À l’appel du mouvement citoyen Linion Fam a été entendu par diverses associations et ONG : ils étaient une centaine de manifestantes et de manifestants à s’être réunis ce samedi au Jardin de la Compagnie aux alentours de 11h30. Peu de temps après, un cortège blanc long d’un kilomètre a quitté l’enceinte du Jardin pour marcher dans les rues de la capitale afin de dire un stop catégorique aux violences faites aux femmes.
Catherine Prosper, fondatrice et porte-parole de Linion Fam, mène la marche tout en scandant des slogans repris à pleins poumons par la marée humaine qui la précède. «Aret violans kont fam», «lazistis se nou drwa», «protection order pa pe sov lavi»… sont les quelques slogans que la foule reprend en choeur tout en sillonnant les rues de la capitale. Sur leurs pancartes et autres affiches, nous pouvons aussi lire : «lazistis bizin fer so travay», «stop feminisid», «fam ansam nou kapav». Georgine brandit ce dernier slogan comme un étendard. Victime de violences conjugales pendant presque 24 ans, elle confie, les larmes aux yeux : «Je n’aurais pas pu être présente aujourd’hui si je n’avais pas dit stop. C’est pour cela qu’il était primordial d’unir ma force à celle de Linion Fam. Car les femmes doivent réaliser qu’en nous unissant, nous sommes capables de beaucoup de choses. Victimes ou non, nous ne devons plus nous cacher. Voir la mobilisation avec autant de monde me donne de l’espoir pour un changement dans nos lois et nos mentalités en faveur des femmes.»
Les marcheuses et les marcheurs ont continué à donner de la voix tout au long de la marche jusqu’à attirer beaucoup de curieux qui se sont joints au mouvement, grossissant ainsi cette vague blanche qui déferlait dans les rues de Port-Louis. Une fois la marche terminée, Marie-Noëlle Elissac-Foy, qui s’est jointe à Catherine dans cette bataille, s’est exprimée avec de l’émotion dans la voix : «Dix ans de cela, nous étions au même endroit suite au crime atroce de Marie-Ange Milazar et dix ans après, nous nous retrouvons une nouvelle fois car six femmes ont perdu la vie. Toute cette violence doit cesser. Nous allons donc nous revoir avec les ONG pour créer une plateforme collective afin que notre voix puisse s’élever encore plus fort.»
Après la marche, le ralliement s’est transformé en grande réunion au Jardin de la Compagnie où les participants ont débattu entre eux la triste réalité dans l’île sur les féminicides. Catherine Prosper fondatrice et porte-parole de Linion Fam, se dit satisfaite de cette mobilisation et avance que cette marche n’est que le début. «Nous allons revenir avec nos revendications et faire en sorte que l’État et la justice puissent se mettre à contribution dans ce combat. S’ils refusent, nous ferons ce qu’il faut pour mener ce combat encore plus loin car le combat dure depuis près de 40 ans : il est donc temps d’agir.»