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30 juin 2024 14:40
Il est parti sur la pointe des pieds, paisiblement, sereinement. Pierre Dinan, éminent économiste et comptable, a tiré sa révérence à l’âge de 87 ans dans la matinée du jeudi 27 juin. Ce matin-là, il a assisté à la messe en compagnie de Monique, son épouse depuis 55 ans. Une fois à la maison, ils ont petit-déjeuné ensemble avant qu’il n'aille faire une sieste... pour ne plus jamais se réveiller. Pour sa famille, Pierre Dinan a eu une très belle mort, sans connaître aucune souffrance. Cette pensée, nous confie Claire Némorin, fille aînée, est source de réconfort : «Il est parti de la plus belle mort. C’est soudain, mais il n’a pas souffert. Il était en bonne santé bien qu’il était âgé. C’est ce qui fait que nous sommes aujourd’hui sereins face à son départ.»
Figure incontournable de la scène économique locale, Pierre Dinan, qui a été élevé aux rangs de Grand Officer et de Commander of the Star and Key of the Indian Ocean, a eu un riche parcours professionnel dans le milieu de la finance et de l’économie. Après des études supérieures à la London School of Economics and Political Science et être devenu Fellow de l’Institute of Chartered Accountants in England and Wales, il a débuté sa carrière à Maurice en 1964 à la Development Bank of Mauritius en tant qu’Investment Officer. Il occupera tout au long de sa carrière plusieurs postes dont celui de Chief Economist et d'Accountant à la Mauritius Chamber of Agriculture, de Chief Accountant au sein du WEAL Group of Companies, de Senior Partner chez De Chazal Du Mée et de directeur de Multiconsult Ltd, de directeur à l’Indian Ocean International Bank Ltd, de membre du conseil d’administration du JP Morgan Indian Investment Trust plc, entre autres. Membre actif du Monetary Policy Committee de la Banque de Maurice, il siégeait aussi sur le Conseil d’administration et le comité d’audit de plusieurs entreprises privées locales.
Sur la scène internationale, Pierre Dinan a été consultant pour l’Africa Development Project Facility et s’est rendu en mission pour la Banque mondiale dans plusieurs pays africains, dont le Zaïre, le Burundi, le Kenya et la Zambie. Fin auteur, il a aussi écrit plusieurs livres et articles sur l’économie, s’imposant au fil des années comme un observateur économique hors-pair. Son autre fille, le Dr Pascale Dinan, le décrit comme quelqu’un de bon, d'humble, et comme un homme de service. «Il arrivait à vulgariser quelque chose de complexe et à expliquer simplement pour que tout le monde puisse comprendre. C’était un vrai patriote. C'était un fin intellectuel qui passait son temps à lire, à suivre l’actualité et à faire des analyses. Il nous a toujours transmis le sens du travail et de l’effort. C’est ainsi qu’il s’est construit. D’ailleurs, il a récemment écrit ses réminiscences pour ses 17 petits-enfants pour leur dire que pour devenir ce que l’on est, il faut s’en donner les moyens. C’est un parcours qui demande de l’effort et de la résilience.»
Ce devoir de transmission, poursuit-elle, a toujours animé Pierre Dinan, que ce soit envers la famille ou les Mauriciens. Sur le plan personnel, Pascale Dinan garde de lui le souvenir d’un père très proche de ses cinq filles. «Il était toujours très à l’écoute et riche de conseils. Il nous a toujours encadrées sur nos parcours de vie et ne nous a jamais lâchées. Les valeurs familiales avaient beaucoup de poids pour lui. Il était un bon vivant qui avait un solide coup de fourchette et un éclat de rire tonitruant. Je garde des souvenirs heureux de ma vie avec lui. J’estime personnellement avoir eu beaucoup de chance de grandir dans une famille où il y a de l’amour et de la sérénité. C’est ce qui nous a permis de devenir des femmes stables et sereines.»
Outre la figure publique qu’il incarnait, Pierre Dinan était avant tout, malgré ses responsabilités professionnelles, un homme de famille qui pensait d’abord au bien-être de ses enfants et de ses petits-enfants. «C’était quelqu’un de très attachant et de très présent. Bien que j’habite Rodrigues, on se parlait tous les jours. Il était généreux, prévenant et très organisé. Il pensait à tout pour qu’on ne se retrouve pas dans une situation difficile. C’était un super papa» confie Claire Némorin. L’éducation, ajoute-t-elle, était important aux yeux de son père. C’est pour cela qu’il a, dit-elle, toujours encouragé ses filles dans leurs choix bien qu’elles aient toutes pris des chemins différents. «Il posait des questions, avait de l’intérêt pour tout ce qu’on faisait.»
Pierre Dinan, un homme de savoir, mais aussi de passion. Ce que beaucoup ne savent pas du grand homme qu’il était, c’est qu’il avait une passion débordante pour les lapins. «C’était sa grande passion. Nous avons toujours eu des animaux chez nous, mais il adorait tout particulièrement les lapins, et je ne vous parle d’un ou deux mais bien d’une centaine. Il en a élevé jusqu’à il y a quelques mois de cela. Il était très consciencieux, mais vu son âge, comme cette activité devenait de plus en plus fatigante pour lui, il a arrêté», raconte Claire Némorin.
Tous ensemble, ils ont passé de merveilleux moments en famille autour de bons petits plats, d'autant qu'il était un fin gourmet. «Il savait montrer son appréciation et, pour moi qui fais de la cuisine, c’est un plaisir d’avoir quelqu’un qui aime ce qu’on prépare. Il était très jovial et avait un sacré rire qu’on entend encore.» D’ailleurs, le 12 mars dernier, la famille s’était réunie pour célébrer son anniversaire. Un moment de bonheur familial partagé par ses enfants et ses petits-enfants qui rejoint aujourd’hui les nombreux autres souvenirs de sa riche vie.
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