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Le deuil traumatique : le comprendre pour y faire face

Un départ dans des circonstances brutales. Un accident, un meurtre et votre monde s’enlise dans la douleur et la culpabilité. Vos sentiments forment un tourbillon dont vous n’arrivez pas à vous dépêtrer : «Le deuil traumatique est une forme de deuil particulièrement complexe, amplifiée par la violence ou la soudaineté de la perte. Contrairement à un deuil “traditionnel” où la mort peut être anticipée, le deuil traumatique survient souvent sans avertissement, plongeant les survivants dans une spirale d’émotions intenses et contradictoires», explique Safia Adamjee, psychologue qui œuvre au sein de La Maison des Étoiles.

Un départ dans des circonstances brutales. Un accident, un meurtre et votre monde s’enlise dans la douleur et la culpabilité. Vos sentiments forment un tourbillon dont vous n’arrivez pas à vous dépêtrer : «Le deuil traumatique est une forme de deuil particulièrement complexe, amplifiée par la violence ou la soudaineté de la perte. Contrairement à un deuil “traditionnel” où la mort peut être anticipée, le deuil traumatique survient souvent sans avertissement, plongeant les survivants dans une spirale d’émotions intenses et contradictoires», explique Safia Adamjee, psychologue qui œuvre au sein de La Maison des Étoiles (voir hors-texte). 

 

La professionnelle évoque une double peine : «Ces émotions ne se limitent pas à la douleur de la perte, mais englobent également les séquelles psychologiques liées à la nature traumatique de l’événement. Dans ce contexte, le deuil traumatique peut être vu comme une double peine : non seulement la personne doit faire face à la perte d’un être cher, mais elle doit également gérer les répercussions psychologiques de l’événement traumatique lui-même.» Pour en savoir plus, suivez les explications de la psychologue.

 

Les manifestations du deuil traumatique

 

Les symptômes de la séparation. «Comme dans tout processus de deuil, les symptômes de séparation jouent un rôle central. Il s’agit ici des émotions et réactions liées à la perte elle-même. La tristesse profonde, le sentiment de vide et l’absence laissée par le défunt sont des sentiments omniprésents. Cependant, dans le cas d’un deuil traumatique, ces symptômes sont souvent exacerbés par l’absence de préparation à la perte et par le choc brutal que la mort a causé.»

 

Les symptômes de l’impact traumatique. «La nature violente ou inattendue de la mort introduit des symptômes additionnels, souvent associés à un trouble de stress post-traumatique (TSPT). Ces symptômes incluent des flashbacks de l’événement traumatique, des cauchemars, une hypervigilance, ainsi qu’une anxiété intense. Les personnes endeuillées peuvent aussi être obsédées par les détails de la mort, revivant sans cesse les circonstances tragiques et peinant à les accepter.»

 

Des émotions à vivre

 

La colère. «La colère est une émotion primaire dans le deuil traumatique. Elle peut se manifester de manière violente, soit intérieurement sous forme de ressentiment et d’amertume, soit extérieurement en colère contre autrui ou contre des circonstances perçues comme injustes. Cette colère peut être dirigée contre le destin, les responsables de l’événement (dans le cas d’un homicide, par exemple), ou même contre le.la défunt.e pour être parti.e si brutalement. Dans certains cas, la colère se transforme en rage incontrôlable, compliquant davantage le processus de cicatrisation.»

 

La culpabilité. «La culpabilité est un autre sentiment profondément enraciné dans le deuil traumatique. Cette culpabilité peut se manifester de plusieurs manières : la culpabilité de ne pas avoir pu prévenir la mort, de ne pas avoir fait assez pour protéger le.la défunt.e ou encore de simplement avoir survécu. Cette forme de culpabilité est souvent irrationnelle, mais elle est néanmoins extrêmement pesante pour la personne endeuillée. Elle peut conduire à une auto-flagellation mentale, exacerbant la souffrance et retardant le processus de cicatrisation.»

 

La peur. «La peur et l’anxiété sont souvent omniprésentes après une mort traumatique. Elles peuvent être liées à la crainte de ne pas pouvoir faire face à la vie sans la personne décédée, à l’angoisse de subir une autre perte traumatique ou à la peur de perdre le contrôle de sa propre vie. Cette peur peut devenir paralysante, empêchant le survivant de reprendre le cours de sa vie, de s’engager dans des activités quotidiennes ou de nouer de nouvelles relations.»

 

La tristesse profonde. «La tristesse est une composante universelle du deuil, mais dans le cadre d’une mort traumatique, elle revêt une dimension particulièrement poignante. Cette tristesse peut être amplifiée par le sentiment d’injustice, par le fait que la mort est survenue de manière inattendue et brutale, et par l’absence d’au revoir. Cette tristesse est souvent accompagnée de regrets et de la douleur de ne jamais avoir pu achever certains projets ou relations avec le.la défunt.e.»

 

La solitude. «La solitude ressentie dans un deuil traumatique peut être écrasante. La personne endeuillée peut se sentir isolée dans sa douleur, incomprise par son entourage et incapable de partager ses sentiments profonds. Le retrait social est une réaction courante dans ces cas, ce qui peut malheureusement aggraver le sentiment d’isolement et rendre plus difficile la reconnexion avec la vie.»

 

Stratégies pour faire face

 

Accepter l’aide et le soutien. «Il est crucial de ne pas rester seul avec ses émotions. L’isolement peut aggraver les symptômes du deuil traumatique, rendant le processus de cicatrisation encore plus ardu. Accepter de l’aide, que ce soit sous forme de soutien familial, d’amitié ou de thérapie, est essentiel. Les groupes de parole, comme ceux proposés par La Maison des Étoiles, offrent un espace sécurisé pour partager son vécu, trouver du réconfort auprès de personnes ayant vécu des expériences similaires, et apprendre à naviguer dans la complexité du deuil.»

 

Gérer et comprendre Ses émotions. «Il est important de reconnaître et de nommer les émotions que l’on ressent. Comprendre la source de la colère, de la culpabilité ou de la peur peut aider à les gérer plus efficacement. Des techniques de relaxation, de méditation ou des pratiques de pleine conscience peuvent également être bénéfiques pour apaiser l’esprit. Si ces émotions deviennent ingérables, il est impératif de consulter un professionnel de la santé mentale, spécialisé dans le traitement
des traumatismes.»

 

Réorienter le souvenir du défunt. «L’une des difficultés majeures du deuil traumatique est de se détacher des circonstances tragiques de la mort pour se reconnecter aux souvenirs positifs du.de la défunt.e. Il est essentiel de construire une mémoire du.de la défunt.e qui ne soit pas exclusivement marquée par le drame. Cela peut inclure la création de rituels de souvenir, la participation à des cérémonies commémoratives, ou simplement le partage d’anecdotes et de moments heureux avec des proches.»

 

Confronter la réalité de la perte. «Pour certaines personnes, voir le corps du.de la défunt.e ou revisiter les lieux associés à l’événement traumatique peut être une étape cruciale pour accepter la réalité de la perte. Cela peut rendre la mort plus tangible et aider à surmonter le déni. Cependant, cette étape doit être abordée avec prudence et uniquement si la personne endeuillée en ressent le besoin.»

 

L’accompagnement dans le processus de guérison. «Le processus de guérison dans un deuil traumatique est long et complexe, mais il est possible. Il est essentiel de se rappeler que chaque individu vit le deuil à sa manière et à son propre rythme. L’accompagnement, que ce soit par des professionnels, des groupes de soutien ou des proches, joue un rôle fondamental pour aider la personne endeuillée à trouver un nouvel équilibre. Traverser ce processus avec sérénité ne signifie pas oublier, mais apprendre à vivre avec la perte, à trouver de nouveaux repères et à reconstruire sa vie malgré la douleur.»

 

La Maison des Étoiles ; pour ne pas être seul/e

 

Des mains tendues dans le chagrin. Amélie V. Audibert, Mindset Coach et Certified Grief Educator, a fondé, avec Brigitte Koenig, la Maison des Étoiles en avril 2022. Cette association s’est donné pour mission «de rendre visible et compréhensible le processus de deuil au sein de la communauté mauricienne et rodriguaise, afin de briser les tabous, de mieux consoler, de permettre un espace de parole et de soutien». Les deux femmes travaillent en collaboration avec une communauté d’accompagnateurs. Des rencontres sont organisées régulièrement et il est possible de rejoindre des groupes de soutien. Pour en savoir plus, connectez-vous à la page Facebook suivante : https://bit.ly/maisondesetoiles. Ou envoyez un message à ce numéro : 5835 6880.