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Travail : vivre ou survivre ?

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Stress, anxiété, difficultés à dormir, boule au ventre ? Attention, ce sont peut-être des signes qui indiquent que les choses ne tournent pas rond au travail.

Colère, stress, joie, déception, course à la réussite, compétition… Au boulot, c’est souvent un peu la jungle. S’il n’y a pas d’esprit de groupe, chacun se tire dans les pattes. Dans ce milieu parfois hostile, il est important de savoir gérer les conflits et les émotions afin de ne pas être pris dans un tourbillon infernal ! Explications de la psychologue Véronique Wan…

Il y a la surcharge de travail, le stress de la course à la productivité, la pression, la promotion ratée. Sans oublier la frustration du salaire qui ne décolle pas, la mauvaise ambiance au bureau, les conflits et les jalousies entre collègues, et le patron à qui on n’arrive pas à parler... Souvent, le monde du travail prend des allures de champs de bataille. Évidemment, ce scénario est le pire que l’on puisse imaginer pour sa vie professionnelle. Mais toujours est-il que bien s’entendre avec ses collègues et sa hiérarchie est essentiel pour de bonnes relations professionnelles même si, en réalité, c’est beaucoup plus facile à dire qu’à faire.

Dans ce monde parfois impitoyable, la souffrance, les déceptions et les conflits sont fréquents et quelques fois inévitables. Face aux objectifs, qu’on ne parvient parfois pas à atteindre, où on requiert toujours plus de productivité, d’efficacité et de rentabilité, le travail devient alors un cercle vicieux duquel on a du mal à sortir. «On dit que la pression vient d’en haut. Les conflits existent à tous les niveaux et surtout parmi le top management où il y a énormément de responsabilités, de pression et de tension. Tout cela est alors déversé sur les employés», explique Véronique Wan, psychologue. S’il y a d’un côté tous les conflits «intra-personnels» par rapport à la charge et la difficulté du travail, à la contrainte de temps et aux frustrations que l’on doit gérer soi-même, il y a aussi tout ce côté relationnel qui fait pencher la balance.

Effectivement, comme l’a écrit le journaliste Martial You dans son livre Manuel de survie au travail, le monde du travail est un milieu «difficile» émotionnellement et «artificiel», où les relations sont compliquées et complexes. «Comme dans toutes relations humaines mais surtout dans cet univers, il y a de la frustration, de la jalousie, de l’envie qui s’installent entre collègues parce que l’autre est plus proche du patron que nous, parce que notre collègue a un salaire plus élevé que le nôtre, parce que l’on se sent menacé par le nouveau collègue», déclare Véronique Wan.

En effet, les conflits entre collègues sont nombreux. Ils surviennent suite à un malentendu, un désaccord, de la rivalité et provoque une atmosphère tendue dans laquelle il est difficile de s’épanouir professionnellement.

Certaines personnes, comme l’explique la psychologue, ont du mal à travailler en équipe et préfèrent travailler seules causant, dans certains cas, une mauvaise cohésion de groupe. D’autres, qu’il s’agisse du travail en lui-même ou des relations entre collègues, préfèrent rester dans leur coin et ne pas s’investir.

«Ils viennent travailler uniquement pour le salaire perçu à la fin du mois et n’ont pas vraiment de plaisir à faire ce qu’ils font et à être avec les autres», souligne-t-elle. Il y a aussi ceux qui n’aiment pas partager et s’entraider, par jalousie ou par pur égoïsme.

Bien sûr, de nombreux collègues sont aussi de bons amis mais cette relation est différente et n’obéit pas aux mêmes règles qu’une autre car cette amitié doit faire face à la pression, aux jalousies, aux palabres et aux rumeurs mais aussi à l’ambition, un facteur important qui peut sérieusement la mettre en péril. «Le monde du travail est souvent cruel. Par exemple, quelqu’un qui a mal fait son travail peut ne pas vouloir l’assumer et essayer d’embarquer son collègue dans le coup pour se tirer d’affaire. La plupart veulent plaire, se démarquer, garder leur zone de confort, réussir, toucher plus que l’autre et protéger leur espace. C’est tout à fait humain», déclare Véronique Wan.

Guerre ouverte

Gérer les conflits au bureau est beaucoup plus compliqué qu’il n’y paraît. Avant tout, chacun doit se poser des limites afin de se protéger. Si c’est la guerre ouverte avec un collègue, c’est probablement mieux de se poser et de prendre de la distance par rapport au problème afin de pouvoir analyser la situation. La solution se trouve aussi peut-être dans l’empathie car dans tout désaccord, il est important de se mettre à la place de l’autre et de comprendre les raisons qui le poussent à agir ainsi. Autre sujet épineux : les émotions !

Eh oui ! Dans un milieu où les nerfs sont mis à rude épreuve, où l’on est souvent poussé au bout de ses limites et ses retranchements, et où les relations humaines sont compliquées, il est difficile de gérer ses émotions au quotidien. Sauter de joie

en apprenant qu’on a été augmenté ? Pleurer en apprenant qu’on ne sera pas promu ? Perdre son vocabulaire face à un client difficile ? Exploser de colère parce que cela fait des mois que vous vous consacrez à ce projet et qu’au final, c’est votre collègue qui récolte tous les mérites ? Cela peut arriver. Lorsque les émotions s’immiscent dans notre milieu de travail, elles prennent le dessus et débordent, alors que nous ne voulons pas qu’elles soient visibles. Pourtant, elles sont bien là. Il est donc important, selon Véronique Wan, de les gérer de la meilleure manière qui soit afin de ne pas les laisser prendre le dessus.

Pour cela, il faut avant tout être attentif aux signes de mal-être. Le stress qui vous empêche de dormir, la routine qui s’installe, la déception de la promotion qui vous file entre les doigts, la frustration des privilèges qui vous échappent, la jalousie de voir le collègue proche du patron, le sentiment de se sentir mis à l’écart du groupe, le nouveau collègue fraîchement débarqué qui représente une menace et une insécurité… Voilà autant d’éléments qui contribuent à se sentir démotivé et à redouter sa journée de travail.

Si votre première pensée au réveil se résume à «je n’ai pas envie d’aller travailler», «j’en ai marre» ou encore «ça me fatigue», c’est que quelque chose ne tourne pas rond.

Pour mieux vivre tout cela et ne pas subir un trop-plein d’émotions, il est très important de ne pas placer son travail au centre de son existence car, dans la vie, souligne la psychologue, il n’y a pas que le travail. «Faire de son travail sa raison de vivre est un vrai danger car, au moindre problème, c’est son monde qui s’écroule. Il faut faire la balance entre la vie privée et professionnelle. Il faut aussi se concentrer sur nos autres sources d’intérêts et de bonheur comme notre famille, notre vie sociale, nos activités, nos loisirs», explique Véronique Wan. Et comme l’a dit la psychothérapeute Anne-Catherine Sabas, le mieux c’est de «travailler pour vivre et non pour survivre».

Confidences...

Bernard, graphic designer

«Je dis toujours ce que je pense»

Une fois, mon directeur a décidé de céder mon bureau à un auditeur externe pour un certain temps car il y avait un manque de place au bureau. Ce qui m’a énervé, c’est qu’il ne me l’a pas demandé directement mais par le biais du Office Superintendent. D’habitude, comme je suis très à l’aise avec lui, il m’appelle directement pour régler un souci sur son ordinateur, faire un design personnel sur Photoshop ou des certificats pour les stagiaires.

Donc, comme je ne comprenais pas sa démarche, je suis allé le voir dans son bureau pour lui demander des explications. Je lui ai demandé pourquoi il avait décidé de prendre mon bureau et pas celui d’un autre. Je voulais surtout savoir pourquoi il ne me l’avait pas dit lui-même. J’étais vraiment déçu parce que je travaillais dans cette compagnie depuis huit ans et voilà qu’un matin, j’arrive et je me retrouve sans bureau. Depuis, au boulot, je dis ce que je pense afin qu’on me respecte et je ne me laisse pas marcher sur les pieds. Je suis franc et direct. Quand il y a un problème, je dois impérativement parler à la personne concernée tout de suite. Ensuite, j’oublie tout. Je ne suis pas du genre à ne pas dire bonjour après. Une fois que c’est dit, c’est dit. Pour moi, c’est ça le plus important.

Anusha, directrice d’une compagnie privée

«J’ai fait un burn out»

Je crois qu’il est important de rester soi-même. Il faut apprendre à s’adapter aux situations et aux différentes personnalités, sans pour autant être trop conciliant et tout accepter. Être sympa mais ferme quand il le faut. Le tout, avec une touche d’humour. L’exercice le plus difficile est de parvenir à prendre sur soi. Cela vient avec l’âge et l’expérience. On apprend à ne pas réagir au quart de tour lorsque, dans sa carrière, on a déjà dirigé plusieurs équipes. Respirer, attendre et ensuite réagir. Mais ça, c’est plus facile à dire qu’à faire. J’ai appris à comprendre, à repérer les collègues qui ont le chic de déposer leurs problèmes sur mon bureau.

Savoir dire «non» se révèle alors être une qualité essentielle pour survivre. Je sais aussi repérer les personnes «toxiques». Il faut les fuir comme la peste si vous ne savez pas comment ériger une barrière mentale entre vous et leur méchanceté. Au lieu de me mettre en colère, je préfère rester concentrée sur le but à atteindre et ensuite, décider quoi faire. Une fois, j’ai eu envie de tout plaquer. C’était après avoir monté et lancé un gros projet avec succès. J’étais épuisée mentalement et physiquement. J’ai fait un burn out. Je ne me supportais plus. Et c’est dommage que dans le milieu du travail, il n’y a pas de structure pour parler de ce type de problème et le surmonter. C’était un moment très dur mais j’en ai tiré une leçon : il ne faut plus se définir uniquement par le travail. Il faut penser à soi avant tout.

Ismaël, directeur artistique

«Subir l’humeur de certains»

J’ai eu l’occasion de travailler dans une assez grande firme comptable, où je gérais une petite équipe de créatifs. C’était la rencontre de deux types de personnalité. Les comptables sont des personnes très rationnelles et parfois stoïques alors que, dans notre équipe, nous venions de l’avant avec des idées créatives. Parfois, ce n’était pas évident de faire passer les messages mais ce qui était génial, c’est que cette entreprise avait développé une culture de respect de l’autre très poussée. Ce qui explique que nous avions l’opportunité de nous épanouir, sans avoir à gérer des conflits. La maturité et la compréhension ont toujours eu le dessus sur les problèmes. J’ai aussi travaillé pour une boîte de pub par la suite, où la philosophie était de laisser libre cours à notre imagination car nous devions encourager l’expression de tous et nous devions souvent subir l’humeur de certains d’entre nous. Très souvent, nous devions faire face à des sentiments très négatifs de la part de ces personnes, ce qui créait des tensions inutiles au sein de la petite équipe et démotivait tout le monde. Des fois, il y avait même des prises de bouche et des injures. Je pense qu’au travail, il est capital de maîtriser ses émotions et surtout de respecter les personnes autour de nous. Ce que je détestais le plus, c’était la «politique» en entreprise et les ragots qui faisaient émerger une très forte dose d’hypocrisie. Pour que l’entreprise progresse et que chacun soit à l’aise, il est capital d’être sincère envers sa propre conscience et d’avoir des valeurs bien fortes et de vivre ces valeurs sans dévier et tomber dans la manipulation, l’hypocrisie et le mensonge.

Le saviez-vous ?

Après la pause déjeuner, la productivité d’un employé prendrait un sacré coup… de pompe ! C’est du moins ce qu’a révélé une étude britannique menée par des chercheurs de London Offices. Selon ces derniers, 14h55 serait l’heure à laquelle les employés sont le moins productifs de toute la journée. Les 420 employés qui ont participé à cette étude ont avoué qu’ils perdent toute forme de motivation et flânent sur les réseaux sociaux ou discutent avec leurs collègues au lieu de travailler. À l’inverse, 10h26 et 16h16 seraient des horaires particulièrement propices au travail.

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