Publicité
14 juin 2018 00:33
Short noir, T-shirt généralement jaune fluo, cartons en poche et sifflet au cou, ce sont ses seules armes lorsqu’il se lance dans l’arène. À chaque rencontre, il doit faire face à 22 joueurs qui n’ont qu’un objectif en vue, remporter le match, et un public qui tantôt l’applaudit, tantôt l’accueille avec des huées. L’arbitre, pourtant, est l’élément-clé d’un match de foot. C’est lui qui dirige une rencontre, ou du moins qui veille à ce que les règles soient respectées par les adversaires. Du coup, la discipline, un moral d’acier, la fermeté mais aussi un bon niveau physique sont des atouts qui lui sont indispensables. Et ces atouts, Pakita Rivet, arbitre internationale depuis 2013, les a en poche et cela fait déjà environ neuf ans qu’elle évolue dans le domaine de l’arbitrage.
À J-4 de la Coupe du Monde de football, qui se tient en Russie, cette supportrice de Liverpool, qui travaille dans les forces de l’ordre, est déjà dans le mood. Elle suivra évidemment les rencontres opposant son équipe de cœur, l’Espagne, à d’autres pays. Et mise déjà sur une finale entre l’Allemagne et l’Argentine. Mais les footballeurs ne sont pas les seuls que cette jeune femme d’une trentaine d’années suivra à la télé. Elle observera également les arbitres internationaux qui officieront lors de cette grand-messe du football (voir texte ci-contre). Une façon pour elle d’apprendre, de s’améliorer…
Apprendre, toujours apprendre, c’est indispensable pour rester «à jour», souligne Pakita Rivet. D’ailleurs, après le boulot, elle se met en mode entraînement physique et s’informe sur les nouvelles lois qui régissent le monde du foot pour être toujours à la page. L’apprentissage se fait aussi sur le terrain. Un terrain qu’elle arpente le week-end lorsqu’elle arbitre des matchs de foot. Mais aussi à travers des formations régulières et des stages qui peuvent parfois être très exigeants : «Tous les jours, le matin, c’est entraînement, et l’après-midi, c’est leçons techniques jusqu’au soir.» Mais la réussite et l’amélioration passent par les «sacrifices» et une hygiène de vie saine – «les arbitres sont comme des athlètes de haut niveau» – et surtout par la passion, sans laquelle elle n’aurait certainement pas pu poursuivre dans le domaine de l’arbitrage.
La passion de Pakita Rivet pour le foot date d’il y a très longtemps. Elle l’a héritée de ses frères Frédéric et Mike. Très vite, elle fait montre de ses talents de footballeuse dans sa localité à Baie-du-Tombeau et adolescente, elle intègre l’équipe du Cercle de Latanier. En tant que joueuse, elle a évolué à tous les postes, sauf celui de gardienne de but. Mais c’est la voie de l’arbitrage qu’elle a choisi d’emprunter un peu plus tard. La raison : ayant rejoint la force policière, il lui a fallu mettre un terme à sa carrière prématurément en raison des risques de blessures. «Je ne pouvais prendre le risque de continuer.» L’arbitrage ne comporte donc aucun risque ? «Le risque est là mais il est moindre», avance-t-elle.
Une nouvelle page se tourne pour Pakita Rivet lorsqu’elle apprend, lors d’un tournoi, que la Mauritius Football Association recrutait des aspirants arbitres. «Je me suis inscrite et par la suite, j’ai reçu une formation avant de pouvoir commencer à exercer en championnat», explique notre interlocutrice dans une précédente intervention dans 5-Plus dimanche. Elle s’inspire également de deux anciens arbitres, l’Italien Pierluigi Collina et le Mauricien Alain Lim Kee Cheong.
Aujourd’hui, Pakita Rivet officie des matchs à Maurice mais aussi en Afrique. D’ailleurs, en 2016, elle est entrée en piste lors de la Coupe d’Afrique des nations (CAN) féminine de football au Cameroun. Une expérience enrichissante pour celle qui en était à sa première participation à une phase finale de la CAN. «Ça a été un grand moment et il fallait rester concentrée (…) J’ai beaucoup appris.» Etre concentré, il le faut, que l’on soit arbitre central, arbitre assistant ou encore quatrième arbitre. Mais Pakita Rivet ne le dira jamais assez : «Il faut aussi maîtriser la loi du jeu, avoir un bon niveau physique et moral, savoir lire le jeu, se faire respecter, pouvoir garder son calme et rester intègre en tout temps.»
Son rêve : arbitrer un match de Coupe du Monde avant ses 45 ans et voir les femmes arbitres évoluer davantage dans le monde du foot. Une évolution que Pakita Rivet suit de près. «Il y a eu un changement. Par exemple, l’année dernière, pour la Coupe du Monde des moins 20 ans, en Inde, c’était la première fois qu’un arbitre féminin officiait un match masculin. Un quatuor féminin avait été choisi pour cette même Coupe du Monde dont une Africaine. Mais il reste beaucoup à accomplir.»
Passés ses 45 ans, l’âge de la retraite pour un arbitre international, quelle est la prochaine étape ? «J’aimerais bien être instructrice en arbitrage», confie Pakita Rivet. Une façon pour elle de transmettre sa passion aux plus jeunes, ceux-là qui seront les arbitres de demain. Son conseil à ceux qui veulent suivre ses pas : «La passion du foot est primordiale. Le chemin est long et parfois périlleux avant d’atteindre le haut niveau, donc patience. Puis, il faut surtout être intègre et accepter de faire beaucoup de sacrifices en termes de préparation. Par-dessus tout, faites-vous plaisir !»
Paroles d’une femme arbitre !
Ils sont les acteurs incontournables d’un match de foot. La FIFA a retenu 99 arbitres (36 arbitres centraux et 63 assistants) pour cette Coupe du Monde, et leurs noms ont été dévoilés en février. Parmi les 36 arbitres, l’Europe est la mieux représentée avec dix directeurs de jeu issus de l’UEFA. Outre les arbitres, 63 assistants ont été appelés. Ils représentent 46 nations. Ils ont été choisis parmi 53 trios d’arbitres au terme d’un processus de sélection qui a duré trois ans.
Les meilleurs arbitres du Mondial en Russie toucheront un salaire fixe de 57 000 euros et percevront une prime de 2 500 euros par match dirigé. Une hausse significative par rapport à la Coupe du Monde au Brésil, il y a quatre ans. Les directeurs du jeu étaient rémunérés à hauteur de 40 000 euros. En 2010, en Afrique du Sud, ils touchaient 28 500 euros. Les meilleurs arbitres sont, en fait, ceux classés dans la «catégorie 1». Les juges de touche percevront, eux, 20 000 euros, sans compter les 1 600 euros par rencontre arbitrée.
Les arbitres retenus pour ce tournoi ont participé à un séminaire sous l’égide de la FIFA fin avril, avant celui de cette semaine en Russie.
Publicité
Publicité
Publicité