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Histoire de trois (pauvres) diables

Non, mais ! sérieusement? Fallait-il basculer ainsi dans l’irrationnel pour une stupide histoire (si blâmable soit-elle) de photos prises sur des tombes par trois jeunes en mal de
«fun» ? Fallait-il en arriver au point où on envoie trois ados passer un long week-end en cellule policière – pour leur propre sécurité, semble-t-il ?

Fallait-il cette déferlante d’insultes sur la Toile avec les uns réclamant ici une «bonne correction» à leur encontre, alors que d’autres s’en sont donné à cœur joie en accompagnant leurs photos de l’inscription « Wanted dead or alive» quand on ne les a pas menacés directement de mort?

Au fond, n’est-ce pas uniquement une bêtise, une sotte idée germée dans la tête de trois enfants oisifs, sans repères, dont l’imbécillité a été mise en lumière par Facebook, vecteur de réactions aussi disproportionnées qu’inquiétantes. Comment expliquer qu’en peu de temps, une erreur de jeunesse ait été transformée en atteinte à la religion catholique ? Que ces ados n’aient pas eu de respect pour les morts, on est d’accord. Que les familles qui ont reconnu les tombes de leurs proches soient blessées, que des Mauriciens soient outrés par cet acte, on comprend, mais qu’une fois de plus, à cause d’une idiotie on bascule dans le dangereux terrain communautariste, qu’on y voie une atteinte à une religion, il y a comme une mauvaise interprétation difficilement supportable.

Cela dit, tout y est dans cette histoire. Et c’est la société mauricienne qui s’observe dans un miroir. En regardant le reflet d’une certaine étroitesse d’esprit, de la méfiance des uns envers les autres, de cette peur/division intercommunautaire provoquée par les politiques, de cette intolérance grandissante, de cette absence d’indulgence/ de compassion. L’image nous renvoie aussi la frustration d’une frange de la population qui se sent délaissée, qui crie à l’inégalité, à l’injustice et qui a les nerfs à fleur de peau au point de faire un amalgame douteux de plusieurs sujets qui l’ont secouée ces derniers temps : déclaration condamnable d’Abu Kasenally sur les Rodriguais, l’épisode de la non-nomination temporaire du juge Balancy et cette fois la «profanation de tombes».

Mais cette affaire va trop loin. Elle prend des proportions déraisonnées. Et il est inquiétant que dans les réactions enregistrées, l’on retrouve beaucoup de jeunes dont les messages ne traduisent rien d’autre que la haine. Et il est tout aussi étonnant de voir certains interlocuteurs/trices, d’habitude mesurés dans leurs analyses, céder à l’émotion au nom de la religion.

Oui, il faut s’indigner et on le répète : ces jeunes ont eu tort. Leur impertinence était de mauvais goût. Mais faut-il pour autant les lapider ou les crucifier comme certains tendent à le penser, ou encore les traiter de diables ? Triste pays. Est-ce ainsi que nous voulons vivre à Maurice ? En passant notre temps à montrer du doigt l’autre qui est forcément mauvais surtout s’il appartient à une communauté différente, en exacerbant le ressentiment, en attisant le feu ethnique, en refusant l’apaisement ?

Non, mais ! sérieusement? Fallait-il que trois diables, pardon, trois pauvres diables aillent en prison pour ça ?

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