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Par Yvonne Stephen
9 novembre 2021 01:59
Les voix s’élèvent. Et elles sont multiples (les citoyens/nnes engagés/es, les politiques…). Elles s’unissent pour dire une chose : non à l’Offshore Petroleum Bill. Ce samedi 6 novembre, c’est dans les rues de la capitale que certaines d’entre elles se sont fait entendre.
Une manifestation pacifique et symbolique (avec pour consigne : moins de 100 personnes) a secoué la torpeur propre des samedis après-midi à Port-Louis. Une vague noire – effet du dress code – pour rappeler l’horreur de la marée noire. Elle a eu lieu à l’initiative de Rezistans ek Alternativ, en collaboration avec la General Workers Federation, la Jeunesse-citoyens écologistes et le Centre for Alternative Research and Studies (CARES). L’objectif : que le Premier ministre comprenne, enfin, que les Mauriciens ont à cœur leur île, leur nature. Et que des décisions de cette envergure ne peuvent être prises sans consultation.
Message reçu 5 sur 5 ? L’avenir le dira. Pour l’instant, Pravind Jugnauth participe à la COP26, la 26e conférence annuelle de l’ONU sur le climat, qui se tient à Glasgow. Et a pris la parole, le 2 novembre, pour le lancement de l’Infrastructure for Resilient Island States (IRIS). Il y a évoqué les engagements du gouvernement mauricien en faveur du climat et a demandé un soutien financier pour des projets visant à aider le pays à faire face à la crise climatique (voir texte ci-contre). Sauf que, avant son départ, le chef du gouvernement a présenté un projet de loi concernant un Offshore Petroleum Hub. Le but : le développement d’une industrie de pétrole à Maurice à travers son extraction.
Un «développement» alors que la promotion des énergies renouvelables semble être une des solutions pour freiner le réchauffement. Cherchez l’incohérence ! «Les scientifiques des Nations Unies précisent qu’afin de réduire les dégâts futurs qu’engendrera le dérèglement climatique, il nous faut établir un plan au niveau mondial pour cesser de brûler des hydrocarbures tels que le pétrole et le charbon», affirme Rezistans ek Alternativ. Pour le parti de gauche, il s’agit d’une «politique de la mort». L’opposition, elle, dénonce «l’hypocrisie». Et les jeunes de Fridays For Future, qui ont organisé un mouvement de protestation le vendredi 5 novembre, ont expliqué pourquoi ils/elles étaient contre ce Bill, évoquant les risques de marée noire, la pollution, la destruction de l’univers marin, entre autres…
2,3 millions de km2 de territoire marin en péril ? C’est bien ce qu’estime le parti de gauche. «Pourquoi un tel projet alors que nous faisons déjà face à tellement de problèmes environnementaux ?» s’interroge Michel Chiffonne. Surtout, estime Dany Marie, que le gouvernement a bien prouvé son incapacité de par sa gestion du Wakashio et du post-Wakashio : «Certains habitants des régions affectées n’ont même pas encore été dédommagés. De nombreuses familles ont vécu et vivent des moments difficiles.» Elle évoque le surendettement, la perte de revenu, la vente de commerces… Des drames silencieux qui résonnent de façon assourdissante face à ce Bill. D’où le besoin, estime-t-elle, de rappeler le gouvernement à ses responsabilités premières : «La situation est inquiétante à Maurice. Il n’y a pas assez de transparence. Ni sur la question de la Covid, ni sur celle du Wakashio. E lorla zot gagn pou amenn bann lalwa brik-brak.»
Dany Marie le sait : les Mauriciens savent désormais ce que ça veut dire «gagn delwil lor lakot» et sentent «ki ena enn vre problem». Alors, elle est d’avis que la population ne peut que condamner le projet pétrolier du gouvernement. Et que ce premier cri bouillant de la rue en appellera d’autres…
Wakashio remettrait-il ça ? Du fioul a été découvert dans le lagon de la côte sud-est cette semaine. Si les autorités ont communiqué et affirmé que toutes les mesures auraient été prises, les habitants de la région ne sont pas pour autant rassurés.
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