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Maman, j’ai peur… d’attraper le coronavirus

1 avril 2020

Elle s’assoit sur le rebord du sofa noir, comme tous les membres de la famille. Elle n’a alors aucune idée que ce n’est pas pour faire notre traditionnelle soirée ciné à la maison…

 

«Pourquoi on est là ? Ce n’est pas comme s’il y avait le corona à Maurice !»

 

Mais si ma chérie, si. Lorsqu’on s’est assis, on l’appréhendait déjà cette nouvelle. Mais voilà, cet homme-là, dont tu ne retiens toujours pas le nom, vient de le confirmer à la télé : il y a des cas de coronavirus à Maurice – ou corona tout court, ta petite tête d’enfant trouve cela plus facile à retenir.

 

Le regard quelque peu effrayé, baissant la voix d’un cran, tu te retournes et lâches : «Maman, j’ai peur d’attraper le coronavirus.»

 

Ma réponse sur le moment : «Pas besoin d’avoir peur. Si on fait tout ce qu’il faut, ça ira pour nous.» Mais très vite, je change de sujet de conversation et je fais comme si de rien n’était. Sauf qu’au fond, mon enfant, j’ai peur…

 

Pour ta sœur et toi... Alors, avant même que l’on n’annonce la fermeture des écoles, papa et moi avions décidé de ne pas vous envoyer à l’école.

 

Pour papa... Qui, pendant les premiers jours qui ont suivi l’annonce du confinement, a quitté la maison tous les matins afin de se rendre au travail. «Mais il faut rester à la maison, a dit le Premier ministre», m’as-tu alors lancé. C’est le cas depuis le total lockdown annoncé le mardi 24 mars.

 

Sauf que moi, je ne suis toujours pas tranquille. Je ne le serai pas pendant les jours qui suivent. Du moins, jusqu’à la fin de la période d’incubation de 14 jours de ce virus. Je veille au grain. Je m’interroge : est-ce qu’un symptôme va finir par apparaître ?

 

Mais à toi, je dirai : «Ne t’inquiète pas, papa a pris toutes les mesures de précaution. Il ne nous arrivera rien.»

 

Pourtant, au fond, j’ai peur… Et à cette peur se mêle la colère – que j’aimerais ne pas ressentir – à l’égard de ceux qui sortent, pas pour s’acheter de quoi manger ou de quoi se soigner mais «pou al amize». Leur insouciance m’inquiète tellement, si tu savais !

 

Oui j’ai peur… Pour toute la famille, pour ceux qui sont loin de nous aussi. N’empêche, je te dirai toujours de ne pas t’en faire. Parce que c’est ce qu’au fond, mon cœur me dit de faire.

 

Alors, non, ne t’en fais pas, tout ira bien…
 

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