Publicité

Coronavirus : ces pays à l’épreuve du déconfinement

1 mai 2020

Aruven Ramen et Kinsley Vettendorf Mashoule, des compatriotes installés au Danemark, parlent de leur expérience de sortie de confinement.

Le mot du moment : déconfinement ! C’est ce qu’on entend un peu partout actuellement dans les médias et sur les réseaux sociaux, chez nous comme ailleurs, même si les mots coronavirus et Covid-19 continuent à résonner à nos oreilles, nous faisant toujours trembler avec des chiffres accablants et des mauvaises nouvelles. Depuis quelques jours toutefois, des bonnes nouvelles viennent aussi égayer nos cœurs avec, par exemple, le nombre de contaminés qui est en baisse et le nombre de personnes guéries qui est en hausse dans certains pays, bien que la bataille contre le virus ne soit pas encore gagnée.

 

Et c’est cette tendance de courbes déclinantes dans la propagation du coronavirus qui encourage plusieurs pays à amorcer la levée graduelle des mesures drastiques pour lutter contre le Covid-19. Après de longues semaines où le «restez chez vous» était plus que jamais de rigueur, ces pays, s’appuyant sur les bons résultats dans leur lutte contre le virus, ont donc enclenché les procédures de déconfinement, à l’instar de la Norvège ou, plus près de nous, de Madagascar (qui met en avant un remède local contre le coronavirus).

 

En Chine, la ville de Wuhan (dans la province de Hubei, l’épicentre du virus dans le pays), où est apparu le Covid-19 et qui avait été placée en quarantaine stricte le 23 janvier, avait vu les mesures de restrictions être assouplies à partir du 25 mars. Et depuis le 8 avril, ses habitants peuvent à nouveau quitter la ville. Bien évidemment, ce retour à la normale après plusieurs semaines d’activités au ralenti, voire inexistantes, se fait par phases pour éviter de nouvelles hausses dans le nombre de personnes infectées par ce virus qui a accablé plusieurs parties du monde, en forçant des populations à s’isoler et en mettant l’économie en veilleuse.

 

Bien que le déconfinement ait lieu dans certains pays, il est toujours accompagné de restrictions. Pour en revenir à la Chine, il est toujours recommandé à la population de rester chez elle et dans la province de Hubei, les écoles restent fermées jusqu’à nouvel ordre. En Allemagne, certains commerces ont eu l’autorisation d’accueillir à nouveau des clients et le 4 mai, les salons de coiffure et certains établissements scolaires pourront à nouveau opérer. La chancelière Angela Merkel a aussi recommandé, sans l’imposer aux Allemands, le port de masques de protection dans les transports en commun et les magasins.

 

Le déconfinement est aussi d’actualité en Autriche. En lockdown depuis le 16 mars, ce pays est le premier de l’Union européenne à lever les mesures de restriction anti-coronavirus avec la réouverture de quelques commerces. Les Autrichiens sont ainsi autorisés, depuis peu, à sortir de chez eux et à se rendre dans des parcs et jardins publics ; un luxe que les habitants n’avaient pu se payer ces dernières semaines. Les petits commerces, de même que les magasins de bricolage et de jardinage, sont aussi opérationnels. Mais il y a quand même des mesures sanitaires à respecter. Les clients sont ainsi tenus de porter un masque et de respecter la distanciation sociale dans ces commerces et dans les transports en commun. Le reste des magasins devrait rouvrir début mai et les restaurants à la mi-mai.

 

«Craintes»

 

Au Danemark, où l’épidémie a fait un peu plus de 300 morts et où le nombre d’hospitalisations est en baisse depuis début avril, le déconfinement a aussi été entamé. Après un mois de confinement, les crèches ainsi que les écoles maternelles et primaires ont rouvert leurs portes. À lundi, les cours avaient toutefois repris dans seulement la moitié des communes danoises et dans 35 % des établissements à Copenhague, les autres ayant demandé plus de temps pour s’adapter aux règles de sécurité sanitaire encore en vigueur. Petit à petit, le pays retrouve son rythme. On est loin de ce que c’était avant mais la situation se stabilise.

 

Le Mauricien Aruven Ramen, installé au Danemark, raconte : «Fondamentalement, il n’y a pas d’avant coronavirus. On est juste passés d’un jour à l’autre. Le 11 mars, la Première ministre Mette Frederiksen a verrouillé le pays et fermé les frontières. La période de confinement s’est bien passée pour moi. Les universités ont été assez rapides à déplacer les conférences sur les plateformes de Microsoft, donc tout le mécanisme est devenu virtuel presque instantanément. Je craignais que nos emplois ne nous paient pas car je suis un employé à temps partiel avec un salaire basé sur l’horaire et non sur une base mensuelle. Mais heureusement, nous avons été payés.»

 

La sortie du confinement est stricte, poursuit-il : «Le gouvernement insiste pour que les gens gardent les bonnes habitudes quand ils font leurs courses car si tout le monde court au supermarché, cela favorisera la propagation du virus. On se souvient que la première nuit du confinement a été compliquée car beaucoup de gens avaient pris d’assaut les supermarchés. Mais on a vite retrouvé le calme qui dure d’ailleurs jusqu’à maintenant.» Les choses, précise-t-il, se passent très bien : «Les gens se détendent. Beaucoup marchent dans les parcs. D’ailleurs, j’y suis aussi allé. Cependant, les policiers sont présents dans les espaces publics pour s’assurer que les gens sont à des distances raisonnables les uns des autres. Maintenant, les structures s’ouvrent progressivement avec les classes pour les plus jeunes qui recommencent, par exemple. Certains espaces publics ont été aménagés de façon à ce que les gens ne marchent pas les uns vers les autres mais plutôt côte à côte.»

 

Sachant que Maurice se dirige aussi vers un déconfinement en douceur, Aruven souhaite partager quelques conseils avec les Mauriciens : «Je pense que la meilleure des choses à adopter est de maintenir la distanciation sociale et de continuer à suivre les directives d’hygiène comme se laver les mains régulièrement. De plus, il est préférable d’éviter les rassemblements inutiles pendant les semaines après l’ouverture progressive de l’île. Enfin, je pense que la plupart des Mauriciens devraient essayer d’avoir chez eux une sorte de jardin pour cultiver quelques légumes et fruits. Ça peut aider dans des situations difficiles.»

 

Un autre compatriote, Kinsley Vettendorf Mashoule, qui vit au Danemark, expérimente aussi le déconfinement avec sa famille. «Je dirais qu’il y avait un coronavirus inconnu avant et qui se faisait craindre, et un coronavirus maintenant plus connu et qui se fait moins craindre», explique le jeune homme. Tout en observant que le port de gants et l’usage de produits hydroalcooliques sont plus ou moins respectés autour de lui, il encourage aussi les Mauriciens à maintenir la distance de sécurité et à continuer à respecter les normes d’hygiène au moment où l’île semble aller vers un déconfinement, tout comme d’autres pays, à l'instar de la France, qui se préparent aussi à passer ce cap...

Publicité