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Hommage aux victimes de violences conjugales : pourquoi j’ai marché…

«Zot lavi pou zot», «Say no to violence & fear»… Les messages sur les pancartes étaient clairs, le samedi 23 novembre, lors de la marche contre la violence à l’égard des femmes dans les rues de la capitale. Ceux et celles qui y étaient nous parlent de l’importance de leur participation à une telle initiative.

«Plus jamais de peur (…) Plus jamais de pleurs. Je suis épuisée, c’est assez. Je n’ai pas à baisser les yeux, je n’ai rien volé. Je n’ai pas à baisser la tête, je n’ai pas triché (…)» C’est sur les paroles de la chanson Victorious de Rutshelle Guillaume, qui résonnent dans l’enceinte de la municipalité de Port-Louis, que la petite Emilia dépose sa petite fleur au pied des marches menant à l’entrée.

 

La fillette est venue participer avec sa famille, et aux côtés d’autres personnes, à la marche silencieuse, en ce samedi 23 novembre, dans le cadre de la Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes qui sera observée le lundi 25 novembre à travers le monde. Et elle a placé son gerbera blanc dans le signe tracé symboliquement sur le sol représentant la femme et la féminité. Au même moment, portée par la musique, sur des paroles qui lui parlent – «Je dis non à ta douleur : femmes battues, femmes torturées, femmes humiliées» –, Catherine Prosper fond en larmes. «Quand j’ai regardé tous ces noms : Shaneez, Tiannesela, Shania, Anita et Marie-Ange, entre autres, entreposés sur la marche, c’est comme si je voyais devant moi ces femmes qui ont succombé sous les coups de leur conjoint violent. Ce genre de chose n’est pas normal. Cela n’aurait jamais dû arriver… C’est en pensant à cela que j’ai été submergée par l’émotion», nous confie cette ex-victime de violence conjugale qui est aujourd’hui très engagée au sein du mouvement Linion Fam : «Mon prénom aurait pu être sur ces marches. Quand on a vécu cela, on ne peut pas oublier.»

 

Catherine, qui a marché un peu plus tôt lors de la manifestation pacifique organisée par la délégation de l’Union européenne à Maurice, a les yeux embués de larmes et un message pour celles qui vivent cette réalité : «Quand on est une victime de violence domestique, il y a un moment où on perd l’estime de soi. On s’efface complètement, et l’autre prend la place. À ce moment-là, j’ai dû réagir : je me suis dit, c’est lui ou moi. J’ai décidé de m’aimer avant tout. Mon message n’est pas juste pour les femmes ! Ça sert à quoi qu’une femme vienne de l’avant et dénonce son agresseur si, par la suite, elle n’a pas de protection. Mon message s’adresse au gouvernement, au judiciaire, mais aussi à la police pour que tous à leur niveau fassent leur travail. On a des lois ici mais ça sert à quoi si elles ne sont pas appliquées. Mon combat est à ce niveau.»

 

Comme elle, des Mauriciens d’horizons divers, anonymes, jeunes, moins jeunes, familles entières, membres d’ONG, parlementaires, ambassadeurs et représentants d’ambassades, entre autres, pancartes ou pas en main («Stop violans kont fam», «Un vrai homme pas bat femme ! Dites non !»...), ont tenu à être présents pour une cause en laquelle ils croient. Parmi eux, Christine Rochecouste-Collet. «On vit dans une société dominée par les hommes, les mâles alpha. Quand quelqu’un domine, il n’y pas d’égalité ni d’équilibre. Les femmes subissent la violence, qu’elle soit verbale ou physique, et parfois y laissent la vie. Cela n’est pas acceptable», souligne celle qui a tenu à emmener son fils Erwann, 4 ans, avec elle : «Pour moi, la solution commence par l’éducation et la bienveillance. Ce sont des valeurs que j’ai envie d’inculquer à mon fils et à mon entourage. D’où l’importance pour notre société Create Woldwide Ltd d’être partenaire de l’Union européenne pour faire la campagne Rise & Shine et cette marche contre la violence.»

 

Comme Christine, Gaëlle Bernard, chargée de communication au Collectif Arc-en-Ciel, a voulu que sa fille Malika, 14 ans, soit présente : «C’était important pour nous d’être là pour apporter notre soutien à toutes les femmes victimes d’injustices dans la société au niveau conjugal et domestique, mais aussi les femmes de la communauté LGBT qui souffrent d’homophobie.» Malika, qui participait à sa première marche, est très au courant de cette réalité : «Même si je suis jeune, je comprends la cause.» Des hommes étaient également là pour dénoncer les violences à l’égard des femmes. Jean-Ravind Sobnack ne voulait absolument pas rater cette manifestation : «Il y a eu beaucoup de cas ces derniers temps. C’est important de dénoncer cela !» Bien qu’en fauteuil roulant, Kirti Ramchurn voulait aussi faire entendre sa voix : «Il faut condamner toutes les sortes de violences et je voulais participer à cette marche parce que cette réalité nous concerne tous.» Son avis est partagé par Irfan Joomun qui croit que la tendance peut être renversée : «En tant que jeunes, on ne peut pas se taire sur ce sujet. Dans ma famille, il y a des femmes et je n’ai pas envie qu’elles soient victimes de violence tout comme je ne veux pas que ça arrive à d’autres femmes dans d’autres familles.»

 

Dans la foule, il y avait aussi des parlementaires, à l’instar de Joanna Bérenger, Subashnee Lutchmun-Roy et Joanne Tour, entre autres. «Je pense que le premier soutien dans ce combat doit venir de la femme elle-même. Nous sommes des jeunes députées de terrain et nous serons là quand on aura besoin de nous pour faire entendre notre voix sur des causes importantes comme la violence contre la femme. “Stop violence” est un message fort qu’on a envie de voice out à la population», nous confie Subashnee Mahadeo qui a tenu à marcher contre la violence et en hommage à toutes celles qui sont tombées sous les coups d’un conjoint violent…

 


 

Au moment des discours…

 

Vincent Degert, l’ambassadeur de l’Union européenne auprès de la République de Maurice : «Cette violence n’est pas acceptable et nous pouvons agir, la famille, les proches, les policiers, au niveau du Parlement ; ce lundi, 25 novembre, nous aurons un débat pour nous pencher sur les causes de cette violence (…) Ansam nou kapav fer enn diferans…»

 

Anushka Virahsawmy de Gender Links : «Sanzman-la, nou tou kapav fer li ansam»

 

Kalpana Koonjoo-Shah, la ministre de l’Égalité du Genre : «Li inakseptab dan enn pei kot ena metro pe roule, ena bann madam ki pe perdi zot lavi. Li pa normal»