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Aventure… sur le fil de l’eau

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Une habitante du village soulagée de voir que
l’eau coule à nouveau.

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Simla Devi Bhundun, Vimalay Savan, à l’arrière-plan, Lada Gajadhur et Nadeera Soarat ont vécu la même situation difficile.

Ils ont décidé d’élever la voix afin de faire part de leur frustration. Les habitants de Shivala Road, à l’Aventure, ont été privés du précieux liquide pendant plusieurs jours et ont, donc, paralysé tout un village pour arriver à leurs fins…

Le virus du début de l’été frappe encore. Et il fait de plus en plus de victimes… en colère et à bout. Il assèche les robinets, fait s’accumuler dans la cuisine les bouteilles en plastique, et signe le retour des cuvettes, droms, baquets et lamok. Il chamboule des vies. Et les habitants de la Shivala Road du village de l’Aventure, une petite localité du nord de l’île, ne diront pas le contraire. Ça fait quelques semaines qu’ils ont contracté cette maladie estivale : le manque d’eau. Quelques jours que la situation a empiré et qu’ils se sont retrouvés sans eau potable. Et ils ont décidé de faire entendre leur voix, ce vendredi 25 octobre et ce samedi 26 octobre. Ils sont descendus dans la rue et ont demandé des comptes…

Ils ont bloqué la route Royale pendant des heures. Pas de trafic, pas de passage d’autobus. Ils ne demandaient qu’une chose : que l’eau coule enfin. Après avoir obtenu l’assurance des autorités que le robinet se réveillerait le samedi matin, les manifestants sont rentrés chez eux. Néanmoins, comme rien n’avait été fait le lendemain, ils ont décidé de remettre ça. À 6h30, les habitants de la rue concernée par les coupures étaient à nouveau on the road. Et ils ne sont rentrés chez eux que lorsque le liquide précieux a refait son apparition aux alentours de 11 heures.

Vers 13 heures, hier, tout allait bien, donc, dans le meilleur des mondes. D’ailleurs, Nadeera Soarat en a profité pour aller faire des emplettes, à Port-Louis, après la manifestation. Avec ses paniers, elle rentre chez elle, sous un soleil de plomb avec l’idée de faire une lessive : «Ça fait trois semaines que ça dure. Je devais laver les vêtements à la rivière du Pont Blanc même si l’eau est sale là-bas.» Si certains jours, l’eau coulait une heure, au grand maximum, le plus souvent il fallait patienter avant de recevoir la visite des camions-citernes, explique-t-elle. Alors, malgré son âge, elle n’a pas hésité à manifester pour faire entendre sa voix.

Yogesh Ansaraz, un de ses voisins, est aussi descendu sur le coaltar : «Nous voulions attirer l’attention des autorités. La situation que nous vivons n’est pas normale. Mais je suis reconnaissant parce qu’au final, ils ont fait le nécessaire.» Plus loin dans la rue Shivala (les autres habitants de l’Aventure n’ont pas à se plaindre de problèmes d’eau), Lada Gajadhur prépare «enn ti minn» pour ses enfants. Ces dernières heures n’ont pas été de tout repos, alors elle a cuisiné un petit quelque chose à la va-vite. La prochaine étape : s’occuper des vêtements qui se sont entassés ces derniers jours.

Elle espère qu’elle n’aura pas de nouveaux problèmes au niveau du robinet. Ces derniers jours ont été très difficiles : «L’eau du camion-citerne c’est enn delo crapo. Il y a des têtards dedans et ça a un drôle de goût.» Simla Devi Bhundun se rappelle également cette sensation désagréable : «Nous étions en carême de Karwa chawt. Et pour rompre le jeûne, il fallait boire un verre d’eau. J’avais l’impression de boire de l’essence.» D’ailleurs, explique-t-elle, de nombreuses personnes ont commencé à avoir des boutons dans la bouche. Des démangeaisons inexpliquées…

Simla se rappelle, également, des nombreux coups de téléphone passés à la CWA et de l’impression d’être menée en bateau : «Ils promettaient que l’eau allait couler. Et puis, rien. Ou alors on obtenait uniquement 15 minutes d’eau potable. C’est normal que nous nous soyons énervés.» Aujourd’hui, c’est le soulagement. Un sentiment partagé par Vimalay Savan, ainsi que les autres habitants de Shivala Road. Cette maman de deux enfants en bas âge a trouvé que c’était presque mission impossible de préparer ses deux filles pour l’école, de cuisiner et de tenir la maison. Des actions qui lui semblaient tellement simples et banales avant : «Heureusement que chez ma belle-mère, il y avait de l’eau. Et qu’on pouvait en récupérer.»

C’est grâce au système D que ces familles se sont débrouillées ces dernières semaines : aller à la rivière, demander de l’eau à des proches et surtout s’entraider entre habitants de la même rue. C’est, donc, dans un même mouvement qu’ils sont tous partis manifester. Et si les choses ne s’arrangent pas – les autorités ont promis que dans une semaine tout rentrerait dans l’ordre –, ils ne comptent pas s’arrêter là. Soudesh Bundhun, autre habitant de cette rue, estime «qu’il ne faut pas jouer avec les gens». Et, encore moins avec leur santé.

Grand-Baie : morcellement Boucan à sec depuis des mois

Imaginez. Tout simplement. Vivre pendant des mois en faisant face à des robinets, des toilettes, une douche qui ne fonctionnent plus. Avoir à supplier afin d’obtenir de l’eau grâce à des camions-citernes. Passer des heures au téléphone avec la CWA… sans résultat. C’est le calvaire des habitants du morcellement Boucan qui se trouve à Grand-Baie, depuis des mois. «Les problèmes sérieux ont commencé vers la fin d’août», confie leur porte-parole, Hervey Vellien.

Le retraité et ses voisins ont décidé de sortir de leur silence et de lancer un ultimatum aux autorités : si d’ici demain, lundi 28 octobre, leur situation ne s’améliore pas, ils comptent entamer une action en justice. Un dernier recours après des mois de négociations et une plainte formelle déposée à la CWA : «C’est intenable ! Nous avons payé pour avoir accès à l’eau potable, nous avons signé des contrats. La CWA s’est engagé vis-à-vis de nous. Si nous ne payions pas nos factures, on viendrait nous débrancher. Mais que se passe-t-il si l’autorité ne remplit pas sa part du contrat ?»

Et il dit avoir de nombreux documents afin de se faire entendre. En quelques semaines, l’indicatif de son compteur n’a pas bougé d’un iota : preuve que l’eau n’a pas coulé. Il a aussi ses relevés téléphoniques pour prouver le nombre d’appels qu’il a passés à la hotline de la CWA, à la branche de Pamplemousses et au head office de Saint-Paul. En fin de semaine des ingénieurs devaient faire un site visit, explique-t-il. «Mais ils ne sont jamais venus.» Hervey Vellien et ses voisins estiment que leur patience a des limites. Et ils n’en ont plus beaucoup.

C’est le début des coupures !

Comme chaque année, la saison estivale rime avec la saison des coupures. Depuis quelques jours, certaines régions de l’île sont alimentées d’eau potable que quelques heures quotidiennement. La situation dans les réservoirs s’étant détériorée les autorités ont mis en place ces mesures afin de la contrôler en attendant les pluies d’été.

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