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Michaël Ambolam, 36 ans, tabassé à mort sous le pont Latanier - Sa mère Marie-Noëlle : «Mo ti fatige koz ar li lor so bann move frekantasion...»

Marie-Noëlle se désole que son fils n'ait pas su suivre ses conseils.

Découverte macabre sous le pont Latanier, à Sainte-Croix, le mercredi 10 juillet. Ce matin-là, les forces de l’ordre ont retrouvé le corps sans vie de Michaël Ambolam, 36 ans, gisant dans une mare de sang. L’enquête a conduit à deux arrestations, dont celle du récidiviste Jean Jessy Allas, déjà fiché pour plusieurs agressions. Bouleversée et choquée de l’avoir perdu dans de telles circonstances, Marie-Noëlle, la mère de la victime, témoigne...

Son plus grand souhait était de percer dans le domaine de la musique comme son père, son idole, qui est l’un des pionniers du seggae à Maurice. Ayant grandi dans cet univers, Ras Michaël Dan Ahiezer Ambolam, 36 ans, s’est découvert une passion pour la guitare en grandissant. À chacun de ses moments de libres, il grattait son instrument et poussait la chansonnette pour ses amis, sa famille. Sa mère Marie-Noëlle raconte qu’il lui répétait : «Ma, mo pou arive mwa. Mo pou tir mo bann CD, mo pou sante, mo pou vinn parey kouma mo papa.» Il avait déjà des morceaux prêts à être enregistrés mais n’a, hélas, pu aller au bout de ses rêves car il a quitté ce monde dans des circonstances tristes et tragiques.

 

Ce mercredi 10 juillet, aux petites heures du matin, son corps sans vie a été découvert sous le pont Latanier, qui se situe dans les parages de la route Nicolay, à Sainte-Croix. La police a déjà procédé à l’arrestation de deux suspects, qu’elle soupçonne d’avoir agressé mortellement la victime. Il s’agit de Jean Jessy Allas, 36 ans, et de Louis Cedric Billy Joe Jacques, 33 ans.  Il était environ 4h15, ce matin-là, lorsque Jean Jessy Allas, lui-même, s’est rendu au poste d’Abercombie pour informer les policiers de la présence d’un cadavre en ces lieux. Il a leur a dit qu’il s’était réveillé à côté du corps sans vie et ensanglanté de son ami Michaël Ambolam sous le pont Latanier. Lorsque les forces de l’ordre l’ont accompagné sur place, elles ont trouvé victime qui gisait inerte sur le sol dans une mare de sang avec des blessures à la tête et au visage, tenant un gourdin dans la main droite. L’objet a été saisi pour les besoins de l’enquête. Aussitôt, la thèse de l’acte criminel a été établie.

 

L’autopsie pratiquée par le Dr Prem Chamane, Chief Police Medical Officer (CPMO), confirme l’agression mortelle car le trentenaire a succombé à une fracture du crâne causée par de violents coups reçus à la tête. Livré aux enquêteurs de la brigade criminelle de Port-Louis Nord, qui se sont saisis de l’affaire, Jean Jessy Allas a été soumis à un feu roulant de questions mais n’a fait que donner des explications dénuées de sens. Les forces de l’ordre n’écartent pas la possibilité qu’il ne soit pas sain d’esprit et comptent le faire examiner par des psychologues. Jean Jessy Allas a d’abord raconté que la veille au soir, Michaël Ambolam et lui étaient allés s’acheter des boissons alcoolisées et de la drogue synthétique. Après leur soirée arrosée, ils se seraient endormis sous le pont Latanier. Il avance que c’est à son réveil qu’il a trouvé le corps sans vie et maculé de sang de son ami. Cuisiné davantage par les limiers de la brigade criminelle, il a ensuite déclaré avoir fait un rêve où il a vu quatre hommes agresser la victime ; des explications qui n’ont fait qu’embrouiller davantage les enquêteurs. Enfin, dans sa troisième version, il a évoqué la présence de deux bûcherons sur les lieux et affirme qu’ils seraient les auteurs du crime.

 

N’ayant pas su convaincre les hommes du surintendant de police (SP) Bansoodeb de son innocence, Jean Jessy Allas a été appréhendé et a comparu devant le tribunal de Port-Louis sous une accusation provisoire de meurtre ce jeudi 11 juillet avant de retourner en cellule. Les enquêteurs le soupçonnent d’avoir a eu un rôle à jouer dans cette agression mortelle car il a déjà un lourd casier judiciaire à son actif (voir hors-texte). L’interrogatoire du suspect, originaire de Résidence Anoska, reprendra ultérieurement. Entre-temps, la Divisional Crime Intelligence Unit (DCIU) de la Metro Nord, qui collabore avec l’équipe du SP Bansoodeb, a procédé à l’arrestation d’un second suspect ce vendredi 12 juillet. Louis Cedric Billy Joe Jacques est un bûcheron originaire de Trèfles, Rose-Hill. Pressé de questions, il a expliqué qu’il se trouvait aussi sous le pont Latanier au moment du drame et dit avoir été témoin d’une bagarre à coups de gourdins entre Michaël Ambolam et Jean Jessy Allas.

 

Le droit chemin

 

Questionné sur les blessures qu’il avait à la tête, ce suspect a avancé qu’il s’était blessé en coupant du bois. Cependant, les limiers estiment qu’il aurait également participé à l’agression mortelle de Michaël Ambolam. Il a ainsi comparu devant la Bail & Remand Court (BRC) ce samedi 13 juillet sous une accusation provisoire de meurtre avant d’être reconduit en cellule. Vu que Jean Jessy Allas a évoqué la présence de deux bûcherons sur la scène de crime dans l’une de ses versions, les enquêteurs soupçonnent un troisième individu d’être impliqué dans la tragédie. L’enquête suit son cours. C’est le coeur meurtri que Marie-Noëlle revient sur ses derniers moments avec son fils, cadet d’une fratrie de huit enfants. La veille, dans la matinée, dit-elle, «li ti vinn lakaz, li ti bwar inpe dite avek mwa. Letan linn ale, linn dir mwa li pe al travay». En attendant d’avoir sa chance dans l’univers musical, il cumulait des petits boulots dans la localité pour joindre les deux bouts. Notre interlocutrice dit ne pas s’être inquiétée lorsqu’il n’est pas rentré de la soirée : «Li ti kontan frekant kamarad. Enn semenn li kapav dan Sainte-Croix, lot semenn li kapav dan Tranquebar.»

 

Le mercredi 10 juillet, ce sont ses filles qui sont venues lui annoncer la mauvaise nouvelle. «Je venais à peine de me réveiller. J’avais fait mon lit et j’étais sur le point de prendre une tasse de thé lorsque l’une de mes filles est arrivée. Linn dir mwa li ena pou donn mwa enn nouvel me li pa ti pe oz koze. Apre mo zann inn vini, inn dir mwa vinn kot li parski li ena enn zafer pou dir mwa. Letan nou pe sorti, mo trwa lezot tifi inn arive. Zot tou inn rantre lerla zot finn rakont mwa kinn pase.» 

 

Des émotions plein les yeux, Marie-Noëlle dit avoir parlé à son fils à maintes reprises pour tenter de le mettre sur le droit chemin. «Mo ti fatige koz ar li lor so bann move frekantasion. Mo ti dir li aret frekant tou dimoun, res lakaz.» Elle se faisait toujours du souci pour lui lorsqu’il ne rentrait pas à la maison car l’an dernier, il est resté dans le coma pendant deux semaines après avoir été victime d’un grave accident de la route. «Ankor enn fwa, se parski li ti kontan frekant kamarad. Se akoz so bann move frekantasion ki enn bann zafer koumsa inn ariv li azordi», lâche-t-elle avec regret.

 

Elle poursuit : «À la maison, il ne faisait que prendre sa bible, faire ses prières ou jouer de la guitare. Kan nou ti pe koz avek li, li ti pe res lakaz enn semenn me apre nou reperdi li.» Bien qu’elle est consciente que son fils avait beaucoup d’amis, elle dit n’avoir jamais entendu parler de l’individu appréhendé dans cette affaire. «Mo ti kone li abitie al kot pon avek so bann kamarad me mo pa kone avek ki ou ki zot ti pe al fer laba.»

 

Dans son entourage, tous s’accordent à dire que Michaël Ambolam n’avait pas la langue dans la poche ; pas parce qu’il avait mauvais caractère mais parce qu’«il refusait de se laisser marcher sur les pieds. Li ti kapav kontan koze riye me si linn gagn diskision avek kiken ek li panse li pa antor, zame li pou pran perdi», avance l’une de ses amies. Le décrivant comme quelqu’un de têtu, celle-ci souligne que le trentenaire était tout de même «généreux et toujours prêt à rendre service. Li ti kontan bat enn ti bwar, me li pa ti pe kokin dimoun pou fer sa. Li ti bien travayer, li ti kontan amize, diverti, me li ti pe fer li avek so kas. Zame ou pou tann dir linn al kokin dimoun».

 

Une description qui ne concorde pas avec les éléments dont disposent les enquêteurs car la victime a déjà été appréhendée pour vol et possession de drogue. Quoiqu’il en soit, son amie reste convaincue que «li pa ti merit enn lamor koumsa». Comme Marie-Noëlle, son seul souhait est que «lapolis fer so travay pou ki li gagn so lazistis». Les funérailles de Michaël Ambolam ont eu lieu ce jeudi 11 juillet.

 

Jean Jessy Allas, un suspect au lourd casier judiciaire

 

Il n’en est pas à ses premiers démêlés avec la justice. La raison pour laquelle les enquêteurs doutent de l’innocence de Jean Jessy Allas dans cette affaire est notamment parce qu’il a un lourd casier judiciaire à son actif. Fiché comme récidiviste, cet homme de 36 ans, originaire de Résidence Anoska, a déjà été appréhendé pour possession de drogue, vols et agressions. En août 2020, la police lui avait passé les menottes après qu’il avait agressé son oncle et son cousin avec un couteau de cuisine. D’après nos renseignements, la bagarre serait survenue parce qu’il n’aurait pas apprécié que ses proches le réprimandent d’avoir bousculé sa mère et marché nu dans la rue en insultant tout le monde. Le premier avait eu un poumon perforé tandis que le second avait eu une profonde entaille au cou et le tendon sectionné. «Nou finn sap lwin», avaient confié l’oncle et le neveu à 5-Plus dimanche à l’époque. Avant cela, Jean Jessy Allas avait déjà été arrêté pour avoir tailladé le visage de sa mère, agressé au sabre un autre oncle, mais aussi pour avoir brisé le genou d’une cousine avec une barre de métal.