Aisha Allee-Mosaheb entourée de ses deux fils, sa plus grande fierté.
Avec l’appui de Laval, son époux, Nathalie est une mère présente et attentionnée avec Laetitia et Ludovic.
Les Mauriciennes d’aujourd’hui sont des femmes actives. Entre être mère au foyer et le travail, elles n’ont pas voulu choisir. Elles s’occupent de la maison et des enfants tout en étant des femmes de carrière et ça leur plaît. Témoignages…
Mener de front sa vie professionnelle et sa vie familiale… C’est le quotidien de nombreuses Mauriciennes. Si devenir maman fait le plus grand bonheur d’une femme, avoir une carrière professionnelle qui permet une totale indépendance financière est tout aussi primordial pour son épanouissement. Aujourd’hui, de plus en plus de femmes choisissent d’être des mamans qui travaillent. Du coup, jongler avec son travail, son (ses) enfant(s) et les nombreux impératifs qui rythment le quotidien n’est pas tous les jours facile. Pourtant, pour ces mamans, arrêter de travailler n’a jamais été une option. Entre les responsabilités et les contraintes du bureau, la maison et les enfants, leur organisation est millimétrée à la minute près et leurs journées ressemblent souvent à un marathon.
C’est le cas de Rhena Bunwaree, attachée de presse et mère de Rhushil, âgé de 5 ans. Elle a mis en place une routine bien huilée. Dès son réveil, à 5 heures du matin, ça bouge. Entre la préparation des repas, le nettoyage, s’occuper du petit, l’accompagner à son van scolaire et se préparer pour aller au boulot, les matins de Rhena sont chargés. «Le challenge est de connaître ses priorités. Et gérer son temps de la meilleure façon possible est primordial. En semaine, m’asseoir avec mon fils pendant qu’il fait ses devoirs et lui lire une histoire avant qu’il s’endorme est un must. En week-end, je choisis un jour pour me consacrer entièrement à ma famille. J’oublie l’ordinateur et mon portable, et on sort, on joue ensemble», raconte-t-elle.
Les journées d’Aisha Allee-Mosaheb, directrice de Blast Communications et mère de deux garçons, ressemblent aussi à une course contre la montre. Pour elle, tout est une question d’organisation : «Je prépare le petit déjeuner, réveille les enfants et m’occupe d’eux, je me prépare, réponds à mes mails, je dépose les gosses à l’école et je file au bureau. Quand je peux, je les récupère après l’école et on passe du bon temps avant le dîner.» Si, en semaine, Aisha est souvent sur le rush, en week-end et pendant les vacances, c’est une autre femme. Elle profite au maximum de ses enfants.
Un temps pour soi
Pour elle, il est important de s’arrêter et de prendre un temps pour soi : «Si on n’est pas bien dans sa peau, on vivra mal, même si on donne tout son temps à sa famille.» Moira Meo, maman du petit Bartolomeo, âgé de 3 ans, s’accorde, elle, une matinée par semaine : «Le samedi matin, je fais du sport et des petites courses. Il m’arrive de culpabiliser, mais je réalise que ce moment à moi me permet d’être bien et de donner le meilleur de moi-même à mon fils. On peut ensuite passer le week-end ensemble, intensément.»
Nathalie Ah Poong, une fonctionnaire, est aussi une maman très speed. Chaque matin, elle se livre à un véritable sprint. Heureusement, souligne-t-elle, elle a la chance de pouvoir rentrer à la maison à
16 heures et de pouvoir compter sur le soutien de son époux. Du coup, elle a un peu plus de temps pour la maison et sa famille : «Je suis très proche de mes enfants. Nous avons nos moments bien à nous, des sorties entre mère et fille avec Laetitia, des parties de jeu avec Ludovic. Mon mari et moi veillons à toujours les encadrer dans tout ce qu’ils font.»
Chaque après-midi, Moira, responsable de la communication et des relations presse de l’hôtel Maritim, se consacre entièrement à son fils jusqu’à l’heure du coucher. Elle bénéficie aussi d’horaires fixes, un sacré avantage pour bien s’organiser : «J’ai aussi de la chance d’avoir un super mari et de l’aide, ce qui me permet de jongler entre vie professionnelle et vie privée. Le challenge est d’arriver à être performante au travail, comme maman et comme épouse.»
Pourtant, pour certaines femmes, trouver un juste équilibre est plus compliqué. C’est le cas d’Arielle Estazar-Melisse qui jongle avec bébé, boulot et études. Maman de Logan, qui fêtera son premier anniversaire en décembre, elle est assistante commerciale marketing dans un centre de formation et étudiante en Business Management à l’Université de Maurice. Travailler est pour elle une obligation car un second salaire à la maison est indispensable. Avec toutes ses responsabilités, elle se sent souvent débordée. «Il me faut rester optimiste et garder la tête froide. J’essaie de suivre un planning, mais j’ai tout le temps l’impression de gérer très mal. Je suis tout le temps à la bourre et je me sens constamment fatiguée. Heureusement, je peux compter sur mon époux pour m’aider avec Logan et les tâches ménagères», confie-t-elle.
Passer à côté de certaines choses importantes de la vie de son enfant, c’est la crainte qu’expriment souvent les mères qui travaillent. L’angoisse de la séparation et le sentiment d’abandon sont aussi douloureux pour les nouvelles mamans. En témoigne Arielle : «Après mon congé maternité, j’ai souffert à l’idée de manquer certains événements importants de la vie de Logan. Heureusement, il m’a toujours attendue pour ses premières fois. En y réfléchissant bien, je me dis que ce n’est pas le temps passé avec lui qui compte le plus, mais la qualité de nos échanges.»
Faux-semblants
De son côté, si elle se remet souvent en question, Aisha ne nourrit pas de regrets. Travailler est pour elle une «stimulation intellectuelle» qui contribue à son épanouissement personnel. Selon elle, les femmes qui travaillent font souvent les frais de faux-semblants, de chantages affectifs, de rumeurs désobligeantes et malveillantes : «Je sors plus forte de ces expériences. Le bonheur est un état d’esprit avant tout et, pour moi, cette quête du bonheur nécessite qu’on soit en phase avec ses valeurs. Ceux qui ne le réalisent pas sont tristes. Ceux qui passent leur temps à regretter le sont encore plus.»
D’autres, comme Moira Meo, ne pourraient tout simplement pas être femme au foyer à plein temps : «C’est un métier très fatigant. Par contre, j’admire les femmes qui le font.» Pour Rhena, tout est une question de perspective. Selon elle, si s’investir dans une carrière équivaut à être indépendante économiquement, il ne s’agit pas uniquement du fait de récupérer sa fiche de paie chaque fin de mois : «C’est comme une avenue où l’on développe ses talents, ses capacités et où l’on ne cesse d’avoir des objectifs. Être une femme de carrière est un état d’esprit.» Être une femme active qui concilie boulot et famille convient à Aisha. Pour elle, c’est un investissement pour l’avenir : «J’assume mes choix et je fais le maximum pour réussir ma vie afin de donner ce qu’il faut à mes enfants.» Comme quoi, cela prouve que lorsqu’elles ont le choix, les femmes font les deux, les enfants et le travail !
Parole de Pro
Hema Conhyedoss, psychologue
«Autant avoir une mère heureuse et épanouie»
Entre la maternité et le travail, y a-t-il un choix à faire ?
Aujourd’hui, les femmes s’assument de plus en plus au travail car cela leur permet d’être financièrement indépendantes et de s’épanouir. Les enfants qui reçoivent suffisamment d’amour et d’affection d’une maman qui travaille peuvent être beaucoup plus heureux qu’un enfant dont la maman est mère au foyer. Autant avoir une maman heureuse et épanouie grâce à son boulot qu’une
maman frustrée.
L’absence répétée de la maman réduit-elle le développement de l’enfant ?
Tout dépend du lien que la maman a créé avec son enfant. Si elle accorde une importance particulière aux besoins affectifs de son enfant, qu’elle le prépare déjà en amont sur la façon de vivre cette séparation et qu’elle le comble d’amour quand ils sont ensemble, il n’y a aucune raison pour que l’enfant ressente un manque.
Les mères qui travaillent trop développent-elles un sentiment de culpabilité ?
C’est souvent le cas. Mais les mamans doivent se rassurer et arrêter de culpabiliser. Si l’on est organisé, que l’on gère bien son temps et que l’on donne à son enfant suffisamment d’amour et d’attention, cela suffit, c’est l’essentiel. Une mère peut ne pas être systématiquement avec son enfant, mais c’est le quality time qui compte. Elle doit toujours garder en tête qu’il est important de faire la balance entre sa vie professionnelle et sa famille. Il faut aussi qu’elle prenne ses responsabilités affectives envers son enfant.
Le saviez-vous ?
Quand maman travaille, bébé est heureux quand même. C’est la conclusion d’une récente étude réalisée par les scientifiques de l’université new-yorkaise de Columbia. Eh oui, selon eux, les enfants dont la mère a recommencé à travailler quelques mois après avoir accouché, ne sont ni plus ni moins heureux que les autres. Ils affirment aussi qu’une maman qui travaille est en général beaucoup plus épanouie et aurait même tendance à montrer plus de «sensibilité maternelle» qu’une mère au foyer. Alors, mesdames, inutile de culpabiliser.
Appel à témoins
- Vous vivez au sein d’une famille recomposée. À la maison, c’est carrément la tribu.
- Père au foyer, vous avez quitté votre boulot pour vous occuper de vos enfants et c’est madame qui ramène les sous à la maison.
- Vous êtes parent malgré un handicap.
Votre témoignage nous intéresse. Nous aimerions en savoir plus sur votre quotidien, vos joies, vos difficultés, votre organisation…
Merci de nous contacter par mail sur amy.kamanah@5plus.mu ou sur le 206 8261.