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Coronavirus : la vie en quarantaine : «Nous sommes comme des prisonniers»

9 mars 2020

Un câlin de sa maman. La joie d’un déjeuner en famille. Le bonheur d’une balade sur la plage. Marc (prénom modifié) aurait voulu retrouver son pays dans ces conditions-là… Mais il lui faudra patienter avant de retrouver celle qui a tout fait pour qu’il rentre à Maurice. Sa vie en Chine, où il travaillait depuis plusieurs années, étant devenue difficile depuis l’apparition du coronavirus, sa mère s’est donné du mal pour recueillir l’argent nécessaire afin de payer son billet. Arrivé à l’aéroport local, après plusieurs heures de vol et un transit, en début de semaine, il a été directement véhiculé jusqu’au centre de quarantaine de Pointe-Jérôme. Et depuis, la vie a pris un goût assez particulier. Les jours sont longs, les heures se traînent. Et l’ennui s’invite comme un bater bis qui ne veut pas quitter la fête.

 

Il fait désormais partie des statistiques du ministère de la Santé qui, par mesure de protection, a mis en place des centres de quarantaine pour des Mauriciens et ressortissants étrangers qui viennent des pays à risques. Ceux venant de la Chine – même s’ils ont transité par un autre pays – se trouvent automatiquement en quarantaine. Si les touristes de l’Italie et de la Corée du Sud, par exemple, ne peuvent voyager jusqu’à Maurice en vol direct, ceux venant de France passent par un screening de température automatique et sont placés en quarantaine uniquement s’ils ont des symptômes de fièvre.

 

Pour tenir le coup, Marc et ses potes d’infortune ont trouvé une idée : jouer aux cartes. Un proche leur a fait parvenir un paquet à travers le gardien du centre. Comme il n’y a pas de contact avec le monde extérieur – à l’exception des visites médicalisées –, les parents et amis viennent déposer des victuailles, des produits d’hygiène et même des dol pouri au gate, qui sont récupérés par un infirmier qui les distribue aux personnes concernées. Dans le centre de quarantaine, il n’y a ni Wi-Fi, ni télévision, ni radio, alors les refill sur portable pour se connecter au mobile data, c’est comme le raisin sec sur le pudding mais ; un essentiel pour faire passer les journées et survivre aux nuits dans des petits espaces. «Nous sommes à quatre par chambre, il y a des lits à étage», explique Marc.

 

Ces dortoirs improvisés n’aident pas à la récupération et à l’intimité mais ce n’est rien comparer à la chaleur et aux… moustiques : «C’est infernal ! Nous avons demandé un multiplug pour mettre un vape mais nous n’avons pas été entendus.» L’angoisse constante est aussi au rendez-vous. «On se demande pourquoi les nouveaux arrivants sont avec nous. S’ils ont le virus, ne vont-ils pas nous contaminer ? On se pose des questions. Il faut nous séparer», confie Marc qui précise que le port du masque n’est pas obligatoire dans le centre. Dans le silence des longues heures, la réflexion est un passe-temps obligatoire. Surtout quand on souhaite retrouver les siens : «Je suis revenu dans un avion, si j’avais le virus, j’aurais contaminé tout le monde, non ? Je ne comprends pas pourquoi ma maman ne peut pas venir me voir ? Nous sommes commedes prisonniers.»

 

Pour se dégourdir les jambes, un bout de jardin : «Nou tourn-tourn an plas dan la kour mem.» Pour nourrir son corps, des repas à heure fixe : «Manze-la pa bon ditou. Pena disel. Li fre. Nou pa malad kan mem.» Brinzel, gro pwa, des fruits, de l’eau… Et des règles qui font tiquer : «On nous donne des couverts en plastique pour manger et nous devons les conserver et les laver à chaque fois.» Mais aussi la possibilité d’améliorer le quotidien à force de débrouillardise : «Nous n’avions ni table ni chaise, alors nous avons tras-trase pour en avoir. C’est mieux maintenant.» En attendant le jour de la libération, il vivote dans cette espèce d’entre-deux vies, en espérant que les jours passent vite et qu’il puisse faire un câlin à sa maman…

 


 

 

Un 12 mars différent

 

Pas de feux d’artifices, pas d’invité d’honneur (le président de l’Afrique du Sud, Cyril Ramaphosa, est pris par d’autres obligations) et une obligation de cut-cost, le 12 mars aura un autre parfum cette année. Au programme du National Day, pour le 52e anniversaire de l’Indépendance et le 28e anniversaire de la République : une cérémonie protocolaire et une fête culturelle. Néanmoins, pas de garden-party, pas de banquet d’État.

 


 

Une vidéo, un buzz

 

Un patient sur une civière entouré de médecins en combinaison. Les images ont fait le tour du Web en fin de semaine, provoquant une mini-panique car le message qui accompagnait la vidéo était le suivant : le coronavirus est à Maurice. Néanmoins, les autorités ont vite fait de démentir la «nouvelle» en assurant qu’il n’y a pas de cas de Covid-19 à Maurice pour l’instant. Des tests au coronavirus ont été effectués sur un cas suspect, à savoir sur un patient rwandais qui était admis à l’hôpital Victoria. Mais les résultats se sont révélés négatifs, selon le ministère de la Santé.

 


 

Dans le monde

 

Plus de 100 000 cas de Covid-19 dans le monde. Cette semaine, la barre a été franchie. Et le nombre de malades ne cessent d’augmenter. En Italie, on a dénombré 49 décès en 24 heures (197 morts en tout), alors qu’en France, le passage au stade de l’épidémie est sérieusement envisagé avec ses neuf morts. En Espagne, on dénombre huit morts. En Iran, 145 décès.

Au Cameroun, deux cas de coronavirus ont été confirmés. Et le Vatican a enregistré son premier cas. Le Togo et les Pays-Bas, également. Les événements sportifs et culturels sont annulés à travers le monde. Alors que l’OMS s’inquiète que certains pays n’en font pas assez pour prévenir la propagation de la maladie. En Chine, les cas de contamination semblent connaître une régression.

 


 

Le temps d’une PNQ

 

Lors de la séance parlementaire, le vendredi 6 mai, le leader de l’opposition, Arvind Boolell, a interrogé le Premier ministre sur les mesures prises par son gouvernement pour le Covid-19. Voici ce qu’a annoncé Pravind Jugnauth :

 

- L’hôpital de Souillac sera le centre de soins pour les cas de coronavirus confirmés. Rs 108 millions ont été allouées au ministère de la Santé pour l’achat de ce qui est nécessaire.

 

- Si le Premier ministre a affirmé qu’il est encore difficile de connaître l’ampleur de l’impact du virus sur le pays, il est possible pour son gouvernement de prendre les mesures qui s’imposent pour en atténuer les retombées négatives. Mais déjà, les premiers froids économiques se font sentir avec l’annulation de vols sur plusieurs destinations.

 

- Un groupe de travail a été institué pour mesurer cet impact économique. Il est mené par le ministre des Finances, Renganaden Padayachy.

 

- Le stock de médicaments conviendrait pour six à neuf mois. Et 20 000 masques sont disponibles en attendant la livraison des 10 000 supplémentaires commandés.

 

Paul Bérenger : «Mesures insuffisantes»

 

Le leader du MMM estime que Pravind Jugnauth n’en fait pas assez : «Les mesures sont insuffisantes.» Pour éviter la crise du coronavirus, il estime que le gouvernement devrait en faire plus : «La priorité demeure la santé des Mauriciens. La situation dans laquelle se trouve la France est préoccupante. Ce pays représente 300 000 touristes par an pour Maurice.» Et il l’a fait savoir lors d’une conférence de presse, le samedi 7 janvier. Il s’inquiète, également, pour l’économie qui passe par un sale quart d’heure.

 

Pour une veille sanitaire plus stricte

 

Le comité ministériel sur le Covid-19 s’est réuni pour la cinquième fois, en fin de semaine. Et il a été décidé que, même si les systèmes de surveillance fonctionnent bien au port et à l’aéroport, d’autres mesures et restrictions devront être à l’étude pour renforcer le dispositif déjà mis en place. La situation en France, le plus gros marché touristique de Maurice, appelle à plus de prudence dans le screening des touristes venant de cette région.

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