Publicité
Par Yvonne Stephen
17 septembre 2016 04:42
Tenu camouflage lor baz. Le kaki fait son come-back sur les catwalkset dans les… enclos (où cinq petites boules de poil se prélassent au soleil). Entre les rochers marron et un tronc qui ne dépareille pas, l’effet est plutôt sympa. Pour le festival du jour, les hommes de l’ombre sont en lumière. Flash ! Dans les talkies-walkies, un babillage incessant et presque incompréhensible pour l’oreille non-initiée. Le soleil tape fort en ce milieu de matinée hyper busydans un coin nature de l’ouest de l’île. Tous les regards ne sont pourtant pas braqués sur les mecs du jour. C’est vrai qu’ils ont de la concurrence : cinq lionceaux nés à Maurice et qui se prêtent aux caresses des visiteurs sans montrer de déplaisir. Ça fait deux mois que Lundi, une maman lionne bien happy, a donné naissance à Honde, Kella, Oringo (trois mâles), Imani et Zola (deux femelles)…
Jean Bruno Ramjane se souvient du matin après leur naissance. De l’émerveillement de découvrir ces petites boules d’amour et du bonheur de savoir que Lundi allait bien. Le jeune homme fait partie de la bande à l’uniforme kaki, composée de personnes formées pour accompagner, protéger, amuser, dresser, aimer, au quotidien, les félins du parc loisirs Casela World of Aventures. Pour un accouchement de lionne, il faut laisser la nature faire son œuvre, explique-t-il : «Elle a bien fait les choses. Si nous sommes là, nous jetons un coup d’œil. Mais si ça arrive le soir comme pour ces lionceaux, c’est le matin que nous découvrons la bonne nouvelle.»Dès que les bébés félins viennent au monde, les choses sérieuses commencent. Il faut d’abord approcher la maman pour se rapprocher des bébés miaou.
Pour cela, il faut avoir déjà établi une relation de confiance avec la maman. Non, on ne peut pas débarquer en kaki (rien que pour le style) et tenter de faire un câlinou à Imani ou Kella. Bad idea ! Mais pour Jean Bruno Ramjane et ses autres copains, pas de souci : «La maman sait qu’on est là entre amis, qu’on ne va pas lui voler son bébé. Avant sa vie de maman, elle se rappelle de toutes les journées passées ensemble.»Un lien d’homme à félin dans la trame d’une vie partagée. Et c’est cette même corde d’émotions et d’amour que les copains humains doivent tisser avec les nouveau-nés : «Nous jouons ensemble, nous accordons du temps aux nourrissons, c’est le début d’une belle complicité, élément nécessaire qui permet l’interaction.»Malheureusement, nous n’avons pas assisté à une roulade dans l’herbe entre les petits matous pas matous et les dresseurs !
Si le réveil se fait au creux de maman, bien au chaud, la journée, Honde, Kella, Oringo, Imani et Zola sont au contact des bipèdes de leur vie. Pour bien commencer the dayà la maternelle des félins, un smoothieleur est offert aux alentours de 9 heures. Parfum lait et… viande. Miam ! Ensuite, c’est au contact des visiteurs que le dressage se fait : «On leur apprend les bonnes manières.»Alors, ce n’est pas anodin si, au moment de cette visite super sympathique, on vous demande d’enlever vos lunettes de soleil (ils peuvent croire que ce sont des miroirs et essayer de vous griffer), de ne pas vous accroupir (sinon, ils comprennent que it’s time to playparce que c’est le geste utilisé par les dresseurs quand c’est l’heure de jouer), de ne pas prendre vos sacs avec vous (ils sont trained grâce à des sacs de… viande : aïe !), entre autres.
Des bons gestes qu’il faut inculquer au visiteur, mais aussi au félin : «Pour l’instant, ils sont petits. Ils ne représentent pas de danger. Mais quand ils seront grands, ce sera tout à fait autre chose.» Des attitudes ou encore des prises de décision qui peuvent vous sembler anodines, comme ça, mais qui sont réfléchies : «Nous sommes constamment formés pour faire ce qu’il faut et éviter de nous mettre en danger ainsi que les visiteurs et les animaux.»C’est pour ça que, par exemple, les gars en kaki ne s’aventurent jamais seuls dans un enclos : «Il faut qu’il y ait toujours quelqu’un en renfort.»
La clé de leur métier, ce sont les connaissances généreusement saupoudréesd’expérience, bien évidemment. Mais aussi et surtout de beaucoup d’amour : «Pour faire ça, il faut aimer les animaux avant tout. Avoir peur, ce n’est pas vraiment un souci de tous les instants, mais il ne faut pas oublier de rester sur ses gardes et d’agir avec responsabilité», confie notre interlocuteur qui garde toujours un œil sur ses petits félins… qui le reconnaissent sans problème.
Grâce au kaki ? Peut-être !
Publicité