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Ludovic Froget : «Il ne faut jamais se dire que ce que je dis sur les réseaux sociaux se fait dans un espace privé»

15 mars 2016

Ludovic Froget, responsable de communication pour Microsoft océan Indien et Pacifique francophone.

Les sites comme Facebook sont devenus des plateformes où des informations en tous genres circulent. Ludovic Froget, responsable de communication pour Microsoft océan Indien et Pacifique francophone, nous donne son avis sur le sujet. 

 

Les réseaux sociaux sont de plus en plus utilisés pour relayer des informations, quelques fois avant les médias. Qu’en pensez-vous ?

C’est une réalité de notre temps, les réseaux sociaux sont aujourd’hui vastement utilisés grâce à l’accès à Internet et la démocratisation des smartphones. Si nous prenons Facebook comme exemple, il y a autour de 350 000 Mauriciens dessus, ce qui représente environ 27% de la population. Tous ces utilisateurs ont la possibilité de consommer du contenu, de le commenter et de le partager mais aussi de créer du contenu en écrit, en vidéo et en photo. Partant de ce point de vue, moi je préfère parler de médias sociaux plutôt que de réseaux sociaux. Ce qui fait que si Facebook à Maurice est comparé à n’importe quel titre de la presse écrite, il a aussi probablement plus de lecteurs et surtout beaucoup plus de créateurs de contenu. 

 

Êtes-vous d’avis que les réseaux sociaux sont aujourd’hui devenus une source d’informations ?

Pour moi, les réseaux sociaux ont une capacité de relayer une information à une vitesse folle mais la source, au final, reste des individus ou des organisations et des entreprises. De ce fait, il faut porter attention à qui est la source d’une information partagée sur les réseaux.  Le monde a découvert que les réseaux sociaux pouvaient être une source d’informations avec des événements tels que le crash d’un avion sur la rivière Hudson à New York en 2009. La nouvelle de ce crash s’est d’abord propagée sur Twitter grâce à ses utilisateurs qui ont photographié l’appareil sur la rivière avant de tweeter. Certains médias traditionnels avaient relevé ce fait. C’est un peu plus récent à Maurice car il a fallu atteindre une masse critique sur les réseaux sociaux et parmi les utilisateurs de smartphones, mais maintenant nous y sommes. Avec les nouvelles technologies, le citoyen lambda s’improvise lui-même reporter en postant des photos ou des informations suivant un événement dont il a été témoin.

 

Souvent, les informations sont postées dans l’instantané et ne sont donc pas vérifiées… Que pensez-vous de cette façon de faire ?

Je pense que c’est un couteau à double tranchant. Cette pratique peut sauver des vies. Par exemple, dans les cas de catastrophes naturelles, ce partage d’informations permet aux personnes de savoir quels sont les endroits à éviter. Mais cela peut aussi desservir si de mauvaises informations ou informations incomplètes, voire non vérifiées, sont circulées. Maintenant, comme depuis la nuit des temps, il y a des personnes bien ou mal intentionnées. Donc, la prudence est toujours de mise.

Il faut aussi réaliser qu’une photo, une vidéo ou un témoignage ne sont que des bribes d’informations et non pas de l’information comme celle qui est diffusée par des journalistes. C’est donc là où les journalistes doivent se démarquer et ne pas être tentés de se précipiter pour être aussi rapides que le facebookeur lambda.

  

Avec cette pratique, des photos choquantes de personnes blessées ou décédées par exemple circulent, de même que des vidéos qui peuvent heurter la sensibilité. Quel est votre avis sur ce fait ?

Je pense que malheureusement, c’est un manque d’éducation ou de valeurs humaines qui cause ce comportement. Je pense que ces personnes ne réalisent pas comment cela peut heurter la sensibilité de leurs amis ou des proches des victimes. Ils ne réalisent aussi certainement pas combien de personnes pourraient potentiellement voir cette photo.

 

Y a-t-il un moyen de contrôler cela ?

Il est essentiel aujourd’hui que les jeunes et les enfants soient éduqués à l’utilisation d’Internet et des réseaux sociaux dans les écoles et dans les familles. Microsoft a créé pour cela un site avec des informations et pleins de ressources pour permettre aux jeunes de s’informer et aider les parents et les éducateurs à former les enfants et les adolescents. Vous pouvez accéder gratuitement à ces ressources ici : http://www.microsoft.com/saferonline.

 

Facebook, par exemple, bloque certaines photos où la nudité est exploitée. Comment se fait-il que des photos ou des vidéos montrant des images choquantes de personnes blessées ou décédées peuvent être postées ?

Les réseaux sociaux en général offrent la possibilité aux utilisateurs de rapporter les contenus qui sont jugés inappropriés. Après vérifications ces contenus sont rapidement enlevés. J’ai moi-même vu récemment une photo d’un blessé apparaître sur Facebook mais elle avait disparu en moins d’une minute.

Il y a aussi certainement des moyens technologiques qui permettent de filtrer certains contenus et empêcher qu’ils apparaissent. Sans être le porte-parole d’aucuns réseaux sociaux, je dois dire qu’ils rehaussent régulièrement leurs systèmes de sécurité et de censure. Récemment, Facebook a mis un système en place qui assure que certains contenus violents ne soient pas visibles des mineurs.

 

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Est-ce que chacun est libre de dire ce qu’il a envie sur Facebook ?

Non, il ne faut pas croire que Facebook est un monde virtuel où il n’y a pas de lois. Si vous pensez que vous n’avez pas le droit de faire ou de dire quelque chose dans la rue, dans un micro ou dans les colonnes des journaux, il est pratiquement sûr que cela n’est pas non plus permis sur les réseaux sociaux.

 

Ces derniers temps, des commentaires ou propos diffamatoires sur les réseaux sociaux ont alimenté l’actualité et même provoqué des arrestations. Par exemple, il y a le cas du couple Hassenjee arrêté pour avoir fait circuler une fausse facture de l’hôpital Apollo Bramwell sur Facebook.  Quel est votre avis sur ces cas ?

Il y a des lois qui existent comme celle sur la diffamation et toute personne qui se sent diffamée par des propos tenus en public, dans des journaux, à la radio ou sur des réseaux sociaux a le droit de porter plainte à la police. Ensuite, c’est à la police de faire son enquête et à la justice de trancher par la suite.

 

Pensez-vous que les Mauriciens sont informés sur l’usage des réseaux sociaux et sur les limites à ne pas dépasser ?

Certains faits nous montrent que non. C’est pour cela qu’il est important qu’il y ait un travail de sensibilisation et d’éducation qui soit fait. 

 

Quels sont selon vous les faux pas à éviter sur les réseaux sociaux ?

Il ne faut jamais se dire que ce que je fais ou dis sur les réseaux sociaux, c’est quelque chose que je fais dans un espace privé. Il vaut mieux imaginer que ce qu’on est sur le point de poster ou tweeter est comparable à prendre la parole sur une scène ou placarder une photo sur un panneau publicitaire.

 

Comment éviter les dérapages sur Internet ?

La première chose est certainement l’éducation, non pas seulement préventive. Il est important aujourd’hui que l’utilisation d’Internet soit inscrite dans l’enseignement de nos écoles. Cela permettra aux enfants de comprendre comment ils peuvent apprendre et découvrir des choses instructives sur Internet. Ensuite, il est important que les parents s’assurent de la sécurité de leurs enfants sur internet. Les ordinateurs et tablettes Windows sont équipés d’un contrôle parental qui permet de s’assurer que les enfants ne soient pas exposés à des contenus inappropriés.


Ma semaine d’actu

 

Quelle actualité locale a retenu votre attention ces derniers temps ?

Les agressions en bande pour des histoires de vengeances sont choquantes de par leur violence et leur fréquence.

 

Et sur le plan international ?

La vague des migrants en Europe et tous les remous sociaux et politique que cela engendre.

 

Que lisez-vous actuellement et pourquoi ?

Banksy : The Man Behind the Wall de Will Ellsworth-Jones, je suis un amateur de street art et Banksy est une référence.


Bio express

Âgé de 33 ans, Ludovic Froget est responsable de communication pour Microsoft océan Indien et Pacifique francophone. Il a eu une formation universitaire en communication et en management. Ses passe-temps sont les sorties entres amis et le trail.

 

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