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Mots de jeunesse

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Nous avons rencontré cette semaine deux jeunes qui savent manier les mots. Rencontre avec deux univers remplis de phrases et d’émotions.

Alexandra Webber Isaacs : Miss littérature anglaise

La mode et l’écriture. Alexandra Webber Isaacs, 21 ans, adore jongler avec les deux. Et le travail paie. Le 10 décembre, la jeune femme a reçu le Kavi Vadamootoo Prize, décerné par la Mauritius Writers’ Association et récompensant les œuvres littéraires locales écrites en anglais. Alexandra a été primée pour son tout premier roman, Nana, publié à l’Atelier d’Ecriture, dans lequel elle nous raconte comment elle gérait la maladie de sa grand-mère, atteinte d’Alzheimer. A la seconde place, l’on trouve une autre habituée de l’Atelier d’Ecriture, la jeune poétesse Ameerah Arjanee.

Le Kavi Vadamootoo Prize a donc valu à Alexandra un trophée et un chèque de Rs 100 000, une somme qu’elle compte «utiliser dans un but littéraire», sans nous en dire plus. L’histoire d’amour entre les livres et notre interlocutrice est forte, et remonte à loin, très loin. «Je me souviens que, lorsque j’étais petite, j’adorais lire les livres de Roald Dahl, auteur de Charlie et la chocolaterie et James and the Giant Peach notamment. J’ai eu la chance de fréquenter l’école primaire Alexander House, où on initie les élèves à des histoires traitant de la mythologie grecque», explique Alexandra.

Par contre, s’agissant des études secondaires, c’est une tout autre histoire. Alexandra, née de père anglais et de mère mauricienne, a effectué sa première année d’études au Bocage. Puis, de la Form II à la Form V, elle a étudié au collège Lorette de Curepipe. Ses deux dernières années de collège, elle les a passées au collège Maurice Curé. L’expérience acquise au sein de ces différents établissements l’a amenée à conclure que l’approche pour initier les élèves à l’écriture et la lecture n’est pas la bonne : «Il faut arrêter avec ce système qui ne nous fait qu’apprendre la langue, sans nous donner le goût d’aimer lire l’anglais (…) Il ne faut pas que l’anglais soit montré comme une obligation. Lisez ce que vous aimez tout d’abord car un livre débouche toujours sur un autre. J’en suis convaincue : lire, c’est fun.»

Après les études secondaires, la demoiselle, fille de David Isaacs, Managing Director de Courts, opte pour la filière Economie au Charles Telfair Institute. En parallèle, elle bouquine (les classiques se succèdent : Jane Austen, Charlotte Brontë, entre autres) et vit à fond son autre passion : la mode. Elle crée même son blog, Style Mauritius (stylemauritius.blogspot.com), qui reçoit, ces derniers temps, près d’un millier de visites par jour.

Son approche : «S’intéresser au côté artistique de la mode.» C’est justement en bossant dans ce milieu qu’Alexandra va rencontrer Shenaz Currimjee, dont une œuvre a été publiée par l’Atelier d’Ecriture. «Un jour, on déjeunait à l’Atelier littéraire, à Port-Louis et c’est là que j’ai rencontré Barlen Pyamootoo qui m’a demandé si j’écrivais aussi. Je lui ai montré le début de Nana, je n’avais écrit qu’une page. Trois mois plus tard, je lui ai donné le manuscrit. Et six mois après, c’était publié. Je n’y aurais jamais cru ! Le fait que le livre ait été publié me fait dire que je consacrerai le reste de ma vie à la littérature anglaise», soutient.

D’ailleurs, Alexandra entamera sa deuxième année d’études en littérature anglaise à l’Université de Durham l’année prochaine. Cela, tout en préparant son deuxième roman qui nous parlera d’une jeune fille de 17 ans et de sa vie dans les années 70, juste après l’indépendance et en pleine guerre raciale. Pour Alexandra, «ce sera en même temps une réflexion sur une époque» : «Et je vais, une fois de plus, m’exprimer à la première personne car c’est comme cela que j’arrive à développer les émotions.»

On attend ce fameux livre avec impatience !

David Olivier : Conteur en douceur

Conscientiser avec beaucoup de douceur… Est-ce possible ? On serait tenté de répondre par l’affirmative après avoir lu le dernier livre de David Olivier, un Mauricien résidant en Belgique, qui s’intitule Souviens-toi de nous. Un ouvrage qui succède à Samantha dans le vent en 2010, L’ange et la fleur en 2006, et Sabrina en 2004. Un auteur très sensible qui se démarque par ses illustrations très manga et des récits où l’on retrouve beaucoup de romance et de mélancolie. De passage chez nous, ce jeune homme de 30 ans qui se décrit comme un écrivain romantique, se confie.

Après une romance dans L’ange et la fleur ou même les émois amoureux de Sabrina, Souviens-toi de nous nous raconte la relation entre une petite fée, qui va croire en l’humanité, et un jeune homme. Une sorte de mélange entre le livre romantique et le conte écologique. «Je fais des sauts entre Maurice et la Belgique, or quand je suis revenu ici, j’ai vu que c’était de plus en plus bétonné et que les gens polluent de plus en plus l’environnement. Récemment, un ami et moi sommes allés nettoyer la plage de Flic-en-Flac, c’est vous dire le besoin de parler de l’écologie», souligne notre interlocuteur. Il explique comment l’idée du livre lui est venue : «C’est quand un soir d’automne, je discutais avec deux amis de la communication avec les fées qui était devenue impossible parce que nous nous sommes tellement éloignés de la nature.»

La suite, vous la connaissez : Souviens-toi de nous, illustré par Christelle Barbe et Yuna Miyamura (c’est Olivier lui-même qui a illustré ses livres précédents). Un livre qui se veut militant car l’auteur est convaincu que la dénonciation par la violence n’est pas la solution. «Par exemple, plusieurs chansons de rap dénoncent mais je ne retiens que l’agressivité des paroles. Je pense que si on conscientisait avec douceur, les gens comprendraient mieux», déclare David Olivier. Et d’ajouter : «Oui, les gens, même ceux qui adorent la lecture, n’ont plus le temps de lire de nos jours. C’est pour cela que j’ai voulu écrire dans un langage simple, choisir la simplicité des mots.»

La suite s’annonce en tout cas sous les meilleurs auspices pour notre jeune auteur, puisqu’il devrait présenter son dernier ouvrage à un éditeur l’année prochaine en Belgique. Entre-temps, Souviens-toi de nous est disponible dans les librairies de l’île.

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