Christelle, Evan, Ludovic et Thierry rêvent d’avenir meilleur pour leur art.
Plusieurs participants locaux de cet événement, qui se tiendra du 5 au 7 décembre, nous donnent leur avis sur l’état de la bande dessinée dans notre île.
Ça se porte bien ? Un peu ? Pas trop ? Qu’importe, la nouvelle édition du Festival Il’en Bulles se tiendra du 5 au 7 décembre, essentiellement au Caudan Waterfront. Au programme, des ateliers pour pros et amateurs, des expositions et la présence de bédéistes d’ailleurs (notamment Serge Carrère, auteur de Leo Loden, qui connaît un gros succès en France) et d’ici. Ce sont ces derniers qui nous intéressent, car ils peuvent nous dire où en est la BD à Maurice.
On commence avec le plus jeune représentant du festival, Ludovic Lufor, 18 ans, illustrateur numérique qui sera à sa première participation au festival, dont la dernière édition remonte à… 2007 : «J’ai remarqué qu’en ce moment au collège, les jeunes sont très branchés comic books américains. Certes, c’est bien, mais je pense qu’il faudrait aussi promouvoir des bandes dessinées d’autres pays, et aussi faire comprendre au grand public que la bande dessinée n’est pas que pour les enfants, qu’on peut, comme la littérature, parler de sujets sérieux et inciter à des réflexions.»
Pousser à la réflexion, changer les mentalités et reconnaître le travail créatif, c’est aussi ce que veut Christelle Barbe, qui s’est fait un nom comme dessinatrice très manga avec ses deux albums collectifs publiés et sa participation active aux conventions mauriciennes de cosplay. «Au niveau des mangas, c’est clair qu’avec Internet, on peut en lire pas mal gratuitement. Le mieux, c’est de créer des espaces propres à la BD en général, où l’on vendrait mangas et albums de BD. Si ces produits se vendent moins cher aussi, les gens préféreront les acheter et, en même temps, le travail créatif des auteurs serait reconnu. Pour le moment, c’est décourageant de bosser énormément en ayant en tête qu’il suffit d’un clic pour qu’on ait accès gratuitement à votre travail», souligne-t-elle.
La BD trop accessible donc ? La réponse est «oui» et «non» pour Thierry Permal, connu pour ses illustrations dans les livres de l’écrivain pour la jeunesse, Amarnath Hosany, et la revue mauricienne Ticomix. «Je suis content que le public ait maintenant plus accès à la bande dessinée sur Internet, mais cela reste à un certain point. D’où l’importance de la promotion et la tenue de festivals comme celui-ci, ce qui malheureusement engendre un coût pas tout le temps rentable. D’un autre côté, les albums de BD se vendent toujours cher, ce qui n’est pas en faveur du public.»
Son ami Evan Sohun (les deux sont membres de l’association Cro’Art), qui vient de sortir le livre pour enfants Lilet ek Gaspar avec l’écrivaine Brigitte Masson, nous livre un point de vue plus optimiste : «Je pense qu’il y a un public d’habitués pour la BD et que c’est ce même public qui viendra au festival. Et je suis content de voir qu’il y a de plus en plus de personnes abonnées aux médiathèques de l’Institut français de Maurice et de l’Alliance française, qui sortent avec des BD sous les bras. Ce qui me fait dire que la BD doit être promue, car avant la littérature, elle peut être ce pas qui pousserait les plus jeunes vers la lecture, car lire une BD peut être plus facile que lire un énorme roman. Il y a aussi un rapport à la fois à l’image et aux mots.»
Quoi qu’il en soit, rendez-vous au Caudan du 5 au 7 décembre.