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Son épouse : «Nous menons le même combat»

Sylvio Michel a été hospitalisé, ce vendredi.

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Daniela Police-Michel estime que les Verts fraternels ont remporté une lutte.

Près d’un mois sans manger pour une cause. Sylvio Michel a été soutenu dans sa lutte par sa femme, qui est toujours à ses côtés… Ils partagent ensemble une vie et des convictions.

27 jours. Quasiment un mois de grève de la faim. Et elle ne s’est pas éloignée de son mari, Sylvio Michel. Le soutenant dans son combat en tant que femme engagée – elle est également membre des Verts fraternels –, mais aussi en tant qu’épouse : «Je suis soulagée. Ce n’est pas simple.» Pas simple de voir sa moitié s’affaiblir physiquement. Pas simple d’accepter que son autre mette sa vie en danger pour une cause. Au quotidien, Daniela Police-Michel était présente au Jardin de la compagnie, dans le campement de fortune mis en place par les grévistes de la faim (ils étaient quatre), animant des points de presse et s’occupant des communications échangées avec les autorités.

Le vendredi 1er novembre, Sylvio Michel et ses compagnons ont décidé de mettre un terme à leur grève de la faim après avoir reçu la confirmation, des autorités, que leurs demandes seraient acceptées (voir hors-texte) : «Nous avons tout par écrit. Ce sont des communications officielles du gouvernement», confie Daniela Police-Michel, Senior Lecturer à l’université de Maurice. Les grévistes demandaient à ce que les recommandations de la Commission Justice et Vérité soient mises en application et que les descendants d’esclaves bénéficient d’une compensation financière.

Ainsi, l’arrêt de la grève a un goût de victoire. Même si, désormais, c’est l’état de santé de Sylvio Michel qui préoccupe son épouse. Il est, en ce moment, à l’hôpital après s’être senti mal en fin de semaine. Néanmoins, elle garde confiance : «Il va déjà mieux. Dès qu’il rentrera, il organisera certainement une réunion du comité central afin de prendre les décisions qui s’imposent.»

L’homme occupé, l’homme engagé. Elle le connaît par cœur. D’ailleurs, elle partage ses convictions. Et ses batailles : «Je partage l’engagement de Sylvio. Nous menons le même combat. Lui, il est plus engagé sur le terrain. Moi, je m’occupe plutôt du côté académique.» Complémentaire, solidaire, le couple affronte les épreuves de la vie ensemble. D’ailleurs, depuis le début de la grève, vendredi a été sa première nuit passée à la maison. Une première vraie nuit de repos après un combat qui a, aussi, été le sien. Mais également celui d’Eli Michel, le frère de Sylvio, membre fondateur de l’Organisation fraternelle, devenue les Verts fraternels en 1985.

D’ailleurs, lui aussi, malgré son âge, avait débuté la grève de la faim. Mais, au bout du onzième jour, il a été admis aux soins intensifs : «Ça va mieux maintenant», confie-t-il. Il ne cache pas sa fierté quand il parle de Sylvio Michel : «Je dois saluer son courage et sa persévérance.» À quelques jours de la fin de la grève, il avait lui-même demandé à son frère d’y mettre un terme : «Je le trouvais tellement faible et amaigri. J’avais peur pour sa santé. J’avais peur qu’il meure. Il ne voulait pas m’écouter.» Mais il n’a pas douté une seconde, dit-il, de la détermination de son frère : «Si le gouvernement n’avait pas pris les décisions qui s’imposaient, il serait toujours en grève.»

Et à ceux qui critiquent l’initiative des Verts fraternels, Elie Michel répond, acerbe : «Ce sont des gens qui ne connaissent pas leur histoire. Des descendants d’esclaves sont venus vers nous pour nous dire qu’ils ne comprenaient pas notre combat ! Ils ne connaissent pas les souffrances de l’esclavage. C’est dommage.» Les critiques ne l’atteignent pas. Ni lui ni son frère. Alors, même si certaines personnes qualifient leur combat de «raciste», il n’en démord pas : «Nous ne nous battons pas contre une communauté. D’ailleurs, ma grand-mère était hindoue, une travailleuse engagée. Mais nous voulons notre part. Nos ancêtres ont travaillé 197 années sans un sou pour ce pays.»

Il s’agit d’un combat juste, estime-t-il. Il s’agit d’une bataille pour le respect des ancêtres et pour qu’enfin leur descendance ait droit à une réparation. Il croit en la noblesse de cette cause. Et, comme lui, Sylvio (et bien d’autres encore) a décidé de se battre jusqu’au bout. Avec Daniela à ses côtés…

Une victoire… sur papier ?

Daniela Police-Michel et Elie Michel sont catégoriques : il s’agit bien d’une victoire. Même s’il n’y a pas eu de rencontres avec le Premier ministre et que tout s’est passé par écrit : «Nous avons des preuves de la bonne foi du gouvernement.» Désormais, la Green Reparation Foundation sera intégrée au Centre culturel Nelson Mandela qui devrait être rebaptisé The Nelson Mandela Centre for Green Reparations and Creole and African Culture.

Et les Verts fraternels choisiront une partie des personnes qui travailleront pour cette fondation. Il reviendra, néanmoins, au Premier ministre, Navin Ramgoolam, de les nommer. Concernant la fondation et les fonds à récolter, prémices à une compensation salariale pour les descendants d’esclaves, les Verts fraternels estiment qu’il faut faire appel aux pays – la France, la Hollande, l’Angleterre – qui ont bénéficié de l’esclavagisme à Maurice. D’ailleurs, selon Elie Michel, les pourparlers ont déjà débuté avec la France et la Hollande.

Toutes ces demandes ont été discutées et accordées à travers des communications émanant du Bureau du Premier ministre. Le clan des Verts fraternels estime que c’est suffisant.

Qui est Sylvio Michel…

La figure emblématique des Verts fraternels est née le 8 mai 1941 à Rose-Hill. Il est issu d’une famille de neuf enfants. Une famille qu’il décrit, lui-même, comme étant pauvre : sa mère travaille comme bonne de maison et son père chauffeur de taxi. Il est le seul membre de sa fratrie à avoir terminé ses études secondaires. Il a été journaliste pour le compte de La Vie Catholique, membre du MMM, ministre des Administrations régionales et ministre de la Pêche. C’est en 1968, dans le sillage de la bagarre raciale, qu’il a créé, avec son frère Elie, l’Organisation fraternelle qui deviendra, par la suite, les Verts fraternels. Sylvio Michel formera des alliances avec le MMM (1970) et le MSM (2000).

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