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Par Yvonne Stephen
6 juin 2022 21:54
Abracadabra(pas) ! Le Grand Argentier pourra-t-il soulager d’un coup de baguette ultra-magique les familles qui trouvent les mois longs et le kas pa ase ? Celles qui peinent à joindre les deux bouts, celles qui arrivent à se débrouiller mais souffrent, malgré tout, des hausses qui viennent de toutes parts ? Denrées alimentaires, essence et gaz ménager ne font que prendre l’ascenseur ces derniers mois, laissant le consommateur assommé, dépité. Mais il y aurait une lueur d’espoir ! Enfin, c’est ce que laissent entendre certains politiciens de la majorité (alors que d’autres parlent de… situation mari difficile pour doucher les nombreuses attentes) : le discours budgétaire ! Il aura lieu le mardi 7 juin à 16 heures. Et tous les regards seront braqués sur le Grand Argentier, Renganaden Padayachy.
Cet exercice est particulièrement attendu, cette année, car il devrait répondre aux problématiques qui touchent les Mauriciens. Mais aussi décider de la politique économique du pays qui se débat dans un contexte difficile. Les attentes sont nombreuses, néanmoins, certains économistes estiment que la marge de manœuvre du ministre des Finances est limitée. L’opposition, elle, estime que Renganaden Padayachy a les coudées franches pour apporter des mesures afin de soulager la population… s’il s’agit de sa priorité et de celle du gouvernement. Et les familles, elles souhaitent quoi de cet exercice souvent aride ? Nous avons demandé à certaines d’entre elles de nous lister trois mesures urgentes que devrait prendre le ministre des Finances.
Salaire minimum et allocation : à revoir. Anaïs Paul-Jackson, maman de famille nombreuse, vit la difficulté de la situation actuelle au quotidien : «Avec quatre enfants, ce n’est pas évident du tout.» Alors, elle a bien sa petite idée de ce que pourrait faire un ministre des Finances (elle est un peu celui de sa famille !). Il faudrait, explique-t-elle, revoir le salaire minimum mais aussi les allocations aux familles qui ont plus de deux enfants : «Je suis supposée avoir une pension du gouvernement parce que j’ai une famille nombreuse mais on me dit toujours que ma base de salaire est trop forte pour être éligible ! Le gouvernement nous demande de faire plus d’enfants mais avec quoi on est censés les nourrir ?»
La taxe sur les produits de base : bye bye bye. Pour la jeune femme, dans les circonstances actuelles, c’est évident que le gouvernement devrait revoir la taxe sur les produits de base (mais aussi sur les couches, le lait infantile, les céréales, entre autres) : «Ce sont des produits essentiels ! Ce ne sera pas un réel soulagement mais ça va plutôt compenser les autres augmentations, comme celles de l’essence ou encore du gaz ménager.»
Prendre aux gros salaires : un must-do. «Ce n’est pas seulement aux ti dimounn de faire les frais seuls», estime Anaïs. Il faut absolument une politique d’égalité : «Réduire les frais gouvernementaux en réduisant les gros salaires, c’est ce qu’il faut faire. En plus de toutes les facilités qu’ils ont, c’est exagéré de maintenir leur même niveau de paye, alors que nous, nous souffrons. Ils doivent aussi se serrer la ceinture. Nous sommes tous égaux, personne n’est supérieur, donc qu’on s’assure que chaque citoyen mauricien est traité de façon égale. Assez avec la corruption, les privilèges et les traitements de faveur !»
Essence et gaz ménager : une baisse exigée. Nusrat Bucktawatsing, maman de deux enfants, entrepreneure et formatrice, elle, estime que ces produits doivent absolument connaître une baisse : «Comme cela, les commerçants vont revoir leur prix des aliments et produits sur le marché. Ce sera bénéfique pour tout le monde.»
Vans scolaires : plus d’ordre. Si la baisse de l’essence est actée, elle espère que les opérateurs de vans scolaires reverront leur prix car les frais sont difficiles à prendre en charge pour les parents, explique-t-elle. Si ce n’est pas le cas, elle espère que «les autorités viennent avec un système pour réguler les tarifs».
Entrepreneuriat et flexi-time : des formules pour empower. Pour Nusrat, il faut également empower les familles qui ont besoin d’un coup de pouce : «Les aider à faire un petit business. Pas offrir des mesures pompeuses ; mais des actions simples et ciblées. Dans les women centers, par exemple, offrir des formations, des services de conseil et d’aide.» Dans le même ordre d’idée, il faudrait des décisions afin d’encourager le flexi-time : «Avec un shift system, du part-time, du flexi-time, du work from home ; comme ça, les mamans pourront travailler.»
Rebooster le pouvoir d’achat : le mot d’ordre du Budget. Pour Pallavi Vengadassalom, qui vit avec ses parents et son frère, l’intérêt suprême de ce Budget devrait être de redonner aux Mauriciens leur pouvoir d’achat. Surtout que les salaires ne bougent pas. Et que la jeunesse a du mal à avoir espoir en l’avenir : «Une révision des prix des denrées alimentaires, la baisse des tarifs du carburant et l’augmentation du salaire minimum sont
des mesures prioritaires pour soulager les familles.»
Revenir à l’essentiel : l’économie différemment. Elle pense aussi à demain, avec la nécessaire promotion des produits locaux, pour limiter l’impact du coût du freight et les secousses géopolitiques. Mais aussi afin de «semer pour mieux récolter». Un mindset tourné vers la production locale qui sera bénéfique à plusieurs niveaux : «Il serait intéressant de mettre en place un système afin d’aider les personnes au bas de l’échelle ; elles pourront cultiver, planter et nourrir des animaux. En plus, ce sera bon pour notre écosystème.»
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