Qu’est-ce qu’on aimerait être optimiste en ce début d’année ! Mais comment garder la positive attitude quand nos politiciens se foutent à ce point de nos gueules en nous offrant l’inqualifiable spectacle qui s’est joué ces derniers jours ? Donc, Xavier-Luc Duval s’est essayé au rôle de scénariste.
Après l’épisode «les judas et les traîtres» dénoncés par Ramgoolam, Duval, touché, commençait l’écriture de la réplique. Les premiers épisodes furent tournés à la période de la présentation du budget quand il réussissait le tour de force de ne pas se faire critiquer par l’opposition.
Souvenons-nous : le texte fut tellement bien écrit que même Bérenger avait décodé le body language du leader bleu, et déviait toutes les critiques post-budgétaires sur Ramgoolam. Rappelons-nous ensuite la cour faite par le MMM aux Bleus, le tapis rouge déroulé par Bhagwan. La suite eut lieu à la période de fin d’année. L’expulsion de Sik Yuen (épilogue d’un précédent épisode Desvaux), la position du PMSD qui ne fera alliance avec aucun autre parti où Michael Sik Yuen sera candidat (voyez à quoi on en est réduit sur le plan politique), les points sur les «i», etc. Ensuite les rumeurs de cassure PMSD/PTr, la propulsion d’Aurore Perraud au centre de l’actu, pas parce qu’elle s’est fait entendre sur les grands débats qui agitent notre société, non, non, mais parce qu’elle se ferait courtiser, semble-t-il, par les Rouges, dont l’accueil fut illustré par les bras grands ouverts de sa colistière Kalyanee Juggoo.
Et qu’a-t-on vu ensuite ? L’indécence de l’opposition, plutôt pressée «d’accueillir le PMSD» que de régler un macadam survenu sur une question de place (quand on vous dit que les politiciens n’ont pas à cœur leurs intérêts !) sur un éventuel front bench victorieux après les prochaines élections. Mais le tandem SAJ-Bérenger (sentant le double jeu de Duval ?) ont déchanté rapidement en nuançant 24 heures plus tard, leurs propos : «Nous ne sommes pas en attente.» Trop tard, le ridicule était déjà passé par-là. Le remake a compris tardivement le piège. Au même moment, Duval, lui, devant Ramgoolam, déroulait la liste de sa frustration, réclamant le poste d’Attorney general, entre autres. Aux dernières nouvelles, Marc Hein proche des Bleus aurait dit non à ce maroquin ministériel. Et hier après-midi, c’est Ramgoolam (il s’en sort plutôt de manière honorable en gardant et Sik Yuen et Duval) qui a écrit le dernier chapitre quand un communiqué laconique est venu mettre fin à toutes les spéculations. Ainsi, donc, nous dit-on, Ramgoolam et Duval «ont convenu de continuer à travailler ensemble pour le bien-être des Mauriciens». On savait que l’intêret supérieur du pays allait avoir le dernier mot !
Aux yeux de la population, tout ce jeu n’est qu’un vaudeville à nous donner une première dépression en ce début d’année. D’autant qu’on imagine déjà que, lors de la prochaine période de campagne électorale, Duval, s’il est aux côtés de Ramgoolam, défendra le bilan du gouvernement qu’il voulait quitter pour rejoindre l’opposition. Même scénario du côté de l’opposition qui tirera à boulets rouges sur le ministre des Finances qu’elle voulait accueillir chaleureusement.
Comment ne pas broyer du noir quand la politique atteint un tel niveau de discrédit, quand ceux qui nous dirigent ne donnent aucune importance au sens du peuple, préférant s’éloigner des vrais enjeux, des débats indispensables pour se complaire dans une médiocre futilité. Les scènes de ces derniers jours et la postface d’hier nous rappellent à quel point la politique n’est qu’une question d’intérêts. Alors qu’il y a tant de batailles à mener. C’est la syndicaliste Jane Ragoo qui nous rappelait dans Le Mauricien de jeudi dernier, à quel point le combat contre le chômage doit être prioritaire. La lutte contre la pauvreté reste une autre grande préoccupation de beaucoup de Mauriciens. Mais nos politiciens préfèrent des petites guéguerres…