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30 avril 2023 14:35
Elle est l’une des rares figures féminines de la classe syndicale à Maurice. Et de sa voix souriante, posée mais non moins déterminée, Jane Ragoo, secrétaire générale de la Confédération des travailleurs des secteurs privé et public (CTSP), souligne : «Depuis des années, nous faisons appel aux politiciens à ne pas utiliser la journée des travailleurs comme un jour pour mesurer leurs foules. Mais nous disons aussi aux travailleurs de savoir agir intelligemment car, quand ils rencontrent des problèmes au travail, c’est vers les syndicalistes qu’ils se tournent et non les politiciens. Que les travailleurs passent le 1er Mai en famille et/ou partagent un moment avec les syndicalistes.»
Ce jour-là, la CTSP, souligne Jane Ragoo, donne rendez-vous aux travailleurs et à ceux qui souhaitent se joindre à eux, à 9h30, à son siège derrière le bazar de Rose-Hill. «Nous marcherons ensuite jusqu’au Monument des travailleurs qui se trouve devant la poste de Rose-Hill. Sur place, il y aura des animations mais nous passerons aussi des messages importants. Ce sera l’occasion de faire le bilan sur le travail accompli mais aussi de parler des défis à relever. Par exemple, il y a le salaire qui n’évolue pas par rapport au nombre d’années de service ou les caméras sur les lieux de travail qui épient les moindres faits et gestes des employés. Il y a aussi le fait que les comités disciplinaires doivent être indépendants et non inclure l’employeur, entre autres. Il y a tellement de points mais ces trois-là sont prioritaires.»
Quant à la General Workers Federation (GWF), à Rezistans ek Alternativ, au Sugar Industry Joint Negotiating Panel (JNP) et au Centre for Alternative and Research and Studies (CARES), c’est ensemble qu’ils marcheront à partir de 9h30, du rond-point de St-Jean, à Quatre-Bornes, jusqu’à la rivière d’Ébène, à Belle-Rose. Ashok Subron, qui représente le comité organisateur, lance un appel aux travailleurs à venir en famille à cette marche pour qu’un changement puisse s’opérer dans le pays : «Parfois, une action infime peut apporter de grands changements dans l’histoire d’un pays. Nous allons vivre ce moment pour la fête du Travail 2023. Une action modique, telle que la marche du 1er Mai aux côtés des membres de votre famille, de la jeunesse ou des voisins, peut apporter un grand changement, un changement du système dans lequel le pays s’est vautré et dans la vie du peuple. Ne restez pas à la maison ! Maurice vous attend, elle a besoin de vous !»
Si le Congres of Independent Trade Unions (CITU) et ses confédérateurs ne tiendront pas de marche cette année, ils procèderont cependant à des dépôts de gerbes symboliques. Radhakrishna Sadien, président du CITU, nous explique qu’ensuite, ils se réuniront à 10 heures à leur siège, à Phoenix, pour une réflexion sur les défis qui guettent les mouvements syndicaux, surtout après la Covid-19, mais que ce sera aussi l’occasion de faire le bilan des réalisations. «Il est malheureux de voir que les politiciens se sont accaparés le 1er Mai. Certes, à une époque, les politiciens s’étaient associés aux travailleurs pour lutter ensemble pour leurs droits. Mais, par la suite, cela a pris une autre tournure. Les travailleurs ne s’affichent d’ailleurs plus dans les rassemblements publics. Et nous, en tant que syndicalistes, nous ne sommes pas là pour faire une démonstration de force mais pour lutter pour les droits des travailleurs et une amélioration de leur situation. Nous voulons plus de transparence au niveau des instructions et l’arrêt de la discrimination, mais aussi qu’on arrête l’érosion du pouvoir d’achat. Il y a aussi des amendements qu’il faut réclamer, comme pour les Public Service Commission Regulations, entre autres. C’est pourquoi, nous nous réunissons pour voir les défis et élaborer des plans d’action en faveur des travailleurs.»
Même si c’est en ordre dispersé que les syndicalistes marqueront cette journée du 1er Mai, leur objectif est le même : que cette fête revienne aux travailleurs et ne soit plus politisée.
«Anou mars ansam pou enn lekonomi pli zis.» C’est le thème choisi cette année pour la messe traditionnelle du 1er Mai. Les mouvements de l’Action catholique invitent les travailleurs de tous bords à les rejoindre ce jour-là, le temps d’une messe en l’église Sainte Marie Madeleine, à 9h30. Elle sera présidée par le cardinal Maurice Piat et coprésidée par les pères Coosnapen, Patient, Durhône ainsi que le père Paschal, curé de la paroisse. La célébration de la messe sera aussi rediffusée sur la MBC et par l’équipe de CAPAV.
«Rassembler nou avanser.» C’est sous ce thème que le MSM mobilise ses troupes pour son meeting du 1er Mai. Et pour donner le la à ce rassemblement, le parti procèdera à un dépôt de gerbes aujourd’hui, dimanche 30 avril, sur le samadhi de sir Anerood Jugnauth au Jardin de Pamplemousses, à la place Sookdeo Bisoondoyal et au cimetière de St Jean. Quant au meeting, c’est finalement à Vacoas qu’il se tiendra, comme l’ont annoncé les dirigeants du parti Soleil face à la presse le mercredi 26 avril, au Sun Trust. À cette occasion, le président du MSM, Joe Lesjongard, a déclaré être confiant que son parti rassemblera «une foule digne d’un rassemblement du 1er Mai» : «Nous sommes en train de préparer et de mobiliser nos troupes pour le meeting de Vacoas. Le gouvernement fait son travail dans l’intérêt de la population.»
Parmi les orateurs attendus pour ce meeting : le Premier ministre Pravind Jugnauth, le leader du Muvman Liberater (ML) Ivan Collendavelloo, le leader de la Plateforme militante Steven Obeegadoo, le leader du Muvman Patriot Morisien (MPM) Alan Ganoo, ainsi que le président du MSM Joe Lesjongard, entre autres. Toolsyraj Benydin, président du Muvmen Liberater, a d’ailleurs précisé qu’il n’y a pas de tensions entre le ML et le MSM. «L’opposition utilise des prétextes pour ne pas faire le meeting du 1er Mai et sème la pagaille entre le ML et le MSM mais la population n’est pas bête. Les Mauriciens savent que le gouvernement fait beaucoup d’efforts et de sacrifices pour améliorer la qualité de la vie et faire progresser le pays.»
Si le parti Soleil renoue cette année avec le traditionnel meeting du 1er Mai après trois ans (Covid oblige), il n’y aura pas de guerre de foules car l’opposition a décidé de ne pas faire de rassemblement.
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