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Par Michaëlla Seblin
8 novembre 2016 04:29
«Comment choisir entre le sida et le cancer ?»Cette déclaration de Pamela Jahier, Mauricienne vivant aux États-Unis depuis 15 ans résume l’état d’esprit d’une majorité de personnes rencontrées à Washington à deux jours du scrutin le plus attendu par le monde entier. Depuis quelques semaines pourtant, Pamela se force à se décider. «Ne pas voter n’est pas une option», dit-elle.
La société d’événementiel de la jeune femme travaille pour le Trump International Hotel, qui a ouvert ses portes il y a peu à Washington et qui ne passe pas inaperçu, mais elle affirme que ce contrat n’est qu’un parmi tant d’autres et que cela n’affecte aucunement son choix d’électrice. Pour qui votera-t-elle donc ?«Cela n’a rien à voir avec mon travail mais je pense que je voterai Trump. Il a le potentiel de pouvoir nous surprendre. C’est vrai qu’il a dit des conneries, mais il est sincère. J’ai un problème avec Clinton parce qu’elle ne joue pas franc-jeu», répond Pamela Jahier, qui s’amuse à prendre la pose avec un livre pour enfants montrant Trump en superhéros (voir photo) dans une bookstoreà Washington.
Contrairement à Pamela, Susan, une compatriote qui habite cettemême ville depuis 20 ans, dit avoir des urticaires à la seule évocation du nom de Trump. Mais ce n’est pas pour autant qu’elle porte Clinton dans son cœur. «Je ne peux décemment pas voter Trump. Ce n’est juste pas possible. Mais je trouve que Clinton est le pire choix que j’aurais pu imaginer. Bien sûr que j’irais voter pour elle. Mais franchement, c’est uniquement par défaut. En fait, mon vote est plus un anti-Trump qu’un pro-Clinton», nous confie, dépitée, cette Mauricienne. Décidément le choix n’est pas simple à faire entre les candidats républicain et démocrate. Quoi que certains n’ont pas d’hésitation.
Vinella, qui est arrivée aux États-Unis depuis une année seulement après son mariage avec un Américain et qui vit au fin fond de l’Indiana, ne vote pas encore mais cela ne l’empêche pas d’avoir un avis bien tranché sur la question. Elle est une fervente supportrice de Clinton, tout comme l’élu de son cœur. «Mon mari votera Hillary. Il dit que le pays prospérait au temps de la présidence de Bill Clinton.»Un choix qui ne fait toutefois pas l’unanimité dans l’Indiana qui reste un État républicain, selon Vinella : «C’est la question sur l’immigration qui est au centre des débats parmi les habitants de ma ville. D’oùle soutien àTrump.»
Mais Hillary Clinton continue à l’emporter dans bien des cœurs. Dont celui de Marie Danielle Molina, d’origine mauricienne, qui habite Boston : «Je voterai Clinton. La raison est simple. Je travaille dans le secteur éducatif. Et l’ancienne secrétaire d’État a des idées très intéressantes concernant celui-ci. Elle a dit qu’il y aura encore plus d’écoles pré-primaires et qu’il y aura du progrès dans ce domaine.»Un choix clair, sans concession.
Àl’opposé des supporters de Clinton, Rajen Soopramanien se dit déçu par cette campagne électorale : «Le choix est entre le pire et le moins pire.»Cet avocat passionné de la politique qui réside aux États-Unis depuis 28 ans, que le statut d’ancien diplomate (dû à une carrière internationale au sein de la banque mondiale) ne permet pas de voter, affirme que s’il avait la possibilité d’aller aux urnes, c’est Trump qui aurait ses faveurs.
«Au début, je soutenais Sanders, car pour moi Clinton a dit tout et son contraire. Elle ne m’inspire pas confiance. Je ne dis pas que Trump est un saint, mais je me demande ce que Bill Clinton n’a pas fait», réagit Rajen qui se dit écœurédu rôle jouépar la presse dans ces élections. «J’aurais aimélire un journal qui me donne des informations justes pour que je puisse faire mon opinion par moi-même.»
Alors, à deux jours des élections, se dessine le visage de quel nouveau président des États-Unis ? Interrogé Mehdi Maranrakhan, Principal State Counselau bureau du DPP et se trouvant actuellement aux États-Unis pour une année, soit la durée de sa bourse, le Hubert H. Humphrey Fellowship Program, n’avance aucun pronostic. «Impossible de prédire. Ça change trop d’une semaine à l’autre.»
Ce qui l’a surpris dans ces élections ? «Le niveau des débats. ÀMaurice, nous sommes habitués àde telles bassesses. Je me serais attendu àdes débats d’idées, pas àdes insultes personnelles»,lâche Mehdi qui confie que les États-Unis restent, malgré tout, une grande démocratie. Une démocratie qui sera regardée sous tous les angles ce fameux 8 novembre…
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