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4 janvier 2025 04:59
Il ne compte plus les séjours en prison. Lui, c’est Bernard Maigrot qui a retrouvé la liberté conditionnelle pour la troisième fois après avoir passé un total de 164 jours, cette fois, à Beau-Bassin suivant sa condamnation, en août, à 15 ans de prison pour le meurtre de Vanessa Lagesse. Il a dû fournir deux cautions de Rs 1 M chacune, le 6 décembre. En 2001, il avait retrouvé la liberté après 75 jours de détention. Et en 2011, il avait été détenu pendant 15 jours. Son entourage avance qu’il est célèbre pour être le présumé suspect qui aura vécu 21 ans en liberté conditionnelle en se soumettant à toutes les conditions imposées, sans jamais les enfreindre, et qui ont entravé sa liberté.
Une première dans les annales du judiciaire mauricien, avance une de ses proches. «N’est-ce pas là, la plus belle preuve de son innocence ?», souligne ce proche tout en précisant que Bernard Maigrot a côtoyé de près la misère de l’univers carcéral et ne sait toujours pas ce qu’il a fait pour payer une si grande dette à la société. L’homme d’affaires continue, en effet, de clamer son innocence. «Plus que jamais, il est déterminé à laver son honneur face à cette infamie qui lui colle à la peau depuis 23 ans», souligne notre source. Bernard Maigrot a été condamné à 15 ans de prison lors d’un deuxième procès aux Assises. Les membres du jury l’ont trouvé coupable à une majorité de sept contre deux alors qu’il avait plaidé non coupable.
Trente-trois points ont été avancés par la legal team de Maigrot pour faire appel de sa sentence. Les hommes de loi du suspect relèvent plusieurs manquements. L’un des points d’avis d’appel est d’abord l’absence d’enquête préliminaire avant le procès. Ces hommes de loi sont aussi d’avis que Bernard Maigrot n’a pas eu droit à un procès équitable du fait que s’il y avait eu une enquête préliminaire, ils auraient résisté aux nouvelles preuves scientifiques mises en avant par la poursuite. La legal team de Maigrot affirme également que les droits constitutionnels de leur client ont été bafoués. Ses avocats expriment de vives critiques contre le délai pour la mise en accusation, soit en 2022, alors que l’ouverture de l’enquête policière a eu lieu en 2001. Les hommes de loi dénoncent aussi la façon de faire du juge Aujayeb.
Ils sont d’avis que ce dernier n’aurait pas dû laisser la poursuite qualifier Martine Desmarais de «témoin de complaisance». Cette dernière avait fourni un alibi à Bernard Maigrot. Mes Gavin Glover et Mathew Sherratt reviennent aussi sur la déposition du Dr Satish Boolell, ancien responsable du département médico-légal de la police, qui a déclaré que plus d’une personne aurait participé à l’agression mortelle de Vanessa Lagesse. La legal team précise que son client n’avait aucune intention de commettre cet acte odieux. Le corps de Vanessa Lagesse, une styliste héritière d’une belle fortune, avait été découvert à moitié nue dans la baignoire de son bungalow, à Grand-Baie, le 10 mars 2001. L’autopsie a révélé que la jeune femme avait été rouée de coups entraînant la fracture de sa colonne vertébrale.
Bernard Maigrot a été condamné à 15 ans de prison 23 ans après les faits. Sa legal team estime que la peine de prison qui lui a été infligée est excessivement sévère. «Quel choc pour cet homme qui a toujours clamé son innocence et qui a bénéficié de deux arrêts de procédure contre lui le 2 juin 2008 et le 9 février 2022», s’indigne notre interlocutrice. Et d’ajouter : «Avoir donné du crédit à ce procès aux Assises, c’est avoir participé à la persécution d’un innocent plutôt que de chercher à élucider les circonstances réelles de la disparition de Vanessa Lagesse. Le rapport des experts en ADN parlent de two unknown male DNAs et de one unknown female DNA sur sept exhibits. On peut donc se poser la question : à qui profite le crime ?»
Notre source avance qu'il y a pire encore : «Après un procès aux Assises où les preuves ADN ont été totalement démontées par la défense et où la poursuite a terminé dans son closing speech au conditionnel pour essayer de convaincre les jurés avec cette fameuse phrase qui ne laisse pas insensible, à savoir, He might have participated in that crime. Après cinq mois à résister à cette injustice flagrante, grâce à sa liberté conditionnelle obtenue, il pourra se ressourcer en cette fin d’année auprès de sa famille meurtrie par tant de hargne pour préparer son appel en 2025.» Le procès en appel aura lieu en Cour suprême du 25 au 27 mars 2025.
«Il faut comprendre que cette famille (NdlR, les Maigrot) est fatiguée d’avoir des couvertures médiatiques, la plupart du temps, approximatives et pas toujours bienveillantes sur l’intimité de leur vie», s'insurge notre interlocutrice.
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