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Les derniers seront les premiers

Posez-vous la question ! Quel genre de scénario vous procure une émotion forte, dans les films/séries que vous regardez et dans les livres que vous lisez ? Certainement, ceux qui ont une belle fin après un enchaînement de situations rocambolesques. Le scénario, par définition est écrit d’avance. On peut y glisser tous nos fantasmes et en faire une fiction.  

 

Nul n’avait prédit un tel scénario en Premier League en début de saison. Ceux qui, par exemple ont parié sur Leicester qui décrocherait le titre, ne l’ont fait que par affection, et non par conviction. Et pourtant, avant même cette dernière journée de championnat, aujourd’hui, les Foxes ont déjà été sacrés champion d’Angleterre. Une merveilleuse réalité (qui inspirerait bien un film).

 

Qu’est-ce qui nous plaît dans ce scénario qui restera dans les annales de l’histoire du sport ? Un sentiment de justice : voir les plus « riches » tomber de leur piédestal et voir les plus « pauvres » grimper au firmament. Mais ce sentiment n’est vrai que si l’on se situe au bas de l’échelle sociale. Et c’est là toute la beauté du sport. Chacun combat avec les mêmes armes. Aucun artifice, ni de coup de pouce ou de piston.

 

Si les clubs les plus riches peuvent se payer les joueurs (supposément) les plus talentueux, les autres doivent rivaliser d’imagination pour trouver des astuces afin de récolter de bons résultats. Former ? Trop long. Recruter le meilleur entraîneur ? Trop cher. La mayonnaise ne prend que si tous les ingrédients sont réunis. Et Leicester l’a trouvée.

 

Nous n’irons pas jusqu’à dire que nous l’avons trouvée aussi. Mais un des (nombreux) secrets de cette réussite c’est d’avoir rassemblé des éternels seconds. Les laissés–pour-compte. A un moment de leur vie, ils ont voulu réussir, mais il y avait meilleurs qu’eux. Cela ne veut pas dire qu’ils ne l’étaient pas. Ceux qui devaient les juger à ces moments précis n’avaient pas le flair.

 

Quand Riyad Mahrez était qualifié de « trop frêle » pour jouer au foot, quand Jamie Vardy évoluait encore dans les divisions inférieures il y a quelques saisons, quand Ngolo Kanté n’était qu’un illustre inconnu et coûtait dix fois moins cher que ses coéquipiers de l’équipe de France, quand Robert Huth était déclaré trop lent pour la défense de Chelsea, quelqu’un d’autre a vu en eux, plus loin que leur apparence. Leur envie d’avoir envie de gagner.

 

Par-dessus tout, l’entraîneur lui-même, Claudio Ranieri ne faisait pas partie de la crème des techniciens. Il avait plutôt une étiquette de loser. Avec ses connaissances évidentes en football, il a pu et su rassembler tout ce beau monde autour d’un même objectif. Avoir la motivation de gagner le titre ne pouvait être aussi évidente, lui qui a couru derrière pendant toute sa carrière.

 

Et quelle preuve de patience que celle de Ranieri et ses joueurs qui ont attendu toute leur carrière – pour certains – afin de se retrouver au sommet de la Premier League. «Les derniers seront les premiers», ce n’est pas juste une chanson de Céline Dion ou un verset de la Bible selon Saint Mathieu, c’est une philosophie de vie sur laquelle les plus pessimistes peuvent se baser pour réussir. Se dire qu’on est sur un même pied d’égalité et qu’on peut réaliser ses rêves, c’est un beau message d’espoir pour l’humanité.

 

Le sacre de Leicester en est la preuve. Face aux «riches» que sont Manchester Utd, Liverpool, Arsenal, Chelsea et Manchester City, Leicester et à un degré moindre, Tottenham, ont fait basculer la hiérarchie. A titre d’exemple, rien qu’avec les 49 millions de livres sterling que Manchester City a déboursés pour Raheem Sterling en début de saison, l’on pouvait s’offrir une équipe-type de rêve : De Gea – Bellerin (Arsenal), Morgan (Leicester), Alderweireld (Tottenham), Rose (Tottenham) – Kanté (Leicester), Alli (Tottenham), Payet (West Ham) – Vardy (Leicester) et Kane (Tottenham). Si si, on vu le jure, certains n’ont pas coûté un rond alors que d’autres étaient sous-évalués.

 

Cette saison 2015-2016 qui s’achève aura donc donné une grosse claque aux «riches ». Au plus grand bonheur, et c’est un euphémisme, des passionnés de sport.

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