernières semaines, le mérite revient à la courageuse Valérie Sénèque, elle-même luttant contre un cancer, qui s’est démenée pour aider cette famille. Le mois dernier, ayant appris que les médecins recommandaient un déplacement en Inde pour Scott, Valérie Sénèque avait lancé une louable chaîne de solidarité sur Facebook pour récolter les fonds nécessaires. Ce, en attendant que les parents obtiennent les autorisations en vue d’une quête publique, soit l’étape obligatoire pour tous les démunis qui doivent alors frapper aux portes, quémander, demander.

Ne rencontre-t-on pas régulièrement ces proches des malades à l’entrée des supermarchés, munis de leurs petites boîtes et invitant à une contribution pour la guérison d’un des leurs? Parfois, ils doivent compter avec des regards sceptiques et douteux de la part de ceux qui ne savent pas s’ils doivent prêter foi à leurs récits. Une épreuve souvent dure pour des proches qui déjà souffrent psychologiquement devant l’état de leurs enfants et qui doivent malgré tout faire du porte-à-porte pour trouver l’argent nécessaire aux éventuelles interventions à l’extérieur. Dans le cas de Scott, alors qu’une bonne nouvelle attendait avec sa future prise en charge par l’association «Le rêve de Clara», la mort, mercredi dernier, a devancé tous les rêves. Quelques jours ont manqué. Si cette histoire ne doit pas nous laisser insensibles, c’est parce qu’elle raconte l’histoire d’une famille pauvre qui mérite d’être aidée, accompagnée. C’est parce qu’elle raconte l’histoire d’un jeune garçon, pris dans le système de l’inégalité sociale, qui n’a pas eu les mêmes chances que les autres alors qu’il était malade. Scott parti, un mouvement de solidarité se met en place pour la construction d’une maison en dur pour les parents. Nous ne pouvons que soutenir ce projet citoyen. Une solidarité bienvenue quand on voit les photos de leur taudis.

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