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Les squatters de La Gaulette se serrent les coudes

14 octobre 2015

Le soir, Catherine Juggodhur éclaire sa maison à la lueur d’une bougie.

Deux ans. C’est le nombre d’années que s’est fixé Pradeep (Prithvirajsing) Roopun, ministre de l’Intégration sociale, pour éliminer l’extrême pauvreté à Maurice. Cela, à travers le plan Marshall qui devrait être prêt d’ici la fin de l’année. Pour les squatters de La Gaulette, qui se sentent concernés par cette déclaration, il est grand temps que le gouvernement se préoccupe enfin de leurs conditions de vie. Entre-temps, ils se serrent les coudes, s’entraident, afin de survivre dans un environnement dont ils prennent soin au quotidien.

 

À Coteau-Raffin, La Gaulette, ceux qui occupent illégalement les terres de l’État depuis quelques années vivent dans des maisonnettes en tôle qui ne passent pas inaperçues tant elles ont été joliment construites et peintes. Ajoutant de la gaîté à ce lieu où, le soir, certaines familles s’éclairent à la lueur des bougies. C’est ici que Nadine Levaillant, 36 ans, et son compagnon Stéphane Labonne, 31 ans, ont trouvé refuge avec leurs enfants il y a six ans. «On ne pouvait plus payer un loyer. J’ai cinq enfants d’une précédente union et mon compagnon et moi avons eu deux autres enfants. Malgré nos conditions difficiles, nous faisons tout pour garder le lieu propre, car on associe souvent la pauvreté à l’insalubrité. Ici, ce n’est pas le cas», soutient Nadine Levaillant qui a cultivé quelques fleurs sur une parcelle de terre devant sa maison.

 

Sylvain et Isabelle Botsha abondent dans son sens. «C’est l’esprit de famille qui prime. Par exemple, le service de voierie ne vient pas jusqu’ici pour ramasser nos ordures. Alors ensemble, on les rassemble et on les emporte jusqu’en bordure de route. Parfois, nous n’avons d’autre choix que de les brûler», explique Sylvain, peintre de profession. Catherine Juggodhur, mère de trois enfants, a eu le malheur de voir les vêtements de ses enfants partir en fumée il y a quelque temps, suite à un incendie qui a éclaté dans sa maison. «J’avais allumé une bougie près de l’armoire des enfants et elle a pris feu dans la nuit. Les habitants m’ont aidée à me remettre sur pied», confie-t-elle.

 

Dans sa maisonnette en tôle d’une seule pièce, elle a tout ce dont une cuisine moderne peut posséder. Four à micro-ondes, réfrigérateur, bouilloire, entre autres, occupent l’espace. Mais «je ne peux pas m’en servir, car je n’ai pas d’électricité». La situation de ces squatters changera-t-elle d’ici deux ans ? La question reste posée.

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