Ashok Subron, porte-parole de Rezistans ek Alternativ
Rita Venkatasawmy, directrice du Centre d’éducation et de développement pour les enfants mauriciens (CEDEM)
Qu’attendez-vous de la nouvelle année ? De la joie, du bonheur, de l’argent, de l’amour ? Sur le plan personnel, quoi de plus normal ! Mais pour votre pays ? Que souhaiteriez-vous à l’île Maurice pour les douze mois à venir ? Nous avons posé la question à des citoyens engagés dans différents domaines. Voici leur wish list…
Ashok Subron, porte-parole de Rezistans ek Alternativ
«Pour un changement fondamental
dans le système politique»
«L’année 2014 sera décisive. Elle pourrait poser les assises de la société mauricienne du 21e siècle. Mon souhait le plus cher, c’est que chaque citoyen qui veut changer l’histoire ne rate pas ce moment décisif et se l’approprie. J’ai envie de voir un ralliement citoyen (avec des jeunes, des travailleurs, des femmes…), un engagement critique autour du combat pour une nouvelle république non communale, égalitaire, libre et écologique que Rezistans ek Alternativ propose.
En 2014, nous devons décider du changement de paradigme politique et même ‘‘civilisationnel’’. Sinon, les élections générales prévues en 2014 ou en 2015 perpétueront tout simplement un système en décadence.
Est-ce qu’il y aura un changement fondamental dans le système politique qui repose sur la compartimentation communale ? Est-ce que nous pouvons aller vers une forme de démocratie plus participative pour faire face à la pourriture de l’État actuel ? Aurons-nous une nouvelle politique alternative où il y aura un meilleur partage de la richesse, où on respectera les gens qui travaillent ? Est-ce que nous amorcerons une véritable transition vers l’énergie renouvelable à travers les coopératives citoyennes et les petits planteurs ? Relèverons-nous le défi pour le développement d’une économie bleue qui assurera notre sécurité alimentaire en respectant l’écologie marine ? Est-ce que c’est la vie, le mieux-vivre, les valeurs d’éthique universelle et la reconnexion à la nature qui devraient être les moteurs de la société ou l’accumulation de biens matériels et l’accaparement des ressources naturelles ?»
Rita Venkatasawmy, directrice du Centre d’éducation
et de développement pour les enfants mauriciens (CEDEM)
«Des enfants heureux et épanouis»
«Adieu 2013… Et j’espère aussi pouvoir dire adieu à tous les abuseurs d’enfants ! Du fond de mon cœur, je souhaite qu’ils soient non seulement sévèrement sanctionnés, mais qu’ils bénéficient également de thérapies adaptées afin qu’ils ne récidivent pas. S’agissant de nos décideurs politiques, je formule le vœu qu’en 2014, ils fassent tous preuve d’un savoir-vivre et d’un savoir-faire exemplaires. Il est de leur devoir de véhiculer une culture de paix afin de servir de modèles aux enfants mauriciens.
Mon Dieu, faites qu’il n’y ait plus un seul parent qui abandonne ou qui abuse de ses enfants. Nous ne devons jamais oublier qu’aucun être humain ne peut se passer de l’amour de ses parents. Les enfants dépourvus de l’amour parental souffrent atrocement. Je voudrais tant qu’en 2014, les enfants vivent heureux dans leurs familles ! Que leurs parents les aident à apprécier les plaisirs simples et sains de la vie à la mauricienne, à admirer nos sublimes couchers de soleil et nos ciels étoilés, à profiter de nos plages sablonneuses, entre autres. Que 2014 soit l’année des enfants !»
Stefan Gua, artiste engagé
«Débarrassons-nous du communalisme»
«Que peut-on espérer de l’année 2014 ? Qu’elle soit meilleure que 2013 ! D’abord qu’il y ait un partage plus équitable de la richesse, de sorte que se réduisent les disparités entre riches et pauvres. Que notre pays se pose les réelles questions par rapport à la disposition de nos ressources. Par exemple : comment pouvons-nous utiliser nos richesses naturelles pour répondre à notre autonomie alimentaire et énergétique ? Et cela, sans mettre en péril notre écosystème pour que les générations à venir puissent disposer, de la même façon, de ces ressources.
S’il ne fallait faire qu’un vœu, je souhaiterais que nous nous débarrassions du communalisme, du racisme et de toutes les formes de ‘‘castéisme’’ qui nous empêchent de réaliser le réel potentiel humain de la société mauricienne. Enfin, que 2014, année pré-électorale, soit, à l’inverse de 2013, une année
où prime le sens du devoir
envers la nation dans le
domaine politique.»
Nathalie Rose, coordinatrice
du Collectif Urgence Toxida (CUT)
«Criminalisation de la possession de drogue : que 2014 soulève
de vrais débats»
«En tant que coordinatrice de CUT, qui travaille sur la réduction des risques pour les usagers de drogue, je souhaite que 2014 soit une année prometteuse pour la santé, la vie sociale et le respect des droits des usagers de drogue, principalement pour ceux en situation de grosse dépendance et en rupture sociale. Cette population demeure malheureusement, pour une bonne partie, marginalisée et stigmatisée. Cette stigmatisation, dans bien des cas, entrave quotidiennement l’accès aux services dont ils/elles ont besoin : le travail, les services de santé, le logement, les fêtes familiales. Et notre société s’étonne encore qu’ils/elles aient du mal à être ‘‘socialement intégrés’’ !
Aussi, la criminalisation des consommateurs de drogue envoie quelqu’un en prison pour simple possession ou consommation de drogue, alors que les évidences démontrent aujourd’hui la contre-productivité sanitaire, sociale et économique de cette démarche. Que 2014 soulève de vrais débats autour de ces questions !»