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Maha Shivaratree : les jeunes au cœur d’un voyage sacré

14 février 2023

Les dévots de Morcellement St André ont été les premiers à arriver au lac sacré.

Un pèlerinage spirituel pour vivre sa foi pleinement, pour faire preuve de sacrifice et glorifier Lord Shiva. C’est pour ces raisons et bien plus encore que de nombreux fidèles ont entamé leur marche vers le Ganga Talao, en marge du Maha Shivaratree qui sera célébré par la grande famille hindoue le samedi 18 février. En attendant la grande nuit de Shiva qui aura lieu ce jour-là, point culminant après dix jours de jeûne, des milliers de dévots se sont en effet mis en route vers le lac sacré, un rituel important qui symbolise son abnégation, sa dévotion et son amour inconditionnel pour le dieu Shiva, considéré comme le pilier de la trinité hindoue. Après deux ans de restrictions sanitaires, cette année, beaucoup ont vu les choses en grand. Souvent, comme le veut la coutume maintenant, les jeunes de différents quartiers se regroupent pour former un seul et même groupe. Ensemble, ils montent le kawal avant de prendre la route vers Grand Bassin ensemble. 

 

Au sein du Mahadeva Group de Curepipe, ils sont plus d’une trentaine à se préparer pour ce grand moment. Si les opérations sont chapeautées par Abhishek Gobin, le responsable, tout le monde a sa tâche et participe pleinement à chaque étape de ce pèlerinage. Cette fois, le groupe veut mettre le paquet. «Nous avons commencé les préparatifs il y a deux semaines environ. La dernière fois qu’on avait marché, c’est-à-dire avant le lockdown, notre kawal représentait une montagne avec de l’eau qui coulait dessus. Cette année, nous avons changé de modèle et nous ferons une grande structure en bois de palette sur laquelle nous allons placer notre murthi. Nous y mettrons des roues pour pouvoir le tirer tout le long de la route.»

 

Dévotion et créativité

 

En attendant le grand départ qui est prévu pour le 16 février, les jeunes du Mahadeva Group se rejoignent tous les soirs pour construire leur kawal. «On peut dire que nous sommes à la moitié du chemin. On avance avec la structure et il nous reste à mettre les effets de lumière et la fumée qui sortira de notre kawal.» Prendre part à ce pèlerinage, explique Abhishek Gobin, est pour eux un moment important de l’année. «C’est l’occasion pour nous de nous réunir pour prier et faire preuve de sacrifice et de dévotion pour Lord Shiva. Nous sommes un groupe de jeunes très impliqués. Nous faisons des donations et jouons de la musique dans les prières. Le Maha Shivaratree est un moyen de plus pour nous de vivre notre foi.»

 

Si certains construisent de grands et impressionnants kawals, d’autres, eux, font la différence en termes de nombre. Cette année, l’Ecroignard Socio Cultural Group a prévu 51 petits kawals en forme de trishul, la lance que tient le dieu Shiva. «Cette année, après deux ans de Covid-19, on va célébrer le Maha Shivaratree en fanfare. Nous avons 51 personnes qui vont marcher, donc nous construisons 51 kawals. Nous avons utilisé des matériaux comme des panneaux de mousse et du bois meranti. Ensuite, nous allons le peindre en doré et ajouter des accessoires comme le damroo, des cloches, la statuette de Shiva, le rudra mala et des lumières», explique Rishi Hurloll.

 

Pour Vikram Hurloll, cela implique aussi de faire preuve de discipline, de respect et de sécurité. «Nous sommes réputés pour notre marche à la file indienne. Le soir, nous portons tous nos gilets réfléchissants. Nous y mettons beaucoup d’efforts car, pour nous, le Maha Shivaratree est l'occasion pour nos membres de se retrouver tous les jours pendant trois semaines pour confectionner les kawals.» Pour ces deux jeunes, ce pèlerinage est aussi un moyen de perpétuer la tradition. «Nous faisons notre maximum pour pouvoir faire vivre et transmettre les valeurs culturelles héritées par nos aînés. C'est un moment sacré qui nous permet de nous détacher du monde matériel pour nous concentrer sur notre spiritualité.»

 

C’est dans le même esprit que les Young Boys de La Clémence, à Rivière-du-Rempart, qui prendront la route ce lundi 13 février, préparent ce périple vers le Ganga Talao. Là-bas, les préparatifs ont commencé il y a un mois, affirme Shashiraj Seeruttun. «Nous sommes un groupe de 15 personnes âgées entre 10 et 38 ans. Comme c’est un moment important, nous y mettons tout notre cœur. On va nous-mêmes couper le bambou et le raphia. On jeûne aussi pendant plus d’un mois pour se préparer spirituellement.» Si les jeunes sont aussi nombreux à participer à ce pèlerinage, explique le jeune homme, c’est parce qu’ils veulent montrer leur adoration pour le dieu Shiva, tout en faisant preuve de créativité. «Cette fête réunit majoritairement des jeunes qui travaillent main dans la main pour construire et monter un kanwar. Ça demande du temps et beaucoup d’amour. À travers cette expérience, on découvre un autre monde où notre esprit est en paix.»

 

C’est justement dans cette ambiance de calme et de piété qu’un groupe de jeunes dévots de Morcellement St André a voulu effectuer son pèlerinage. Ils ont pris la route très tôt et ont découvert un Grand-Bassin baignant dans la quiétude, avant d’être envahi par la foule. Hans Sujeebun, qui fait partie de ce groupe, a vécu ce pèlerinage avec une grande ferveur. «Pour nous, c’est important de le faire de manière simple et avec toute notre foi afin de compléter notre yatra. Nous y allons aussi pour récupérer l’eau sacrée pour le grand jour. Nous la verserons sur le shivling lors de la grande nuit de Shiva.»

 

Ce soir-là, dans tous les temples du pays, ils seront, en effet, des milliers de fidèles à prier Lord Shiva pour lui demander sa bénédiction et sa protection.  

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