Gary Gowrea
En prévision du prochain budget, nous donnons la parole à Gary Gowrea, Managing Director de Cim Tax Services Ltd, qui est également dans le comité du Global Institutional Investors Forum.
Dans quel contexte économique le ministre des Finances présentera-t-il le prochain budget ?
Le prochain exercice budgétaire sera réalisé dans un contexte difficile. Prenons pour exemple ce à quoi un ménage doit faire face pour équilibrer ses recettes et ses dépenses. Si la source de revenus d’une famille a une augmentation de salaire, alors elle sera en mesure de dépenser plus pour la famille ou la maison. Si elle n’obtient pas d’augmentation et si elle désire garder le même niveau de vie alors elle devra recourir à un emprunt ou reporter certains de ses projets en cours. La source de revenus peut également réduire ses dépenses, mais cela peut avoir des conséquences sur le niveau de vie de sa famille. Cette analogie peut être utilisée pour le gouvernement car il tire ses revenus des impôts (directs et indirects) et il le dépense pour le bien-être des Mauriciens et pour l’amélioration des infrastructures.
Il faudrait aussi regarder les indicateurs macroéconomiques et les dernières estimations des comptes nationaux publiés par Statistics Mauritius. Nous constatons ainsi que la croissance économique projetée ne sera que d’environ 3,5 %, avec quelques-uns des piliers de l’économie tels que la construction et le raffinage du sucre, mais aussi d’autres secteurs tels que l’industrie de l’hôtellerie, les TIC et les services financiers en expansion, de 3,5 %, 8,6 % et 5,7% respectivement.
Comme nous sommes une petite île qui n’est pas dotée d’abondantes ressources naturelles, notre croissance dépend de la performance de nos marchés d’exportation. Sur le plan international, nous avons d’ailleurs vu le ralentissement de la croissance en Inde, en Chine ou encore en Europe.
À quel genre de budget les Mauriciens doivent-ils s’attendre ?
Une des plus grandes préoccupations des Mauriciens, après chaque budget, est de savoir combien d’impôts le gouvernement va percevoir et quelles sont les conséquences des mesures fiscales sur les prix. Ainsi, il devrait y avoir un équilibre trouvé entre la croissance économique et les pressions inflationnistes.
Quels devraient être les secteurs clés ciblés dans cet exercice ?
En ce qui concerne les piliers de l’économie, beaucoup ont parlé d’une plate-forme océanique. Nous sommes entourés de plusieurs millions de kilomètres carrés de mer. Il faudrait des incitations fiscales pour encourager les investisseurs qui ont le savoir-faire à développer ce secteur. Il faudrait aussi avoir une consolidation du secteur de l’Information et de la Communication, et celui du secteur des services financiers.
La plus grande ressource que l’île possède c’est ses habitants. En utilisant nos atouts existants par rapport au bilinguisme, voire le multilinguisme de notre population, le secteur de l’Information et de la Communication peut créer d’autres emplois.
Pourquoi est-ce que l’exercice à venir est important pour le pays ?
Cet exercice est extrêmement important car il définira la base sur laquelle le pays va fonctionner dans les 12 prochains mois, si nous visons la création d’emplois, les services à valeur ajoutée, ou l’amélioration de la base de production, entraînant ainsi l’augmentation de la croissance économique. Si l’exercice n’est pas fait correctement, cela pourrait avoir des ramifications graves sur les services publics.
L’année dernière, nous avons vu le gouvernement grec faire face à la faillite et une intervention de l’Union européenne a été nécessaire. Cette année, aux États-Unis, nous avons entendu parler de la fermeture des services publics. À cet égard, le juste équilibre doit être atteint, en utilisant les ressources à la disposition de l’État pour les dépenses pour le bien-être de ses citoyens.
En outre, les mesures d’accompagnement permettront également d’améliorer les investissements étrangers directs. Ceux-ci ont l’avantage de développer l’infrastructure mais aussi d’apporter des devises à l’économie. Ainsi, le gouvernement n’aura pas à recourir à, ou à s’appuyer sur les emprunts extérieurs pour financer des projets d’infrastructure.
Qu’est-ce que cela représente pour les Mauriciens ?
Plus il y a de la croissance économique, plus gros sera le gâteau que le gouvernement pourra partager en termes d’État providence et pour l’amélioration des infrastructures publiques. Cela se traduira par une meilleure qualité de vie et un niveau de vie comparable à celui des pays développés.