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Méfiance

Disons-le d’emblée : on se dirige vers une rude bataille entre deux camps : les pro-nouvelle carte d’identité et les anti. À voir les différentes positions, l’affrontement risque d’être éreintant. Dans le premier groupe : les membres du gouvernement PTr-PMSD, leurs partisans (certains soutiennent par conviction, d’autres par fanatisme) mais aussi des Mauriciens (ils ne se font pas entendre mais ils existent) qui estiment que cette nouvelle carte biométrique assurera, comme dans d’autres pays où cette technologie est une réalité, un meilleur contrôle des données des citoyens avec comme but – Ramgoolam l’a aussi précisé – d’accroître les moyens de sécurité de la population, véritable enjeu actuellement.

Dans le deuxième camp : l’opposition officielle qui, faut-il le préciser, était plutôt timide dans le débat au départ, mais qui semble prendre de l’assurance avec la protestation de Pravind Jugnauth en cour et la mise en garde de Bérenger qui a invité, hier matin, les Mauriciens à ne pas donner leurs empreintes digitales. Aucune illusion donc : dans les jours à venir, le débat fera également rage sur le plan politique. D’ailleurs, non seulement les tirs de l’opposition ont commencé, mais l’offensive du gouvernement s’est aussi précisée. Pour preuves (i) le communiqué du bureau du Premier ministre, vendredi soir, pour donner la réplique à la «victoire» de Pravind Jugnauth (ii) la conférence de presse du ministre Tassarajen Pillay Chedumbrum, hier, avec ses précisions sur l’importance de changer la carte d’identité, ses missiles envers ceux qui «créent la frayeur» autour de ce projet, (iii) la conférence de presse habituelle de Patrick Assirvaden qui s’en est pris, lui aussi, aux détracteurs de ce projet.

Bref, au-delà du jeu politique, au-delà de l’opposition qui, de par son objection tardive, donne l’impression d’avoir découvert soudainement la nécessité de surfer sur la vague des protestations, on retrouve surtout tous ces Mauriciens qui contestent la nouvelle carte d’identité d’une seule voix : Lalit, la plate-forme No to new ID card, la confédération des travailleurs du secteur privé, 18 associations et une grande chaîne d’anonymes, de simples citoyens lambda qui disent non à travers des pétitions, injonctions en cour, articles de presse, émissions vox populi des radios libres et sur les réseaux sociaux, etc. Des paroles sincères qui traduisent une vraie préoccupation. Que retient-on de ces voix-là ? Que beaucoup défendent la liberté civile, que nombre de Mauriciens se battent pour dire non à la violation des droits constitutionnels de la vie privée. Mais ce n’est pas que ça. Car l’on enregistre une multitude de réactions qui sont, elles, motivées par le climat qui prévaut à Maurice. Et l’on ne peut que réaliser l’évidence : tout est entaché de soupçon, la crise de confiance envers les institutions (même le judiciaire a été ébranlé cette année, c’est dire) est une réalité.

D’où la grande confusion qui règne, les peurs inexpliquées, les interrogations ici logiques, là grotesques et irrationnelles. Comme les thèses parfois délirantes répandues ces jours-ci : les innocents qui se retrouveront sur une scène de crime seront accusés car leurs empreintes y seront (si les citoyens ne se méfiaient pas de la police, on n’en serait pas là), une jeune fille qui répondra non à une cour assidue d’un individu sera retrouvée grâce à ses empreintes, le gouvernement utilisera les cartes biométriques pour transformer Maurice en une «société sous surveillance».

Toutes ces questions surgissent parce que les Mauriciens se méfient d’une manière générale, de tous les services (qui selon eux ne sont pas étanches les uns des autres) et des représentants de l’État, et pensent que tout peut s’acheter à Maurice. De ce fait, ils balaient d’un revers de main la garantie donnée par le Mauritius National Identity Scheme autour du stockage des empreintes digitales et des données de la nouvelle puce.

Vrai, faux, délire, fantasme ? Les prochains jours s’annoncent tumultueux…

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