Une rencontre entre voisins, de la musique, de l’échange et du partage… cela donne un bon Jam.
Emmanuel, Nadine, Christelle et Harvey sont de ceux qui veulent faire bouger les choses.
De Vacoas à Quatre-Bornes en passant par Curepipe, un mouvement de jeunes très spécial fait son petit bonhomme de chemin. Au programme : de la musique, des échanges, de l’ambiance et du partage pour favoriser l’entente entre voisins…
Au commencement, c’était une simple rencontre entre voisins d’une même région. C’était le 14 juin. Ce jour-là, Nadine Ramsamy, Emmanuel Coosnapen, Christelle Caphane et Harvey Nagaman, tous des habitants des routes Tranquille, Pavé d’amour et Vingta (aussi connu comme quartier TPV), à Vacoas, avaient pris l’initiative d’organiser un rassemblement entre les jeunes de leur localité.
Le premier Jam pou linité dans quartier ou Jam for Unity Movement voyait alors le jour. Entre partage, échange, rencontre et musique, l’opération s’est révélée être un succès. Réunis dans la cour de la famille de Nadine Ramsamy, tous ceux présents pensent déjà à organiser un deuxième Jam la fête étant tellement réussie. Mais au final, il n’y a pas eu deux, ni trois, ni quatre rassemblements, mais bien six qui ont eu lieu dans diverses régions jusqu’ici. De TPV, le mouvement s’est déplacé à Beau-Séjour, Camp-Caval, Quinze Cantons, Berthaud ou encore Henrietta. Et à chaque fois, le même enthousiasme est au rendez-vous.
«Nous avons été très surpris par l’engouement autour de notre rassemblement. L’idée derrière Jam pou linité dans quartier, c’était de briser la glace entre les voisins d’une région. Sans prendre en considération la communauté ou encore l’appartenance sociale d’un jeune, nous voulions créer quelque chose pour souder tous ceux et celles qui habitent une localité. Dans le quartier TPV, par exemple, il n’y a pas de groupe de jeunes, ni de mouvement civique ou autres associations où les jeunes se rencontrent et c’est ce qui nous a motivés à organiser cette grande fête qui prône la fraternité», explique Emmanuel Coosnapen, 27 ans.
Et les souvenirs de toutes les rencontres sont encore vivaces : une ambiance conviviale, tous ces visages souriants, chantant et dansant ensemble, sans préjugé ni arrière-pensées. «Ce que je retiens de ces fêtes dans les différents quartiers, c’est que les jeunes, entre eux, se comprennent. Il y a un réel désir d’aller vers l’autre, de comprendre l’autre. Il fallait tout simplement faire ce premier pas», ajoute Emmanuel qui se dit, toutefois, étonné de la tournure qu’ont pris les choses au point qu’il a fallu recentrer le mouvement : «Dans certaines régions, le Jam accueillait jusqu’à 150 personnes. C’est bien que les jeunes se sentent concernés mais nous ne voulions pas que cela devienne comme un concert. Nos Jams sont des moments entre voisins-voisines avec de la musique, du partage mais aussi des dialogues. On veut garder cette spécificité.»
D’une région à l’autre, l’initiative a séduit. Armandine Ah-Foo de Quartier Berthaud, à Vacoas, affirme que le mouvement lui a permis d’élargir son cercle d’amis : «Je suis contente qu’il y ait eu une telle initiative dans mon quartier car je trouve que l’essence même du Jam est très bien. Ça permet de faire un pas vers l’autre, d’apprendre à le connaître et de le comprendre. Par exemple, il a fallu qu’il y ait cette rencontre dans ma région, pour que je fasse la connaissance d’un de mes voisins que je voyais pourtant tous les jours. Depuis, on est amis.» Cela, dit-elle, lui a fait comprendre «qu’on gagne plus à s’ouvrir à l’autre qu’à rester centré sur soi-même».
Gary Victor, 19 ans, qui a organisé le Jam dans la région de Berthaud, à Quatre-Bornes, a assisté à toutes les rencontres : «La musique est l’élément “réunificateur” du mouvement. Il y a quelque chose que j’ai constaté partout. Au départ, il y a des petits groupes, les jeunes sont un peu timides mais à la fin, tout le monde se mélange. C’est ça le truc spécial !» Bref, le mouvement est définitivement en marche et n’est pas près de s’arrêter !