Plus de soixante ans et toujours la forme !
À l’heure où nous mettions sous presse, il était prévu que le chanteur de Katiya Creole soit un des invités du concert de Désiré François, à Phoenix, hier. Il nous ouvre ses portes.
On voudrait bien qu’il nous raconte letan lontan. Car, à entendre Sylvio Louise, il semble que «c’était mieux avant». Il était prévu que le ségatier, auteur des fameux Poisson Sale et Soul Kawal, soit un des invités du concert de Désiré François et du groupe Cassiya au J&J Auditorium, à Phoenix, hier.
L’artiste de 64 ans nous parle un peu de ses débuts, de son ascension et de sa vision du milieu musical actuel. «Je me souviens que j’avais été un peu malchanceux avec mon premier 45 tours, dans les années 70 ; la cassette audio venait tout juste d’émerger. En 1982, j’ai sorti Dynamite. Mais ce n’est que vers le début des années 90 que tout a vraiment commencé pour moi», raconte-t-il. Et de poursuivre : «Après deux CD, ciblant uniquement le marché réunionnais, j’ai sorti Katiya Creole. En même temps, l’île Maurice découvrait Désiré François qui s’était fait un nom avec la
chanson Séparation.»
Lorsque la bande à Désiré François grimpait en popularité, Sylvio Louise, lui, connaissait aussi le succès avec les fameux Matounate et Soul Kawal, encore écoutés aujourd'hui par nombre de Mauriciens. «Oui, on est tous devenus des amis. On tournait ensemble, à La Réunion, par exemple. J’apprécie toujours le sens du rythme de Cassiya, avec des paroles très engagées et parfois même un petit côté jazzy. Cela faisait longtemps que nous n’avions pas partagé de scène ensemble, d’où l’importance du concert Leritaz Sega», explique-t-il.
Aujourd’hui, l’habitant de Bambous, également connu pour son tube Kotomido, est plutôt bien loti. Mais il trouve que le milieu musical local n’est pas en très bonne forme. «Je dois l’avouer, avant, les artistes arrivaient à gagner leur vie en chantant ; je pense que j’en suis un bon exemple. Maintenant, il y a le piratage. C’est devenu trop facile de copier un CD. Une solution serait juste d’augmenter le tarif des CD et DVD vierges», suggère Sylvio Louise.
Ce dernier déplore également le fait que les plus jeunes artistes délaissent peu à peu le séga. «Ils font de la musique à leur façon, mais ce n’est pas du 100 % séga. Moi, ce que j’aime avec le séga, c’est cette interaction avec le public, que l’on retrouve autant avec le séga typique qu’avec le séga d’ambiance moderne», souligne-t-il.
Après un Best Of, sorti l’année dernière, une récente chanson (Bhai Bhola), Sylvio Louise proposera, au début de l’année prochaine, un séga intitulé Verse, mete, tire. Rien de bien vulgaire, juste une histoire de banque, nous dit-il, avec le sourire.