L’homme compte une quarantaine
d’années d’expérience en tant qu’avocat.
Le temps d’une rencontre, le nouveau président du
Bar Council se raconte : son métier, sa famille,
sa passion…
Quand on lui demande ce qu’il rêvait de faire comme métier quand il était petit, Antoine Domingue répond le plus sérieusement du monde : avocat. «J’ai su très tôt que j’étais fait pour ce métier.» Un désir qui est né de la découverte, très jeune, des histoires de ces hommes… de loi dans les romans policiers – de Perry Masson notamment – qu’il «adorait dévorer» : «J’étais fasciné par ces personnages qui se mettaient au service des gens et qui étaient animés par une seule chose : combattre l’injustice.»
Voilà une quarantaine d’années depuis qu’il a emprunté cette voie et, aujourd’hui, à
60 ans – dans le décor de son cabinet au 2e étage du Stratton Court qui renferme tous les dossiers de son riche parcours –, il ajoute une nouvelle corde à son arc en accédant à la présidence du Bar Council. Une responsabilité qu’il va assumer avec «beaucoup de rigueur et de dévotion», dit-il, comme il l’a toujours fait dans sa vie. C’est ainsi qu’il a toujours avancé, armé du désir de réussir.
Sa chance, confie-t-il, c’est d’avoir eu des parents – Jean Marcel Domingue et Marie Elisa Benjamine Ramart, des ex-enseignants aujourd’hui décédés – qui ont su lui inculquer depuis très jeune de vraies valeurs, mais aussi le goût d’apprendre : «À un certain moment, j’étais élève à l’école primaire de Robinson où ma mère enseignait.»
Quand on l’interroge sur
cette partie de sa vie, Antoine Domingue ne cache pas avoir eu une enfance heureuse aux côtés de ses frères et sœurs – Mario, Brigitte, Françoise et Rosario : «Quand je me plonge dans mes souvenirs, je revoie mes parents me raconter leur rencontre au Training College, mais aussi notre vie dans notre petite maison au toit de bardeaux à la rue Gabriel Froppier. On était d’origine modeste et mes parents louaient pendant quelques années une petite maison à Curepipe. Ma mère vouait une dévotion particulière à Notre-Dame-du-Rosaire, et quand elle a gagné une petite somme d’argent à la loterie, cela nous a permis d’acheter un terrain à la rue Gabriel Froppier. Ma mère a fait ériger une petite chapelle dans notre cour pour rendre grâce à la Vierge Marie. Cette chapelle qui est toujours là, me rappelle à chaque fois cette période de notre vie.»
Sir Gaëtan Duval
Parmi ses souvenirs heureux, Antoine Domingue n’occulte pas les années passées sur les bancs du collège Royal de Curepipe : «Pour ma première année en 1964, je me souviens avoir participé à la manifestation des lauréats et Dan Callikan faisait alors partie de ces derniers.» Puis, il y a toutes ces expériences vécues, ces tranches de vie qui l’ont forgé, notamment lors de ses années d’études à l’université de Montpellier en France, où il a fait sa maîtrise en droit en 1971, après avoir décroché une bourse. Mais ce qui l’a le plus marqué, raconte-t-il, c’est lorsqu’il a intégré le cabinet de sir Gaëtan Duval où il a fait son pupillage à son retour à Maurice en 1977 : «J’ai beaucoup appris de lui. Il était un avocat hors pair qui faisait ce métier pour de bonnes raisons.»
Sa participation à la création de l’Association des juristes de formation française, (AJFF), qui regroupait une vingtaine de titulaires de diplômes de droit délivrés par des universités françaises qui se battaient pour pouvoir exercer comme avocats, reste aussi comme un grand moment de sa vie. Il y a également eu ces «belles années» durant lesquelles il a poursuivi son pupillage chez Madun Gujadhur, de 1983 à 1985, est arrivé premier à la Council of Legal Education (Mauritius) Bar Examination en 1985 et a fondé son cabinet en 1999. Bref, autant d’étapes dans une vie bien remplie qu’il savoure toujours, dit-il, en continuant à exercer, mais aussi aux côtés de sa famille : son épouse Marie-Josée et ses enfants Valérie, 27 ans, professeur, Olivier, 25 ans, Chartered Accountant à Londres, et Julien, 21 ans, qui vient de passer son brevet de pilote à Melbourne, en Australie.
«Ma famille a toujours été pour moi une source d’équilibre. Avec mon épouse, on se complète. On s’est réparti les tâches pour le bon déroulement des choses à la maison. Si elle, elle s’occupe du day-to-day running des choses, moi, je me charge de tout ce qui est courses et autres achats», nous confie Antoine Domingue. Il se décrit aussi comme un père qui est «à l’écoute», un «ami fidèle», un grand amateur de lecture – il lit en ce moment le dernier tome de Jeffrey Archer –, de musique «classique et de jazz», de «comédies» et qui essaye autant que possible de mener une vie saine : «Je change rarement mes habitudes. Par exemple, je commence toujours mes journées à 6h45 et c’est comme ça depuis des années.»
Son plus grand défaut ? Il prend quelques minutes de réflexion avant de répondre : «Je suis peut-être un peu trop exigeant, mais j’estime que cela peut aussi être une qualité…»
Et en tant que président du Bar Council, celui qui souhaite découvrir New York avec son épouse compte mettre en pratique ce même principe : «Je vais galvaniser toutes les énergies que nous avons pour mener à bien ma mission…» Paroles d’un fou… du barreau !