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Par Ally Mohedeen
20 septembre 2020 15:18
Avoué de profession et turfiste dans l’âme, étant issu d’une famille étroitement liée à l’histoire des courses à Maurice. De Rajcoomar, son grand-père, à la nouvelle génération, composée de ses frères et cousins. En passant par son père Ackbar.
A 89 ans, Moorli Gujadhur se faisait, certes, rare aux côtés de son frère Rameshwar Gujadhur sur l’hippodrome depuis quelques temps, mais de là où il était, il suivait toujours avec la même passion les évènements hippiques. Que ce soit sur la piste ou en dehors. Car, pour lui, l’intérêt général des courses passait avant toute autre considération.
«C’est quelqu’un qui n’avait pas sa langue dans sa poche. Il disait toujours ses quatre vérités quand il sentait qu’il était de son devoir de faire entendre sa voix. Mais il le faisait toujours dans le respect des autres. Son décès constitue une grosse perte pour le MTC et pour l’industrie hippique dans son ensemble», dira Shan Ip, ancien chroniqueur hippique et responsable de la communication du MTC.
Membre à vie du MTC, Moorli Gujadhur a, du reste, toujours répondu présent aux sollicitations des différents gouvernements pour faire partie des ‘boards’ institués pour faire avancer la cause hippique. Il y a eu, tour à tour, les comités Rault, Glover et Balgobin. Homme de dialogue, il prônait l’avant-gardisme et avertissait toujours des difficultés à venir.
A un moment où les jockeys mauriciens sont grandement sollicités en compétition en raison de la fermeture des frontières, ils doivent, pour cela, une fière chandelle à Moorli Gujadhur. Lequel, dans les années 90, militait pour que les Mauriciens aient plus d’opportunités de monter en courses. On peut se demander ce qui se serait passé si le MTC, avec l’encouragement de Moorli Gujadhur, n’avait pas investi dans la formation des jockeys même avec des moyens limités, alors que Maurice, en raison de la Covid-19, est coupée du reste du monde.
Moorli Gujadhur fut associé, dès son jeune âge, à un des plus grands cracks du turf mauricien au temps où il épaulait Gunness Gujadhur. Il était, en effet, aux premières loges lors de l’épopée de Demdyke, un cheval qui l’a grandement marqué. Avant d’endosser le tablier d’entraîneur chez la défunte écurie Ruhee où il fut, encore une fois, associé à de grands chevaux comme Mystic Snow, Compendium et Chickadee. En tant qu’entraîneur, il a une victoire classique à son actif, puisque c’est lui qui entraînait Mystic Snow lorsque ce dernier enleva la Coupe d’Or en 1967.
Moorli Gujadhur devait rester très actif dans le milieu hippique même s’il ne conservait pas pendant longtemps sa casquette d’entraîneur. Après avoir participé aux comités Rault, Glover et Balgobin, il revenait à la charge en militant pendant de longues années en faveur des freelance trainers, dont l’acceptation par le MTC fut une de ses plus grandes réalisations.
De 1993 à 2003, il dirigea sa propre écurie. Mais en raison de ce qu’il considérait comme un manque de considération du MTC envers les petites et moyennes écuries, il se retira de la scène en 2003. Année au cours de laquelle il dut attendre l’ultime journée de courses pour savourer sa seule et unique victoire de la saison grâce à Boomerang.
Avec la disparition de ce vaillant soldat du MTC, c’est tout un pan de l’histoire des courses à Maurice qui s’écroule. Une lumière s’éteint, en effet, au Champ de Mars…
Jeenarain Soobagrah (Ancien président du MTC) : «Une grande perte pour le MTC»
«Je connais Moorli intimement depuis les années 80, quand j’ai fait mes débuts en tant qu’officiel du MTC. Il ne laissait personne indifférent. Je me souviens encore de ses interventions lors des assemblées du club, car il venait toujours avec des motions pour l’avancement des courses hippiques. Il savait garder une vue objective, même quand il avait ses propres intérêts en jeu. Il a, d’ailleurs, beaucoup aidé les apprentis et les freelance trainers. Moorli était un avant-gardiste qui avait une mémoire d’éléphant. C’est une grande perte pour le MTC. Il laisse de très bons souvenirs dans le monde hippique.»
Benoît Halbwachs (Secrétaire du MTC) : «Un franc-parler légendaire»
«Moorli était quelqu’un de très amical et courtois avec son franc-parler légendaire, qui était tout le temps accompagné d’une bonne dose d’humour. Je me rappellerai toujours de ses visites à mon bureau pour venir consulter les chroniques des années 50 et 60 pour tester et confirmer la justesse de sa mémoire d’éléphant du turf mauricien. Au MTC, nous présentons nos plus sincères condoléances à la famille endeuillée.»
Paul-France Tennant (Administrateur et ex-président du MTC) : «Un gentleman»
«J’ai connu Moorli Gujadhur pendant de longues années. C’est quelqu’un qui a toujours milité pour les courses hippiques à Maurice. Il était très apprécié dans le giron et c’était quelqu’un qui avait à cœur l’intérêt de nos courses. He was a gentleman.»
Yahia Nazroo (Membre du MTC) : «J’appréciais ses conseils»
«C’était quelqu’un que j’appréciais pour sa franchise et sa façon très posée dans ses interventions. Je me souviens qu’un jour, je suis parti le voir pour des conseils sur une motion que je devais présenter à une assemblée générale du MTC. Il m’avait aidé sur le libellé de ma motion.»
Triste semaine pour le turf mauricien. Après le départ de Moorli Gujadhur, c’est un autre passionné des courses qui s’en est allé, hier, en la personne d’Edwin Aumaître, ancien ‘trackwork rider’ et ‘gentleman rider’ au début des années 80. Edwin Aumaître n’est nul autre que le père de Philippe et Laval Aumaître qu’on ne présente plus dans le giron. A toute la famille affligée par ce deuil, la rédaction présente ses plus vives sympathies.
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