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Mari et femme frôlent la mort après une agression au sabre et au marteau à Triolet - Le couple Jhingoor : «Zame nou ti atann nou pou viv enn martir koumsa»

Cette agression a laissé au couple des séquelles psychologiques et physiques dont il souffre encore.

Un mois s’est écoulé depuis qu’ils ont vu la mort en face, mais les séquelles psychologiques et physiques de leur agression sont encore bien présentes. Agressés au sabre et au marteau par un groupe de personnes, dont des membres de leur famille, le 12 août dernier, Shakshi et Babita Jhingoor, âgés de 47 et 46 ans respectivement, continuent de craindre pour leur sécurité. Bien que, cette semaine, la police ait procédé à l’arrestation d’un quatrième individu qui serait impliqué dans cette tentative de meurtre, le couple ne se sent pas rassuré pour autant. Témoignages…

La fatigue se lit sur leur visage. Ils ont l’air épuisés de toutes leurs nuits trop courtes passées à penser aux douloureux et traumatisants souvenirs de la nuit où ils ont failli y laisser la vie. Un peu plus d’un mois s’est écoulé depuis leur sanglante agression mais le moindre bruit les fait encore sursauter car ils continuent de craindre pour leur sécurité.  «Zame nou ti atann nou ti pou viv enn martir koumsa enn zour», lâchent Shashi, 47 ans, et son épouse Babita, 46 ans, encore secoués. Les séquelles psychologiques que leur a laissé cette violente attaque, survenue dans la soirée du 12 août en face de leur domicile à Triolet, sont aussi importantes que leurs séquelles physiques.

 

Après que la brigade criminelle de Trou-aux-Biches a procédé à l’arrestation de trois membres de leur famille, un quatrième suspect a été appréhendé cette semaine dans le cadre de cette enquête pour tentative de meurtre. Il s’agit d’un habitant de leur localité âgé de 19 ans. Soumis à un feu roulant de questions, il avance qu’il est intervenu uniquement pour prendre la défense de ses amis, qui se faisaient agresser par le couple ; une version qui n’a pas convaincu la police. Bien que les assaillants du couple Jhingoor sont toujours derrière les barreaux, mari et femme continuent de vivre dans la peur.

 

Les séquelles physiques de leur agression sanglante sont encore très visibles. Difficile pour Babita de dissimuler les cicatrices que cette attaque au sabre et au marteau lui a laissées au bras et au visage. Lorsque nous l’avons rencontrée chez elle, cette semaine, ses cheveux recommençaient tout juste à pousser là où elle s’est fait poser des points de suture à la tête. Ayant eu le tendon de la main droite sectionné, elle devra porter un plâtre encore quelques semaines, le temps que sa plaie cicatrise. Elle n’est donc pas encore en mesure de reprendre le travail et a besoin d’assistance pour chacune de ses tâches quotidiennes.

 

Peur de représailles

 

Son époux Shashi n’a pas eu plus de chance. Il porte d’affreuses balafres au visage mais ce sont des blessures subies au bras et à l’estomac qui lui font le plus souffrir. Employé comme chauffeur pour un tour-opérateur, il craint de ne pouvoir reprendre le travail avant un bon moment : «Ma vie professionnelle est en jeu. Le médecin m’a recommandé un long repos. Je ne suis pas encore en mesure de reprendre le volant et je ne sais pas encore combien de temps cela va durer.» Le couple s’estime, cependant, chanceux d’avoir pu s’en sortir vivant après cette agression sauvage lors de laquelle, dit-il, «nounn trouv lamor devan nou».

 

Parmi les quatre individus arrêtés dans cette affaire figurent trois membres de leur famille, soit deux cousins de Shakshi, Narendranath, 47 ans, et Nikleshnath, 51 ans, ainsi que le fils de l’un d’eux, Direekesh, âgé de 24 ans. Tous occupent une autre maison située dans la même cour. «Les querelles avec eux ne datent pas d’hier. Il y a même eu des complaintes de nos voisins, notamment pour des nuisances sonores, mais malgré les avertissements de la police, ils n’en ont toujours fait qu’à leur tête. Zot inn touzour dir ki pa pou kapav fer zot nanie, ki zot pa per lapolis», raconte le couple.

 

Shakshi et Babita confient avoir toujours évité de s’en remettre aux forces de l’ordre par peur de représailles, jusqu’au jour où un vol a été commis chez eux en leur absence. C’était en mars dernier. «À l’époque, mon époux avait été hospitalisé après avoir contracté la dengue. C’est au moment où je m’étais absentée pour lui rendre visite que Direekesh et son ami se sont introduits chez nous pour voler de l’argent. Je ne m’en suis rendu compte que bien plus tard, dans la soirée, en visionnant les images des caméras de surveillance. J’ai donc consigné une déposition au poste de police», avance Babita. Le complice de Direekesh avait été appréhendé, mais la police n’avait pas été en mesure de mettre la main sur le jeune homme puisqu’il avait quitté la localité après avoir commis son forfait.

 

Quelques mois plus tard, le jeune homme serait rentré chez lui. «Dès que je l’ai aperçu, j’ai contacté la police. Avant que celle-ci n’ait pu lui passer les menottes, Direekesh a brisé les carreaux de vitre de notre maison et a, à nouveau, pris la fuite. Se so papa mem kinn dir li pa rest par la. Linn touzour soutir li.» D’ailleurs, poursuit notre interlocutrice, «sur les images, on pouvait même voir son père faire le guet pendant que son ami et lui s’introduisaient dans notre maison». Ce seraient ces plaintes consignées au poste de police qui auraient suscité la colère de ces membres de leur famille. Les mois suivants n’ont pas été de tout repos pour le couple. «Tous les jours, nous avons été victimes de menaces et d’intimidation. Nous vivions un cauchemar. Zot ti pe dir nou si nou al de lavan avek sa, zot pou minn nou lavi, zot pa pou less nou trankil. Nous ne nous étions, toutefois, pas imaginés que tout cela prendrait des proportions aussi désastreuses.»

 

Mais dans la soirée du lundi 12 août, les choses ont pris une tournure catastrophiques : «Une bagarre a éclaté en face de notre maison. Banla inn pran sab, marto ek feray pou bat mo misie. Kan monn rod sap li, banla inn bat mwa ousi. Zot inn dir nou ki zot inn vini pou fini nou.» Incapables d’intervenir, les voisins n’ont eu autre choix que d’alerter les forces de l’ordre. Fort heureusement, ces dernières ont débarqué à temps pour empêcher une tragédie et ont conduit les blessés à l’hôpital. «La violence des coups était telle que mon époux a même perdu connaissance», lâche Babita d’une voix émue. Après avoir reçu les soins nécessaires, Shakshi et Babita ont été autorisés à rentrer chez eux après une semaine et 10 jours d’hospitalisation respectivement.

 

Après cette attaque, le couple Jhingoor n’a pu consigner une déposition formelle que trois jours plus tard, conduisant à l’arrestation de ces trois membres de leur famille le jeudi 15 août. Lors de leur interrogatoire, ces derniers ont nié les faits qui leur sont reprochés bien que les images des caméras de surveillance situées en face de la maison de Shakshi et Babita montrent le contraire. Et alors qu’elle souffre encore des coups subis, Babita se dit davantage blessée «ki se bann mamb lafami mem kinn fer enn zafer koumsa. Savedir ki zot ti kapav fer ankor bien pir se sete bann lezot dimoun».

 

Elle avoue avec émotion : «Après que la mère de Direekesh l’a abandonné, je me suis occupée de lui comme s’il s’agissait de mon propre enfant. Sak fwa mo ti pe sorti travay, mo ti pe al rod li lekol. Kan li ti pe dir mwa “chachi, mo pe gagn fin”, mo ti pe donn li enn ti larzan, enn ti manze. Azordi, se samem zanfan-la kinn insilte mwa, inn agres mwa, ki nepli ena oken rekonesans pou dimoun kinn get li.» Idem pour le père du jeune homme, qui les a agressés bien qu’ils lui soient venus en aide lorsqu’il a eu des problèmes de santé. «Monn touzour sagrin misie-la parski li ena enn andikap depi linn fer enn aksidan. Li viv avek enn pansion akoz enn problem dan so lerin. Nou ti pe ed li sak fwa ki linn demann nou kas me nou pa kone kot li finn ena leker pou bat nou. Depi finn ariv tousala, mo viv dan laper, dan stres. Mo espere mo pou resi bliye seki finn ariv nou enn zour», poursuit-elle d’une voix tremblante. D’après un proche de la famille, leur vie aurait basculé lorsque deux des individus appréhendés seraient tombés dans l’enfer de la drogue.

 

Ce que le couple Jhingoor souhaite désormais : «Se ki nou regagn nou trankilite, nou lasante, ek ki ena enn lazistis.» Shakshi est aussi d’avis que «cela aurait pu être évité si la police avait agi bien plus tôt.» «Lorsque nous avions consigné des plaintes auparavant, elle n’aurait pas dû prendre cette affaire à la légère. Ce n’est que lorsque nous avons frôlé la mort qu’ils ont enfin été arrêtés», dit-il. Craignant que ses proches cherchent à se venger s’ils retrouvent la liberté conditionnelle prochainement, il réclame une protection policière et des patrouilles régulières en face de son domicile pour éviter un autre drame. «Nou pa anvi kontign viv dan laper tout long nou lavi. Bizin pa reatann ki enn zafer ariv enn ekstremite parey pou ki lapolis pran aksion a lavenir.»

 

Deux autres personnes hospitalisées après des agressions à l’arme blanche

 

Deux autres agressions ont été répertoriées dans la soirée du vendredi 13 septembre. L’une d’elles implique une jeune femme de 22 ans, victime de violences conjugales. Aux alentours de 20 heures, ce soir-là, la police a débarqué dans la maison qu’elle occupe avec son époux à la rue Pagoda, à Stanley, après avoir été sollicitée par leurs proches. Celle-ci était verrouillée, ne leur laissant d’autre choix que de forcer la porte pour y accéder. À l’intérieur, dans l’une des pièces, les officiers ont trouvé la victime allongée sur le sol, dans une mare de sang, mais encore consciente. La maison était sens dessus dessous. Lorsqu’ils ont questionné la jeune femme, elle leur a répondu que son compagnon l’avait poignardée à plusieurs reprises avec un couteau de cuisine avant de s’enfuir. Conduite d’urgence à l’hôpital Victoria, elle a dû subir une intervention chirurgicale le même soir. Elle a ensuite été placée au département des soins intensifs, où elle est toujours sous observation. Quant à son époux, âgé de 34 ans, il est activement recherché. Vu qu’il est originaire de Rodrigues, les forces de l’ordre ont alerté la Passport and Immigration Office au cas où il essaierait de quitter l’île. L’enquête suit son cours. Le même soir, une autre agression a eu lieu près de l’Arcade Ellapen, sur la route principale de Goodlands. Aux alentours de 18h45, la police a trouvé un homme assis sur la chaussée, grièvement blessé, saignant abondamment des bras, de la poitrine et des côtes. Il s’agit d’un habitant de Cité Ste-Clair âgé de 31 ans. Néanmoins, lorsque la police l’a questionné sur les circonstances de son agression, il a simplement pu leur répondre qu’il avait été poignardé sans leur donner de précisions sur son agresseur. Conduit à la Mediclinic de Goodlands par des volontaires, il y a reçu les premiers soins avant d’être transféré à l’hôpital SSRN pour son hospitalisation. D’après les enquêteurs, son état de santé serait plutôt sérieux. Après avoir visionné les images des caméras Safe City, les enquêteurs se sont aperçus que son agression avait eu lieu près d’une banque. L’identité de son agresseur demeure, cependant, inconnue. Une enquête a été ouverte.