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Comment le cancer a changé ma vie

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Elle s’apprête à vivre une nouvelle étape dans sa phase de reconstruction.

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Avec son époux Ismael, ils forment un duo de choc.

Pendant le mois rose, on l’a vue partout : sur les billboards, dans les journaux, entre autres. Et maintenant que le mois d’octobre est passé, elle a choisi de venir de l’avant à nouveau. Son message : «La lutte contre le cancer, c’est tout le temps et pas uniquement pendant quelques semaines de campagne.»

C’est une véritable force de la nature qui ne tient pas en place. Et, en ce moment, elle compte les jours. Elle est impatiente, dit-elle, de vivre une étape de plus – «encore une» – dans sa phase de reconstruction. Car, vendredi prochain, Shamima Patel-Teeluck, 47 ans, va devoir faire face à une nouvelle opération. Mais contrairement à tout ce qu’elle a vécu au fil de ces trois dernières années, sa prochaine intervention ne lui fait pas peur. «Bien au contraire», lâche celle qui, depuis le mois d’octobre, est un visage connu des Mauriciens, ayant été l’ambassadrice de la lutte contre le cancer du sein durant le mois rose : «Je suis contente car je m’apprête à me réconcilier avec mon corps.»

Grâce à une initiative du Centre de Chirurgie Esthétique de l’océan Indien, à Trou-aux-Biches, Shamima et deux autres victimes du cancer bénéficieront d’une reconstruction mammaire. Ce qui représente beaucoup pour elle : «Quand une femme a eu un cancer du sein, l’étape de l’ablation est très difficile. Il y va de notre féminité, de notre sexualité. On passe par des moments de doute, de peur. Et dans ces moments-là, on pense aussi aux regards des autres mais également à notre regard sur notre corps diminué.»

Autant de tourments par lesquels elle est passée. Et aujourd’hui, alors qu’elle s’apprête à procéder à cette opération tant attendue, elle ne peut pas ne pas repenser à tout ce qu’elle a vécu depuis que le cancer s’est invité dans sa vie en 2010 : «Un cancer, c’est une véritable bataille, une lutte contre un mal puissant et dangereux, un face-à-face avec la mort et une grande envie de vivre.» Et depuis trois ans, dit-elle, elle a tout vécu et est passée par de multiples bouleversements : le choc en apprenant la terrible nouvelle, la douloureuse opération, la chimiothérapie, la transformation physique, se voir maigrir, perdre ses cheveux, entre autres épreuves que son traitement nécessitait.

«Mon engagement»

Mais lorsqu’elle passe en revue les années écoulées, Shamima, qui assure le poste de manager à Variety Foods à Curepipe – une firme qui se charge de l’importation et la distribution du fromage Melbourne à Maurice – s’arrête surtout sur toutes ces «petites choses» qui ont à jamais changé sa vie : «Je me suis découverte une force intérieure.» Et malgré tout, elle n’a jamais renoncé à être et à se sentir femme et à attendre un heureux dénouement : «Certes, j’ai pensé à la mort mais j’ai d’abord voulu croire que c’était une mauvaise passe que je devais affronter.» Son cancer, devenant une partie intégrante de sa vie, Shamima décide alors de tout faire pour guérir : «J’ai eu la chance d’avoir les bonnes personnes autour de moi : mon époux Ismael et mes deux filles Fatimah, 23 ans, et Aïsha, 20 ans, qui ont été mes remparts, mon soutien, mes raisons de vivre dans cette épreuve.»

Car, dans cette bataille, souligne Shamima, il est important de ne pas se sentir seul. Transformée par cette «chose» qui a chamboulé sa vie, elle a choisi, depuis cette année, de se donner entièrement à cette bataille qui est devenue pour elle comme une arme, comme une façon d’apporter sa pierre à cette cause qui lui tient à cœur. Présente, visible, elle est sur toutes les plateformes, du moins là où elle le peut, pour apporter sa voix.

Engagée auprès de Link To Life, une ONG qui milite aux côtés des malades du cancer du sein, Shamima souhaite que tous les Mauriciens soient conscients du danger qui guette : «Le dépistage est important. Dans mon cas, il aurait suffit que je tarde un peu pour que ça soit trop tard pour moi. Le cancer peut affecter n’importe qui. Personne n’est à l’abri. C’est pour cette raison que j’invite toutes les femmes à se familiariser avec ce qu’on appelle la palpation. Je les invite aussi à s’intéresser à ces ONG qui font un excellent travail avec les malades qui sont souvent perdus dans ces moments difficiles.»

Sa maladie, lui fait découvrir cet aspect d’elle-même qu’elle ne connaissait pas : «J’ai toujours évolué dans la vente mais je ne savais pas que j’avais la capacité de me livrer derrière un micro, de raconter quelque chose qui est si intime sur l’antenne d’une radio, de répondre à des interviews mais surtout de devenir, le temps d’une campagne, le visage du cancer.» Et au final, dit-elle, la meilleure arme, c’est d’en parler, de tenir tête à la maladie : «Effectivement, le cancer fait peur, mais il ne faut pas en avoir peur.»

Avec ce par quoi elle est passée, Shamima sait désormais qu’un support psychologique est important pour les malades : «Certes, apprendre qu’on a un cancer, c’est quelque chose. mais je peux vous dire que ce qui suit l’annonce est très pénible à vivre. Par exemple, la perte de ses cheveux ou encore les séquelles de la chimiothérapie. C’est pour cela que j’estime qu’un suivi psychologique est essentiel.»

Depuis qu’elle est au devant de la scène, Shamima est aussi souvent sollicitée et à chaque fois, elle se fait un devoir d’écouter et de répondre à toutes les questions : «Les gens me contactent sur Facebook, certains arrivent à avoir mon numéro de téléphone et même si une personne, une femme, m’a fait des remarques par rapport à mon engagement, je me fais toujours un devoir de répondre à tout le monde. Depuis, je sais que le cancer est un sujet qui est encore tellement méconnu. Il faut en finir avec tout ça…» Paroles d’une survivante qui est déterminée à se battre, encore et encore !

Vue par…

Ismael Teeluck, son époux : «Un mental d’acier»

Sa force, dit-il, c’est son côté fonceur : «Shamima a un mental d’acier et elle ne recule devant rien. Même la maladie ne l’a pas fait reculer. Et elle est comme cela tout le temps, dans tout ce qu’elle fait.»

Elizabeth Dalais, vice-présidente de Link to Life : «Une force de caractère»

Pour elle, Shamima a grandement contribué à démystifier le cancer. «Shamima est une vraie force de caractère qui, en devenant le visage du cancer, a su apporter et transmettre un message d’espoir. Le taux de dépistage a grandement augmenté suite à la campagne», nous explique Elizabeth Dalais, vice-présidente de Link to life qui, depuis 10 ans, offre les services d’écoute psychologique aux malades du cancer, propose un service de transport à ceux qui doivent faire des séances de chimiothérapie, sans oublier les séances de dépistage que ce soit pour le cancer du col de l’utérus ou du sein, avec l’apport des médecins et gynécologues, entre autres.

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