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Entre rêve et désillusion

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Femmes et enfants ont tout quitté dans l’espoir d’une vie meilleure à Maurice.

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En sus de la misère, les squatters font face à des soucis d’hygiène.

Ils ont tout quitté dans l’espoir de trouver un emploi à Maurice. Mais pour beaucoup d’entre eux, le rêve s’est transformé en véritable cauchemar. Faute d’un logement, ils se sont même vus obligés d’occuper illégalement des terres de l’état. Zoom sur la vie des squatters rodriguais.

L’herbe n’est pas forcément plus verte ailleurs. C’est le cas de le dire ! Alors que le chômage fait des ravages à Rodrigues, certains habitants de cette île ont décidé de mettre le cap sur Maurice dans l’espoir d’y trouver un travail et d’améliorer leurs conditions de vie ainsi que celles de leur famille. Mais une fois chez nous, les espoirs se sont vite dissipés.

Fleurette Perrine, 46 ans et mère de quatre enfants, est de ceux qui aspiraient à un avenir meilleur à Maurice. Mais elle lutte toujours pour tenter de sortir du gouffre dans lequel elle se trouve depuis plusieurs années déjà. «Le problème de chômage à Rodrigues ne date pas d’hier. Cela fait 22 ans que j’ai quitté mon île. Au départ, j’habitais une maison que je louais à Rs 6 000. Après quelques années, je ne pouvais plus payer un tel montant, d’autant plus que je suis épileptique», explique-t-elle. C’est avec beaucoup de tristesse qu’elle poursuit son récit : «Mon fils aussi souffre d’un handicap et j’ai trois autres enfants à ma charge. D’ailleurs, c’est l’argent de nos pensions qui servait à payer le loyer. Du coup, il restait très peu de sous pour la nourriture. Pour ne pas dormir à la belle étoile, je n’ai eu d’autre choix que de squatter un morceau de terre.»

En effet, Fleurette Perrine occupe illégalement une portion de terre à Cité La Cure depuis quatre ans. Ses quatre enfants et elle vivent dans une maisonnette en tôle complètement délabrée, et sont privés d’eau et d’électricité. «Je vais chercher de l’eau à la rivière. Le soir, on éclaire la maisonnette avec quelques bougies. Quand il pleut, le site devient boueux. C’est horrible», lâche notre interlocutrice. Cependant, elle garde l’espoir d’un avenir meilleur : «Des 471 familles de Cité La Cure,

17 seront relogées et j’en fais partie. Je ne sais juste pas dans quel coin de l’île je vais me retrouver.»

Comme elle, 470 autres familles vivent quasiment dans la même situation et essaient, tant bien que mal, de s’en sortir. Pamela (prénom fictif), par exemple, vit dans des conditions très modestes. «Mes proches, à Rodrigues, ne savent pas dans quelles conditions je vis. Je ne veux pas m’afficher car j’ai honte de vivre de cette façon», confie-t-elle en sanglots. Pour manger à sa faim, elle a récemment démarré un petit business de fruits confits qu’elle vend juste devant sa maison. «Bizin trase sinon mor de fin», souligne Pamela. En outre, cette dernière tient un petit élevage de poulets.

En sus de la misère, les squatters de Cité La Cure font face à des soucis d’hygiène. Ils vivent entourés de déchets en tous genres. À défaut d’un service de ramassage d’ordures, les saletés sont entassées un peu partout et d’autres sont brûlées. À Tranquebar, plus précisément dans le quartier de Bangladesh, le même spectacle s’offre à nous. Des déchets qui traînent ici et là, des maisonnettes en tôles pourries qui menacent de s’écrouler à tout moment et des habitants qui vivent dans une extrême pauvreté.

Parmi eux, l’on trouve Annabelle Flore et sa famille. Elles habitent à Tranquebar depuis quatre ans. Détentrice d’un School Certificate, Annabelle, une jeune maman de

25 ans, n’a pu décrocher un emploi à Rodrigues. «J’ai cherché du travail mais je n’en ai pas eu. Mon mari et moi avons dû venir à Maurice où nos conditions de vie sont encore plus difficiles. Nous n’avons ni eau ni électricité et nous avons deux enfants ; l’aîné a 4 ans et le petit a 18 mois. Je m’occupe des enfants et mon époux travaille comme maçon», raconte-t-elle.

Marie-Fla Perrine, pour sa part, gagne sa vie en tant que baby-sitter. Elle s’occupe d’un bébé dont les parents squattent également les terres de l’État. «Je peux me débrouiller avec cette petite somme. Mon compagnon travaille comme aide-maçon. Notre vie est loin d’être facile. C’est dur de s’adapter et de vivre dans des conditions si peu hygiéniques», soutient Marie-Fla.

Son rêve, c’est le même que celui de tous les squatters rodriguais : trouver un logement décent.

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