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Chagos : vraie inquiétude ou mauvaise impression ?

Que se passe-t-il exactement concernant les Chagossiens installés à Crawley, West Sussex ? Risquent-ils réellement la déportation ? Y a-t-il vraiment une pression de la part des autorités britanniques pour qu’ils quittent l’Angleterre ? Ce sont autant de questions qui restent en suspens depuis que deux articles faisant état de ces menaces ont paru dans la presse britannique.

 

Dans un article intitulé Windrush Scandal Continues as Chagos Islanders are pressed to go back, The Guardian explique que les membres de la communauté chagossienne, détenteurs du passeport britannique, subissent des pressions de la part du gouvernement pour qu’ils quittent le pays. On y parle aussi «d’intimidation raciste de la part des agents locaux du logement». Sur Internet, on peut trouver des pétitions comme Stop the second exile ou encore Demand that the UK Home Office Stop Putting Chagossians into Immigration Detention. Cette dernière mène d’ailleurs vers un site de financement participatif qui avait pour objectif de récolter des fonds afin de sortir un jeune Chagossien de 21 ans du Brook House Immigration Removal Centre où il était détenu pendant plusieurs jours.

 

Sabrina Jean, présidente de la branche britannique du Groupe Réfugiés Chagos, explique qu’il est arrivé en Angleterre avec un visa de touriste et que sa mère, qui détient le passeport britannique, a alors entamé les démarches pour que lui aussi obtienne la citoyenneté. Cependant, selon la loi britannique, seuls les natifs et leurs enfants ont droit au passeport et pas la troisième génération. Mais pour la communauté chagossienne, il s’agit là, selon Sabrina Jean (photo), d’une injustice perpétrée par le gouvernement britannique. «Ils refusent de laisser les Chagossiens retourner dans leur pays et en même temps, ils ne veulent pas donner à de nombreux Chagossiens le statut de citoyen britannique, un statut qu’ils méritent. Heureusement, le jeune homme a retrouvé la liberté et aujourd’hui, ses démarches vont de l’avant. Pour le moment, sa maman ne veut donner aucune déclaration pour la sécurité de son fils.»

 

L’UK Chagos Support Association, explique Stefan Donnelly, le vice-président, est à l’origine du crowdfunding. «Les coûts de demande de visa ou de procédure de citoyenneté sont extrêmement élevés. Et lorsqu’ils font appel de certaines décisions, ça rajoute des coûts supplémentaires. Heureusement, la générosité de la communauté et de ses partisans a permis de collecter des fonds.»

 

Ils sont nombreux, ajoute Sabrina Jean, à faire face à des difficultés, principalement en ce qui concerne les aides sociales en vue d’obtenir un logement. Certains parlent de pressions de la part des officiers. «Oui, nous les Chagossiens, nous avons pas mal de problèmes avec le Council. Des fois, ils nous disent de rentrer chez nous. D’autres, au Social Service, se permettent même de nous dire qu’ils peuvent nous donner les billets d’avion pour qu’on parte. Mais ils n’ont aucun droit de nous dire ce genre de chose. Nous avons les mêmes droits que les Anglais. Nous avons la nationalité, comme eux. On ne peut pas nous traiter comme des immigrants.»

 

Dans son article, The Guardian raconte l’histoire d’un couple de Chagossiens, Lindy et Jonathan D’Offay, originaires des Seychelles. Ils sont arrivés en Grande-Bretagne avec leur fille. Ils se sont installés à Crawley et après avoir trouvé un emploi, Jonathan a lancé une application pour bénéficier d’une aide sociale afin de trouver une maison. Mais il se serait heurté à des officiers pas très coopératifs. Depuis, ils vivent dans une caravane. Contacté au téléphone, le père de famille se montre méfiant avant de se confier brièvement. «Tous nos papiers sont en règle. Nous avons la citoyenneté. Ils nous ont sortis des Chagos pour nous mettre en Angleterre. Alors c’est normal que nous soyons ici.»

 

Mais existe-t-il pour autant une menace de déportation ? Non, répond catégoriquement Sabrina Jean. «Il n’y a, à ce jour, aucune menace de déportation sur qui que ce soit. Ce sont les officiers qui nous disent certaines choses mais ça s’arrête là.» Stefan Donnelly ne partage pas le même avis. Selon lui, il existe aujourd’hui un risque de déportation sur ceux qui sont venus en Angleterre avec leurs parents et qui, eux, n’ont pas la citoyenneté. «Plusieurs affaires ont été divulguées publiquement, y compris l’affaire du jeune homme récemment détenu à Gatwick. Ils sont venus légalement au Royaume-Uni avec leurs parents qui sont des détenteurs de passeports britanniques. Mais lorsqu’ils atteignent l’âge adulte, ils sont traités comme tout autre immigrant et doivent passer par un processus long et coûteux afin d’obtenir la citoyenneté. Si cela ne réussit pas, les Chagossiens ne peuvent plus travailler ni continuer leurs études et peuvent être menacés d’expulsion.»

 

Aujourd’hui, c’est le respect qu’ils demandent, souligne Sabrina Jean. Que ceux qui veulent rentrer aux Chagos puissent le faire et que ceux qui souhaitent rester en Grande-Bretagne puissent rester en bénéficiant des mêmes droits et opportunités que les Anglais. «Ils doivent nous traiter correctement car nous, les Chagossiens, nous avons nos droits et notre dignité.» Tout ce qu’ils souhaitent, c’est que le gouvernement britannique corrige ses erreurs et son injustice à l’égard du peuple chagossien.