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Il était une fois… la première année

1 janvier 2021

AVRIL

 

So fresh ! Enfin, façon de parler. Pour la première couverture de 5-Plus dimanche, sir Anerood Jugnauth s’offre la Une et «Une journée marathon» pour ses 60 ans. Il est encore question d’alliances et de rencontres nocturnes. On parle déjà du Port-Louis by night (mais peut-être pas selon la même thématique) et du prix du sucre. Durant ce premier mois d’existence, la première page du journal s’inventera tantôt politique, tantôt glamour avec Sonia Leong Song, mannequin pour une boutique de prêt-à-porter, tantôt sport avec le sunrise. Sir Gaëtan Duval ouvrira son cœur, le cardinal Margéot fera entendre sa voix pour des licenciés, le fléau de la drogue sera évoqué. Côté pub, Monis sera… «à boire absolument».

 

- Sonia présente Sheelan Boutique : d’amour et de souvenirs…

 

Elle prend la pose, sourit pour l’objectif. Clic. Clic. Sonia Leong Song a 21 ans. Jeune coach de fitness, elle se la joue mannequin pour mettre en valeur les tenues de Sheelan Boutique, qui appartient à une bonne amie de sa maman et à une tante, afin d’illuminer la couverture de 5-Plus dimanche. Elle a l’habitude de faire face aux objectifs : trois ans plus tôt elle était la dauphine de Miss Mauritius. Puis elle a représenté son île pour le concours Miss Mauritius Wonderland à Taiwan. «Je suis la seule et l’unique car le concours s’est arrêté après ça», se rappelle-t-elle avec une pointe d’humour. De ses années sous les projecteurs, elle ne retient que le meilleur : «L’expérience était extraordinaire. Ça m’a permis de nourrir ma confiance en moi… J’étais plutôt tomboy. Ça m’a obligée à être plus coquette. Mais je me suis arrêtée là parce que je n’étais pas très l’aise face à l’objectif.»

 

Et de se voir à la Une d’une des premières éditions de 5-Plus dimanche reste un beau souvenir : «C’était quelque chose d’extraordinaire ! Ça fait remonter de beaux souvenirs.» Depuis, la vie a fait sa route. En 30 ans, les instants passent, les moments se vivent. Elle a vu grandir ses cinq enfants et s’est construit une belle carrière dans le monde du fitness : «J’en suis fière ! Et quand je pense aux personnes que j’ai pu aider à se sentir mieux dans leur peau, ça me fait un super sentiment de satisfaction. Mais le plus important, pour moi, c’est le don de Dieu que j’ai et que je partage au plus grand nombre.»

 

Au fil des années, elle a approfondi son lien avec son «Shepherd», qui était là, explique-t-elle, depuis toujours : «Je ne m’en rendais pas forcément compte. Mais avec le recul, je vois qu’Il était présent à chaque moment… depuis le début.» À 18 ans, se rappelle-t-elle, alors qu’elle terminait le collège, une belle porte s’ouvrit : le ministre de la Jeunesse offrait des formations animées par une américaine missionnaire baptiste, pour des cours d’aérobic. La suite, les titres, les séances photos, les contrats dans la pub. Toutes ses joies, toutes ses réussites. Sonia sait qu’ils viennent de Lui…

 

MAI

 

Avez-vous déjà entendu parler du Scampi 1 ? Il s’agit d’un navire qui a fait naufrage et a coûté la vie à six personnes. En 1990, 5-Plus dimanche rencontre deux des rescapés. Trente ans plus tard, les enfants de l’un des deux – Philippe Saydrouten qui a 71 ans, a accepté une mission de pêche et n’est pas au pays – racontent ce moment traumatisant de leur adolescence/enfance. Séquence d’émotion garantie ! Sinon en mai 1990, il est question de Labour Revival, de la «Zone Franche au bord du gouffre», de la Duchesse 90 pour l’hippisme, du dégraissage de la fonction publique. Et du portrait de Jean-Stéphane Mackay ; aujourd’hui directeur de Gung Ho, il nous parle de cette période de sa vie. Ah, il ne faut pas l’oublier ; il y avait des Tahitiennes sur les plages mauriciennes… Sinon côté pub, il y a Ceres qui, il y a 30 ans, lance «The fruit, the whole fruit, nothing but the fruit.»

 

- Scampi 1 | Sandrine, Stéphanie, Jean-Philippe : notre père ce héros

 

Partages émouvants des enfants d’un des rescapés du naufrage du Scampi 1. Même si 30 années sont passées, cet épisode les remue encore…

 

Au moment du naufrage, ils ont quel âge…

 

Sandrine : «16 ans tout juste.» - Stéphanie : «En 1990, j’avais 13 ans.» - Jean-Philippe : «J’avais 8 ans.»

 

Quels sont les souvenirs qui vous reviennent ?

 

Sandrine : «Des souvenirs forcément traumatisants car je me souviens encore de ce moment : je  rentre du collège avec ma sœur et je vois ma mère au salon en larmes et qui discute avec deux inconnus. Elle nous a annoncé, tout de suite, la triste nouvelle du naufrage. Comme je suis l’aînée, je dois avouer que j’ai vraiment essayé de refouler mes émotions afin de pouvoir soutenir ma mère.»

 

Stéphanie : «Je me rappelle que c’était un vendredi. Avec ma sœur Sandrine, nous revenions du collège et avons vu notre mère en discussion et en pleurs avec quelqu’un que nous ne connaissions pas.  Il nous a expliqué que notre père avait fait ce naufrage au large de Java, que pour l’instant, il ne savait pas encore s’il était vivant.  Nous avons passé une nuit blanche à attendre un coup de fil qui est arrivé vers 6 heures le samedi matin. Quel soulagement d’entendre la voix de notre père !»

 

Jean-Philippe : «Ça reste un peu vague, mais je me souviens de ces deux gars que je ne connaissais pas et qui parlaient à ma mère. Je me rappelle de ses larmes juste après et de Sandrine qui essayait tant bien que mal de me dire que notre père avait fait un naufrage.»

 

Quelles émotions vous reviennent en évoquant cet instant de votre vie ?

 

Sandrine : «L’impuissance car à cette époque il était impossible de savoir exactement à l’instant T où était mon père. S’il était blessé, quand il allait rentrer ? Beaucoup d’incertitudes. C’était une période assez difficile avec un ballet incessant de journalistes, de parents, d’amis. La sonnerie incessante du téléphone. C’était épuisant. L’attente de revoir notre père était interminable et quand il est enfin rentré, il ne pouvait pas se reposer car il recevait beaucoup de visites, surtout des familles des disparus. On voyait bien que cela lui était pénible de revivre ce douloureux souvenir.»

 

Stéphanie : «Nous avons de la chance d’avoir encore notre père avec nous, même si pour l’instant il y a la distance qui nous sépare. Nous avons été et sommes toujours une famille très soudée. Nous avons soutenu notre maman car elle a été très affectée, comme nous, par ces tragiques événements car il y a eu six décès.»

 

Jean-Philippe : «Le choc de voir la photo de son père au Journal de 19h30, concernant ce naufrage dans lequel il y avait des disparus. Le téléphone qui n’arrêtait pas de sonner, les journalistes devant la porte. La joie quand on nous a dit qu’il était vivant et qu’il allait pouvoir rentrer bientôt. Je vois encore mon père sur le canapé du salon après son arrivée avec un cornet dans l’oreille qui fallait allumer car il était resté longtemps dans l’eau et que ça avait entraîné une baisse de l’audition.»

 

Est-ce que vous en reparlez encore aujourd’hui ?

 

Sandrine : «Oui, il nous est arrivé d’en parler mais nous évitons quand même lors des retrouvailles familiales car ce n’est pas vraiment réjouissant de se remémorer d’événements aussi tristes.»

 

Stéphanie : «Oui, on en reparle encore. Car le métier de la mer reste quand même très dangereux. Nous ne pouvons pas nous battre contre les intempéries qui peuvent provoquer un naufrage ou tout autre évènement. J’en ai parlé à mes enfants. Mais comme ils n’ont pas vécu ce moment, pour eux, leur grand-père est un héros. C’est celui qui a survécu à un naufrage !»

 

Jean-Philippe : «J’en reparle des fois avec maman et mes sœurs mais très rarement avec papa. Comme le dit Sandrine, ce n’est pas un événement réjouissant. Mais je chéris chaque minute que je passe avec lui aujourd’hui car il n’était pas souvent là pendant mon enfance et mon adolescence à cause de son métier.»

 

Pouvez-vous donner des nouvelles de votre père ?

 

Sandrine : «Il va très bien et est toujours actif dans son boulot qu’il adore.»

 

Stéphanie : «Mon père a maintenant 71 ans et il est toujours aussi passionné par son métier. Un vrai loup des mers ! Malheureusement, nous ne pouvons pas nous voir aussi souvent que nous le voulons. Mais nous avons les outils d’Internet (WhatsApp, Viber et autres) qui nous permettent de maintenir le contact.»

 

Jean-Philippe : «Il ne se passe pas un jour sans qu’on se parle. C’est mon père et aussi mon pote. On parle beaucoup, il me conseille, me dit de faire gaffe à ceci ou cela… J’aurais aimé lui ressembler à 71 ans. Il est en forme, promène sa chienne Brownie tous les après-midis dans le quartier quand il est chez nous, et est toujours aussi amoureux et taquin à l’égard de ma mère. Je dis toujours qu’il est mon seul "Walking and breathing hero".»

 

- La rue n’est pas une poubelle : portrait d’une tête d’affiche | Graine de star, fils de pub

 

La surprise. Un coup de fil et Jean-Stéphane Mackay n’en revient pas. La situation résumée en quelques mots et le directeur et fondateur de l’agence de publicité, Gung Ho, doit faire un sacré bond en arrière : «C’est très vieux ! J’avais 18 ans.» En mai 1990, il s’offre une place en première page de 5-Plus dimanche pour avoir tourné dans un court-métrage sur la thématique «La rue n’est pas une poubelle» : «Le projet, c’était l’initiative de Jean-Claude de l’Estrac, alors maire de Beau-Bassin/Rose-Hill. Le clip avait été tourné à Rose-Hill, je mangeais une paire de dholl-puri et je jetais le papier. Puis quelqu’un me mettait la main sur l’épaule.»

 

Sur le coup, se rappelle-t-il avec humour, il accepte mais ne s’attend pas à ce qui va s’ensuivre : «J’ai bien regretté ! Mon visage était partout dans les villes sœurs ! Les filles des autres écoles me lançaient des "La rue n’est pas une poubelle". Alors je me cachais et j’attendais qu’elles partent pour quitter mon collège, le New Eton, discrètement. C’était fou, je ne m’attendais pas à une telle ampleur.» Il ne s’attendait pas, non plus, à se découvrir sur la Une de 5-Plus dimanche !

 

Depuis, il a surmonté son «traumatisme». D’ailleurs, l’hebdomadaire lui a même fait un clin d’œil bien des années plus tard : «Il y a quelques temps, j’ai travaillé sur le nouveau logo de 5-Plus !» Au-delà de la gêne adolescente, il se dit que son penchant pour l’artistique était déjà là, faisant son chemin en lui, creusant les sillons de l’envie et de la détermination. Et c’est ce qui l’a porté pendant toutes ces années : «Pourtant, à l’époque, il n’y avait pas beaucoup de formation, ce n’était pas un métier valorisé. J’ai dû m’orienter vers autre chose, j’ai fait de la vente, de l’import-export, de l’hôtellerie… Puis, je me suis dit que j’allais travailler dans un domaine artistique.»

 

Mais il fallait bien trouver un secteur où il pouvait gagner sa vie, explique-t-il : «J’ai opté pour le commercial art. La pub quoi. J’ai commencé à Maurice Publicité, qui était un peu comme une institution. J’ai fait mes armes aux côtés de Thierry Montocchio. Puis, je suis parti étudier en Australie, je suis rentré, j’ai travaillé pendant neuf ans et il y a onze ans, j’ai ouvert Gung Ho.»

 

JUIN

 

Saint-Esprit, jeux inter-collèges et nouveaux règlements qui font polémique. En 90, ces rencontres du sport adolescent font la Une. Tout comme une question existentielle : «Le Mauricien : crétin ou bobock.» Le transport public offre «Une chevauchée chaotique». La biscuiterie Rault fête alors ses 120 ans.

 

Et François Mitterand est en visite à Maurice. Côté pub, l’huile Sunbeam nous montre une demoiselle en petite tenue et en pleine santé, fleur de tournesol à la main.

 

JUILLET

 

Halloween avant l’heure. Ce mois-là s’ouvre sur la crainte de phénomènes surnaturels à l’usine Corotex. En juillet, on parle, également, de cercueils flottants concernant la disparition du Kuo Chen. Madagascar serait un El Dorado pour l’investissement. Catherine Deneuve se bronze au Royal Palms. Mylène Farmer est aussi dans l’île. Alors que Anne-Marie Bastien est Miss Amitié du concours Look Mauritius 90 ; elle nous raconte ce souvenir ci-dessous. Côté pub, Emcar se positionne en tant que «Le Spécialiste». Sony présente le Black Trinitron, le must-have question télé.

 

- LOOK OF MAURITIUS 90 - Miss Amitié, Anne-Marie Bastien : Défilés, zumba et… culture hydroponique

 

Souvenirs, souvenirs. Une des It-girls de cette année 1990, c’est Anne-Marie Bastien (aujourd’hui Bastien-Lutchmunsing). Elle a 19 ans et enflamme le catwalk et les coulisses d’un concours de beauté qui n’existe plus de par la chaleur de sa camaraderie : «Ouh la, ça remonte ! On jouait aux mannequins.» À l’époque, elle bossait déjà dans le secteur hôtelier pour le Novhotel (qui se situait à Grand-Gaube) et faisait partie de l’équipe de l’animation – elle adore depuis toujours danser : «Mes copines du BPS se souviennent de moi pour ça»  –  et se retrouve Miss parce qu’on l’a poussée : «Je travaillais avec Jean Renat Anamah qui était le chorégraphe du concours.»

 

Dans le tourbillon de la jeunesse, de ses émotions, de ses découvertes, elle se rappelle de cette Une de 5-Plus : «J’étais fière ! Mais j’étais modeste, je ne me trouvais pas aussi jolie que les autres le disaient. J’étais assez étonnée de plaire… Je suis plus mince aujourd’hui que je ne l’étais à l’époque !» Par la suite, Anne-Marie a connu d’autres Unes de journaux. Quand elle a quitté l’animation et a passé une audition à la prestigieuse École de Danse Contemporaine de Londres, par exemple. Une consécration !

 

Après cette aventure-là, elle rentre au pays, «rencontre le mari» et construit sa famille : trois enfants au compteur (aujourd’hui, âgés de 17 à 23 ans). Anne-Marie a aussi été prof de zumba : «Puis à 49 ans, je me suis dit qu’il était temps de changer de métier.» Aujourd’hui, elle prend des cours en culture hydroponique à la MITD : «Pas facile de reprendre les bouquins, de passer des examens.» Le diplôme ? C’est prévu pour 2021 : «Ensuite, on verra bien ce qu’on va faire !»

 

AOÛT

 

Homme de grandes annonces, SAJ affirme que le «prochain mandat MSM-MMM tiendra cinq ans». Alors que Prem Nababsing assure que l’alliance MMM-PTr «était presque bouclée». Paul Bérenger s’insurge, lui, contre ceux qui «cherchent des prétextes pour ne pas voter la République». Justement cette question est d’actualité en ce mois d’août. Navin Ramgoolam, lui, est constant : «Je ne dirigerai aucune alliance où je ne serai pas le leader incontesté.» Trente ans plus tard, peu de choses ont changé. Côté glams’, c’est Corinne Cader qui remporte le titre de Look of Mauritius 90 et Audrey Pitchen est la Miss Mauritius World 90 : elles se souviennent de cette époque rien que pour vous. Côté pub, Kelvinator assure qu’il «put fridge on top» !

 

- LOOK OF MAURITIUS : Corinne Cader séduit le Plaza

 

De l’Italie où elle vit, elle nous écrit un petit mot pour donner de ses nouvelles…


«À l’époque j’avais que 20 ans et c’est l’âge où on a l’impression que l’on peut tout faire ! Arriver à remporter le Look of Mauritius, c’était pour moi quelque chose d’incroyable. Certaines choses me restent toujours en mémoire. La bonne entente parmi les participantes et la chaleur des organisateurs qui ont rendu cet événement très spécial. Ma perte de mémoire causée par le trop-plein d’émotion pendant la séance de questions concernant la connaissance générale. Mais aussi la chanson My name is Luka de Suzanne Vega. L’émotion des parents et des amis, les gens qui me reconnaissent dans la rue, après m’avoir vue dans 5-Plus... Tout cela a rendu cette expérience très spéciale. Elle restera à jamais gravée dans mon cœur.

 

Et quelque part, cela m’a servi comme nouveau départ dans ma vie d’adulte. Voyager et découvrir d’autres cultures, c’est s’ouvrir au monde. J’ai eu l’occasion de fréquenter une école de Shiatsu qui m’a permis de découvrir tout un univers tourné vers le monde holistique. Et maintenant, je vis en Italie où je pratique le Shiatsu et le massage holistique, et je m’amuse à partager ma passion pour le yoga et la méditation Vipassana dans le centre que j’ai ouvert, il y a cinq ans.»

 

- MISS MAURITIUS WORLD 90 – Audrey Pitchen : rencontre avec une «fille comme les autres»

 

23 ans, une coupe à la garçonne et un super regard. Audrey Pitchen est sacrée Miss Mauritius World en août 1990 et fait la couverture de 5-Plus : «Deux semaines avant le concours, j’avais coupé mes cheveux à la Halle Berry, au grand dam de Madame Obeegadoo.» Avec les 20 finalistes, dont elle fait partie, elle passe une semaine à l’hôtel Pullman, aujourd’hui Le Mauricia, elle enchaîne les séances de formation et de coaching, les journées éreintantes, les titres et les soirées fun. Un moment inoubliable de sa vie. Des souvenirs à chérir, des liens créés pendant cette compétition qui ne se sont pas effacés : «Shirley Chumroo était Miss Sourire, nous avons été amies jusqu’au dernier moment.»

 

En 1990, Miss Mauritius World fête ses 20 ans. Et la franchise internationale, ses 40 ans. Alors, c’est une année d’exception et Audrey se replonge dans ses memories : concours à Londres à l’emblématique Royal Albert Hall, shooting photo à Oslo et défilé dans cette ville avec, au piano, Richard Clayderman (Jonas Brother de l’époque, quoi !). Dîner de charité avec, à table, l’acteur qui incarnait Kojak (son nom : Telly Savalas)… Des stars, des paillettes et trois semaines inoubliables : «J’en ai encore des étoiles dans les yeux !»

 

Elle se rappelle aussi de sa photo sur la Une de 5-Plus dimanche. Du fait que les gens la reconnaissaient dans la rue, que ses collègues d’alors – elle était employée de la Barclays – soient fiers : «J’étais très heureuse ! Mais en même temps, c’était très perturbant. C’était une super expérience… mais sans plus. Je suis restée la même personne. Même si sur 86 pays, j’étais 16e.» Pour elle, le concours n’a rien changé : «Je vais être réaliste, ça ne m’a pas ouvert des portes, ça ne m’a pas apporté plus que ça.» Pas comme les Miss d’autres pays ayant des opportunités après leur sacre : «On rentre, on reprend nos chaussures de Mauricienne, les gens parlent encore un peu de nous et puis c’est fini… On se rappelle de nous de temps en temps. Notre nom dit quelque chose, parfois.»

 

Audrey est rentrée au pays, s’est mariée, a eu deux filles, aujourd’hui âgées de 28 ans et 25 ans, et a consolidé sa carrière dans la vente : «Je me suis concentrée sur mon rôle d’épouse et de mère. J’ai eu un parcours normal même si j’étais Miss Mauritius, j’étais une fille comme les autres. Mais je garde en moi la fierté de faire partie de l’histoire de mon île comme toutes les Miss. Nous avons été et sommes les ambassadrices de notre pays.»

 

SEPTEMBRE

 

Le MMM rejoint le gouvernement MSM. Le PMSD se prononce contre la République, les Jeux de Îles kass dan ta, Ajay Daby est expulsé du MSM. Le coût de la vie fait titrer «Septembre Noir». Et La Zone Franche est, elle, «en crise» alors que la sécurité dans les usines est questionnée.

 

OCTOBRE

 

Une Allemagne réunifiée ? Ça fait «d’immenses possibilités pour l’île Maurice». Alors que les mairies se sont disputées, que la sécurité à la sortie des classes est source d’interrogations. Une étudiante mauricienne témoigne des troubles à Delhi. La mort de Joseph Renal, retrouvé pendu dans sa cellule alors qu’il est en détention provisoire, fait également la Une. Côté pub, Singapore Airlines se targue d’être «la flotte la plus jeune et la plus moderne des cinq continents».

 

NOVEMBRE

 

Ah le téléphone ! Grosse nouvelle de 90 : «600 postulants obtiendront le téléphone bientôt.» Côté politique, Ajay Daby est en position délicate, Paul Bérenger évoque les élections générales sans pour autant assurer qu’elles auront lieu dans l’immédiat. Un sondage donne gagnant une alliance MMM-MSM. Et pour l’Infotech 90, la question posée est la suivante : «Un choc informatique aura-t-il lieu ?»

 

DECEMBRE

 

Sunrise est champion d’été 90. Nitin Chinien remporte Star 2000 et Denis Azor fait un carton en Italie. Il nous raconte cette période de sa vie ci-dessous. La crise Jugnauth/Daby n’en finit plus, Sir Satcam Boolell affirme que le Premier ministre n’a plus la confiance des hindous. Paul Bérenger, lui, assure qu’il n’est pas envisageable de donner une compensation «tous les six mois». Côté pub, il ne fallait pas manquer la San Sui A200 Hifi Stereo et l’inoubliable «Et hop ! Prisunic».

 

- Denis Azor, no 1 au top italien : Sa vie, son rêve, sa maladie…

 

Des vacances. «Je travaillais au Touessrok dans l’équipe d’animation et j’avais un mois de congé par an. Cette année-là sur l’invitation des clients, je me suis retrouvé en Italie. J’avais envie d’enregistrer un petit quelque chose et j’ai pris deux mois de salaire d’avance. Sur place, je me suis trouvé un petit studio et j’ai commencé à travailler sur mon disque avec un technicien. Alalila est né. Les gens dans le studio s’y sont intéressés et m’ont conseillé de chercher une boîte de production. C’est ce que j’ai fait avec ma maquette en poche. Et j’ai fini par trouver ! Nous avons fait 500 vinyles que nous avons distribués dans les boîtes de nuit : l’effet était immédiat ! J’ai bossé dur : la promotion, les clips. Puis la France a eu vent de mon projet et TF1 et Orangina m’ont approché.»

 

La maladie, voleuse de rêve. «Pendant quelque temps, je continue la promo, les tournées… Je vis ma carrière, quoi. En 94, je sors Wachi Wala en autoproduction. Puis, en 1997, je tombe malade. Je commence les dialyses, trois fois par semaine, quatre heures à chaque fois. Il faut faire un choix et en même temps, la maladie ne m’en donne pas vraiment. Je ne sais pas où je me situe, si je vais mourir ou vivre. Ma carrière s’arrête. Et c’est vrai que j’ai été longtemps en colère contre Dieu. Je me demandais pourquoi j’avais eu la chance de vivre tout ça et que, désormais, ce n’était plus à ma portée. C’était dur à l’époque. Depuis, j’ai fait mon chemin, j’ai compris qu’il s’agissait d’une leçon de vie, j’ai grandi, j’ai changé, je me suis amélioré. Je continue à lutter et à rêver. J’ai mon studio personnel chez moi à Union Park, c’est mon petit laboratoire à moi. Je n’ai jamais cessé de travailler, j’ai toujours un contrat en France, je peux sortir quelque chose si je le souhaite. Et puis la collaboration avec DJ Assad a été une bouffée d’air frais.»

 

2021. «Depuis 2016, je vis à La Réunion mais je fais le va-et-vient à cause de maman qui est seule, ici. La Covid-19 a fait que je suis toujours à Maurice. J’espère sortir un 45 tour l’année prochaine si le virus disparait. Mais pour l’instant, c’est difficile de se projeter. Et puis avec ma santé, c’est un peu compliqué.»

 

Mon plus grand souvenir. «Ce ne sont que de bons souvenirs. Me voir sur la couverture de 5-Plus dimanche, savoir que je fais la fierté de mon pays. Mais si je devais n’en retenir qu’un, je prends celui du Trocadéro. Ce jour-là, la Tour Eiffel est derrière moi. C’est le grand concert de la Fête de la Musique. Dans les coulisses, il y a les Gipsy Kings, Johnny Hallyday… Les plus grands quoi. Et moi je suis sur scène à chanter ma chanson pour lancer le spectacle. C’est du sega, c’est du kreol et je fais la fierté de mon île, de ma langue… J’ai chanté et j’ai pleuré tout au long de ma performance. Un moment inoubliable.»

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