Avec sa fille Meeraj, qu’elle décrit comme sa béquille, celle sur qui elle peut compter dans les moments difficiles.
La chanteuse nous raconte sa paisible retraite.
«Garson premie lo, tifi dezyem lo. Lespwar finn tomm dan dilo...» chante-t-elle. Et depuis un accident vasculaire cérébral en 2010, elle mène une paisible retraite et vit une relation complice avec sa fille Meeraj, sa plus belle réussite. Récit…
De sa jeunesse, elle a gardé une nature chaleureuse. Un rire à faire taire toutes les ondes négatives, à balayer d’un revers de main tous les mauvais moments. Comme cet AVC (accident vasculaire cérébral), survenu en décembre 2010, qui a bien failli avoir de graves conséquences pour elle. Un moment difficile qui a fait comprendre à Micheline Virahsawmy qu’elle a eu «une belle vie». La vie dont elle a toujours rêvé.
Maintenant à la retraite, elle se permet d’expérimenter d’autres plaisirs. Des «moments tranquilles» qu’elle n’avait jamais eu l’occasion de savourer avant, en raison de ses nombreuses occupations, que ce soit dans le cadre de sa lutte engagée dans les années 70 au sein du groupe Soley Ruz ou de sa magnifique carrière de chanteuse, notamment avec son tube Mama papa, plus connu sous le titre Garson premie lo, tifi dezyem lo.
Tout cela c’est du passé. Aujourd’hui, elle est loin des scènes. C’est chez elle, à Quatre-Bornes, que nous retrouvons Micheline Virahsawmy. Même présence, même regard, même sourire, même voix. Mais derrière le visage calme de cette femme de 61 ans, il y a une énergie hors du commun. La même qui l’a portée durant toute sa vie, dans tout ce qu’elle a entrepris. À commencer par son engagement dans la lutte politico-culturelle suite à sa rencontre avec l’ancien activiste du MMMSP, Raj Virahsawmy, devenu son mari. Des tranches de vie qui restent à jamais ancrées en elle, à l’instar de la «belle aventure» entamée au sein de Soley Ruz.
Elle n’a que des bons souvenirs de ces moments privilégiés passés aux côtés de Bam Cuttayen, des frères Joganah, de Menwar ou encore d’Yvon Macabé, de ces belles années durant lesquelles elle a animé des concerts aux côtés de ses frères d’armes, dans le kiosque à l’arrière du Plaza. Elle s’en souvient très bien de ces cris de liberté, de ces messages d’espoir. Et de ces émotions dans les cordes vocales, le ventre, les jambes… qui se combinaient sur scène. Des sensations qu’elle a expérimentées pendant une bonne partie de sa vie et qui, aujourd’hui, font partie de son passé.
Instants privilégiés
Maintenant, Micheline prend son temps. Le temps de s’occuper de sa maison, de ses chiens Scoubidou, Snoopy et Simba, sans oublier ces instants privilégiés qu’elle adore partager avec sa fille Meeraj, 29 ans, en lui préparant son fameux moonfan qu’elle réussit tout le temps ou en allant avec elle faire du shopping, des moments qu’elles adorent partager. Bref, une nouvelle vie où elle a quand même pris un peu de temps avant de trouver son rythme. Car, avant sa maladie, elle ne s’était jamais imaginée au repos puisque, pendant 22 ans et cela jusqu’à janvier 2011, elle a été conseillère artistique au Centre culturel Nelson Mandela. Autant de «belles choses» qui lui ont permis de se construire au fil des années.
Et lorsqu’on lui demande de nous donner quelques dates importantes de sa vie, les réponses fusent : 1981, lorsqu’elle a remporté le prix Radio France Internationale avec son très célébre «Garson premie lo, tifi dezyem lt. Lespwar finn tomm dan dilo», une réalité mauricienne qu’elle avait retranscrite en chanson d’un trait lorsque le titre Mama papa lui est apparu comme une évidence. Des attelages de mots qui résonnent, jusqu’à piquer. Une voix captivante qui a vite conquis les cœurs : «Pour moi, cette récompense a été une reconnaissance de mon travail et un encouragement…»
Pour elle, les années se sont enchaînées… sans se ressembler. Un mélange, «comme pour tout le monde», de «moments malheureux et d’autres plus heureux». Comme l’année 1984, lorsque la naissance de sa fille lui a permis de devenir maman, sa «plus grande consécration». «Meeraj est aujourd’hui ma béquille, ma lumière. Celle sur qui je peux me reposer mais aussi celle qui m’encourage à continuer d’être qui je suis… ».
En 1989, Micheline ajoute une nouvelle corde à son arc en intégrant l’équipe du Centre culturel Nelson Mandela. «Ça a été le premier job permanent que j’ai décroché…» dit-elle. Et bien que ça se soit arrêté subitement, elle garde, poursuit-elle, de très bons souvenirs de toutes les collaborations dont elle a bénéficié pour les événements qu’elle a organisés.
Par contre, en 1990, elle connaîtra un vrai coup dur en perdant Rosemay Nelson, l’auteure de La Rivière Tanier, sa sœur, son amie, sa compagne de lutte. Une épreuve qui l’a conduite à voir la vie autrement et qui la pousse aujourd’hui encore à profiter de chaque seconde qui s’offre à elle. Mais la Micheline chanteuse n’est pas morte pour autant.
À ce moment précis de l’interview, on la sent très motivée. Elle s’apprête, confie-t-elle, à revenir, à franchir le mur… celui du son, évidemment. Et les vibrations que lui procureront ses prochains textes l’enchantent déjà : «Ce sera du séga, du vrai, qui s’écoute, qui se danse et qui reste.» Un peu comme elle qui a gardé de sa jeunesse une nature si chaleureuse !