Que dire quand on apprend que trois enfants en bas âge : 2, 4 et 5 ans, ont assisté au meurtre de leur mère ? Que dire quand cette mère elle-même était en liberté conditionnelle après avoir tué son époux ? Que dire quand un ado de 13 ans découvre que son père a étranglé sa mère et l’a découpée au grinder ? Enfants innocents, témoins impuissants de la folie meurtrière des adultes. Privés de leurs parents, les voilà condamnés à vivre avec leurs sombres histoires enfouies au fond de leurs cœurs. À quoi pensent aujourd’hui ces petits qui méritent d’être choyés et de vivre leur enfance, mais qui visiblement grandissaient dans un environnement empreint de violence ?
La violence a accompagné et choqué les Mauriciens cette semaine. Trois crimes en six jours ! Trois femmes qui ont connu des fins atroces, deux recevant de nombreux coups de couteau et l’autre, mutilée, même après sa mort, avec un grinder. Les agressions envers les femmes persistent malgré toutes les campagnes. Constat d’échec dans une société où l’inégalité homme-femme engendre ce type de brutalités. Au-delà de la question du genre, le climat de violence dans lequel nous vivons actuellement, à Maurice, interpelle. La semaine dernière, c’est un enfant de 7 ans, agressé à l’acide, qui a payé de sa vie un acte odieux commis par son oncle, après trois semaines dans le coma.
On assiste aussi en ce moment à la transformation des petites banalités en dangereux faits divers. À croire qu’il est facile que Monsieur et Madame Tout-le-monde se métamorphosent en agresseurs. Deux autres exemples durant cette semaine illustrent cette sombre réalité : dans un autobus, un homme demande à un couple qui se bagarre de baisser le ton. Furieux, le petit ami lui plante un objet pointu dans le corps. La victime s’est retrouvée à l’hôpital par une journée qui devait être normale, ordinaire. À Plaine-Magnien, deux voisins s’affrontent car l’un a demandé à l’autre de baisser le son de sa musique. Résultat : un couteau a surgi et un des deux protagonistes est actuellement aux soins intensifs où son état est jugé sérieux.
Les cyniques estiment que les agressions existeront toujours, mais ce serait une preuve d’indifférence que d’accepter ce genre de fatalité en se lavant les mains. Car nous serons alors complices de non-assistance aux éventuelles futures victimes en danger sous prétexte que les crimes existent partout ailleurs et que, par conséquent, Maurice ne peut en être épargnée. Avec cette attitude qui traduirait une absence d’espoir d’un pays meilleur, nous enverrons également un mauvais signal aux jeunes, à la génération d’adultes de demain. Or, le message qu’on devrait leur passer, c’est qu’aucune femme, ni aucun homme ne mérite d’être maltraité, brutalisé, battu, et, encore moins, tué.
Il serait donc salutaire de plaider pour que la lutte contre les violences devienne une priorité nationale. La société civile est consciente de la gravité de la situation. Il est temps que les politiques (tous partis confondus) montrent également leur sursaut et témoignent de leur volonté à combattre ce qui est en train de devenir un fléau permanent. Parce que l’action politique sert aussi (accessoirement) à bâtir une meilleure société pour le bien commun des Mauriciens. On pourrait imaginer un grand plan de lutte avec le gouvernement mettant à la disposition des partenaires – ONG, société civile – des moyens incluant plusieurs axes : sensibilisation, prévention, formation, détection de violence, etc.
Plaidons ensemble pour un meilleur respect entre citoyens, plaidons ensemble pour une société où l’humanité prendra le pas sur la violence. Plaidons ensemble pour que des enfants n’assistent plus au meurtre de leurs mères.